(Conseils Séries) Notre Top 10 de 2024 toutes plateformes confondues
Ripley, de Steven Zaillian (Netflix)
Adaptée du roman policier Monsieur Ripley de Patricia Highsmith paru en 1955 pour la première fois en série (après René Clément, Plein Soleil (1960) et Anthony Minghella, Le talentueux Mr Ripley (1999), Ripley, de Steven Zaillian relève le défi avec une mini-série produite par Netflix, magistralement interprétée par l’acteur irlandais Andrew Scott.
Tournée en noir et blanc, la photographie et l’image de la série est sublime, ce qui en fait une de ses plus grandes forces. Chaque plan est beau à regarder. Se déroulant dans les années 1960, l’image accentue le charme de cette époque.
Le personnage principal, Tom Ripley (Andrew Scott), est engagé par un riche américain pour aller chercher son fils en Italie et le convaincre de revenir à la maison. Ce dernier, Richard Greenleaf (Johnny Flynn), essaye de devenir un peintre mais mène surtout la « dolce vita » dans une maison sublime à Atrani (sud de Naples). Jaloux de son train de vie confortable et de sa relation avec Marge (Dakota Flanning), Tom va commencer à imiter Richard pour devenir son ombre. Il en devient de plus en plus inquiétant, jusqu’à en devenir effrayant.
Une série jubilatoire à regarder, notamment pour son « faux rythme » lent où la progression du récit et de l’action parait calme alors que le spectateur est maintenu en tension avec un suspense haletant. L’une des meilleures découvertes de l’année avec un style et une identité visuelle bien à part.
Fargo saison 5, créée par Noah Hawley (FX)
Adaptée du film éponyme des frères Cohen, la saison 5 de Fargo est avec la première la plus réussie de cette série, chaque saison développe une nouvelle narration indépendante des précédentes. Un univers dépeignant les grands espaces enneigés du Minnesota, avec une ADN toujours bien identifiable. Celle d’un cocktail explosif mélangeant des personnages niais et inoffensifs, et celui de tueurs méthodiques au sang-froid.
Cette dernière saison se déroule dans les années 2010 et reprend la thématique originelle du film, celle de deux kidnappeurs cherchant à enlever Dot (Juno Temple), une femme semblant banale et inoffensive en apparence. Heureusement, cette dernière est plus que tenace et dotée d’une agressivité lui permettant d’affronter le danger, quel que soit l’adversité face à elle.
Des personnages éclatants avec une belle-mère implacable (Jennifer Jason Leigh) un shérif vicieux (Jon Ham) et une policière exemplaire (Richa Moorjani). Une série particulièrement jouissive pour la beauté de ses décors, une intrigue palpitante et des renversements de situations successifs. L’une des plus réussies de cette année 2024.
Tokyo Vice saison 2, produite par Michael Mann (HBO – Canal+)
Première diffusion sur HBO Max, disponible sur Canal+, la série adaptée du roman autobiographique « Tokyo Vice » (2009) décrit la vie du journaliste américain Jake Adelstein (Ansel Elgort) enquêtant sur le crime organisé au Japon. Intégrant en 1993 le service Police-Justice du plus grand quotidien japonais, le « Yomiuri Shinbun », le journaliste de 24 ans investigue sur les affaires criminelles : prostitution, trafic d’humains et meurtres.
Ce dernier va devenir un interlocuteur avec les deux camps ennemis : la police et les yakuzas. Il mène le jeu sur les deux tableaux, devenant à la fois un messager et un informateur de première main. Grâce à sa fonction d’enquêteur journaliste, il pénètre dans les coulisses d’un monde souterrain, devenant à la fois un allié et une cible de la pègre.
Suite à une première saison initiatique où le héros Jake découvre son métier de journaliste, les différences culturelles japonaises et le fonctionnement du monde parallèle des yakusas, la deuxième saison vient répondre aux attentes mises au préalable.
La lutte de pouvoir entre les deux clans yakuzas fait rage avec la police à leur trousse et les relations entre les personnages deviennent plus tendues et complexes. La deuxième saison vient ainsi faire exploser les situations dramatiques mises dans la première, et pour le plus grand bonheur du spectateur. Si vous aimez les fictions sur le crime et les enquêtes d’investigation, vous êtes au bon endroit. Un régal !
Mon petit Renne, de Richard Gadd (Netflix)
Mini-série de 7 épisodes sortie sur Netflix, Mon petit Renne ou Baby Reindeer en anglais est une série britannique sur le harcèlement dont a fait l’objet son auteur. Donny (Richard Gadd), jeune homme dans la trentaine est barman le jour et humoriste le soir à Londres. Un jour, Martha (Jessica Gunning) fait irruption dans son pub et dans sa vie. L’air déprimée et en manque d’amour, le héros est pris de compassion et lui offre un verre.
A priori, son geste de bienveillance parait anodin sauf qu’il va lui mettre le doigt dans un engrenage infernal. Paraissant comme une victime au départ, Martha est un loup déguisé en brebis qui va lui mener une vie impossible. Elle le harcèle physiquement d’une part en venant tous les jours sur ses deux lieux de travail (bar et café comédie). D’autre part, elle le persécute moralement en lui envoyant des centaines de messages sur son téléphone, ses mails et ses réseaux sociaux.
Submergé par ce matraquage de plus en plus oppressant, Donny va faire face à un traumatisme de son passé. Il devra ainsi tout tenter pour se débarrasser d’une sangsue qui le vampirise mentalement, drainant son énergie et l’empêchant de pouvoir avancer et vivre une vie normale.
Une série excellemment écrite, avec une tension croissante où l’emprise de l’harceleuse se fait de plus en plus étouffante et perverse. Basée sur une histoire vraie, nous sentons la justesse des situations qui ont été probablement vécues par l’auteur et l’acteur principal de la série Richard Gadd. Récompensée au Golden Globes 2025 en tant que meilleure mini-série et meilleure actrice dans un second rôle de mini-série. A regarder sans modération.
The day of the Jackal, écrite par Ronan Bennett et réalisée par Brian Kirk (Prime Vidéo)
Autre série britannique, « The day of the Jackal » sortie sur Sky Atlantic fin 2024 vaut le détour, particulièrement pour ceux qui sont férus d’action avec des scènes ébouriffantes : poursuites en véhicule, explosions et tirs de haute précision.
Un mystérieux tueur à gage exécute des contrats pour des montants faramineux. Charles, surnommé le « chacal » (Eddie Redmayne), élimine les ennemis des plus puissants, soit les dirigeants de multi nationales avec un pouvoir d’achat et une influence pratiquement illimitée. Le dernier contrat du Chacal est d’assassiner le créateur de River, une plateforme montrant en transparence les flux financiers des entreprises les plus fortunées. Une invention mettant mécaniquement en danger les intérêts des milliardaires.
Après l’exécution spectaculaire d’un contrat, il sera dans le collimateur du MI 6, le brillant service de renseignement anglais. L’agent chargée de le traquer, Bianca (Lashana Lynch), devra faire face à des obstacles de taille : sa famille est menacée et sa hiérarchie l’écrase au lieu de la soutenir dans ses recherches.
Une série au rythme effréné avec sans arrêt des rebondissements et des retournements de situation, le spectateur ne trouvera pas à un seul moment l’ombre de l’ennuie. Une série de 10 épisodes montrant une chasse à l’homme à 200 à l’heure, une agente spéciale traquant un ancien tireur d’élite de l’armée anglaise.
L’une des séries les plus « fun » à regarder en termes de spectacle, avec une ambiance proche d’un James Bond. Le héros est déguisé à merveille pour devenir un caméléon et prendre l’identité d’autrui, le renseignement anglais est présent et la série nous fait voyager dans différents endroits du globe.
Landman, créée par Taylor Sheridan et Christian Wallace (Paramount+)
Sortie en fin d’année 2024 également jusqu’au 12 janvier 2025, Landman se déroule à Midland au Texas, berceau de l’économie pétrolière américaine. Les grues puisent les forages tout au long de ces paysages désertiques. Un décor faisant penser à une série de légende se déroulant dans l’état voisin (Nouveau Mexique) : Breaking Bad.
« Landman » signifie un homme travaillant pour une compagnie pétrolière ou gazière qui négocie des baux pour louer des terrains afin de les exploiter, ici afin d’en extraire le pétrole. Le second rôle du landman est de gérer les personnes qui s’en occupent comme les ouvriers et les propriétaires terriens, la partie la plus risquée.
Le personnage principal, Tommy (Billy Bob Thornton) endosse ce rôle ingrat, car il est sans arrêt en train de régler les problèmes sur le terrain. L’acteur sera d’ailleurs récompensé aux Golden Globes 2025 en tant que meilleur acteur dans une série télévisée dramatique. Son patron, Monty Miller, est interprété par l’emblématique Jon Ham, deux acteurs ayant chacun joué dans une saison de Fargo.
Les accidents sont extrêmement fréquents, en faisant l’un des métiers les plus dangereux du monde. Lors de son deuxième jour de travail, le fils du landman, Cooper (Jacob Lofland) se retrouve dans une explosion où il sortira seul survivant.
Autre problème de taille, le cartel mexicain à la frontière veut se faire rembourser la perte d’un avion rempli de cocaïne rentrant en collision avec un camion rempli de pétrole en pleine vitesse. Le héros reste cependant d’un stoïcisme de fer et ne se laisse jamais intimider, même sous torture, la mort planant au-dessus de sa tête.
Cette série parle d’un sujet controversé nous concernant tous, la pollution et le réchauffement climatique. Nous voyons des personnages à l’opposé de cette morale écologique, justifiant leurs actions en disant que le pétrole fait tourner le monde, et que jusqu’à qu’une alternative viable soit trouvé, ils continueront de fournir du carburant dont tout le monde dépend encore aujourd’hui.
Shogun, créé par Rachel Kondo et Justin Marks (Disney+)
Série américano-japonaise, Shogun est splendide sur le plan esthétique : des décors époustouflants soulignant la beauté de la nature japonaise et des costumes splendides, notamment les kimonos raffinés portés par les personnages. Une adaptation du roman Shōgun (1975) de James Clavell, déjà été adapté dans une mini-série diffusée en 1980, avec Toshirō Mifune et Richard Chamberlain.
En l’an 1600, le dirigeant du Japon Nakamura Hidetoshi, mourant, ordonne la création d’un Conseil de régents pour gérer le pays avant que son jeune fils prenne le pouvoir. Rapidement, une rivalité éclate entre Yoshi Toranaga (Hiroyuki Sanada) et Ishido Kazunari (Takehiro Hira), ce dernier montre les autres régents contre le seigneur Toranaga, le plus sage et charismatique de tous.
En parallèle de cette trame principale, un bateau hollandais va échouer avec un capitaine anglais, John Blackthorne (Cosmo Jarvis) et devenir prisonnier du vassal de Toronaga, Kashigi Yabushige (Tadanobu Asano).
Le « gaijin » (étranger) ou prisonnier anglais protestant est utilisé pour contrer l’influence portugaise catholique sur l’archipel japonaise. Une bonne idée, mais le britannique n’est pas du tout attachant, adoptant souvent la même expression ce qui rend son jeu prévisible et ennuyeux. De plus, il semble être là pour que les spectateurs se sentent concernés, comme s’il fallait absolument avoir un blanc pour voir le Japon à travers ses yeux d’occidentaux. Ce n’est franchement pas nécessaire voir déplaisant, car mal amené et manquant de finesse.
La série a pourtant été acclamé en raflant la plupart des Emy Awards 2024, comme meilleure série, meilleur acteur (Hiroyuki Sanada) et actrice (Anna Sawai). Ils ont reçu également ces distinctions aux Golden Globes 2025, avec le meilleur second rôle pour Tadanobu Asano. Si ces acteurs sont excellents, la série est tirée vers le bas par un scénario décevant, particulièrement dans les 3 derniers épisodes. Le spectateur s’attend à un dénouement et des règlements de compte sanglants, il n’en n’est rien.
Est-ce pour pouvoir enchaîner avec une autre saison et répondre à ces questions ? Sûrement, mais la fin laisse un goût décevant où nous pouvions légitimement en attendre plus. Beaucoup trop d’harakiris, où le personnage s’ouvre les entrailles pour se donner la mort. L’honneur est certes crucial dans le code féodal japonais, mais nous pouvions nous attendre à des samouraïs plus combatifs et moins suicidaires pour autant.
The Pingouin, de Matt Reeves (HBO Max)
Spin-off très sombre de « The Batman », film de Matt Reeves est porté par un Pingouin prêt à tout pour son ascension, séduisant jusqu’à l’horrifique grâce à l’incarnation spectaculaire de Colin Farrell.
Les 8 épisodes sur HBO Max vous plongent dans les entrailles de Gotham tirés par une narration d’une complexité inhabituelle face à la binarité des superhéros des Comics. Par sa noirceur, cet anti-héros contrepoint du rêve américain s’impose comme l’une – voire la meilleure – série de 2024. Lire mon article
DJ Mehdi : Made in France, de Thibaut de Longeville (Arte)
Compositeur autodidacte et producteur visionnaire, DJ Mehdi (1977-2011) fut le premier artiste français à réunir deux univers alors opposés : le rap et l’électro.
Treize ans après sa disparition, son ami d’enfance et réalisateur Thibaut de Longeville révèle dans une mini-série, produite par Arte le rôle central de ce passeur qui a laissé une empreinte monumentale dans le paysage musical français. Ce portrait de ce pur produit de synthèse musicale a été élu ‘meilleure série documentaire’ à Canneseries 2024 et propose sa propre playlist d’un génie qui décoiffe en rassemblant. Lire mon article
D’argent et de sang, de Xavier Giannoli (Canal +)
Singular’s vous met au parfum sur une série-choc diffusée en deux parties sur Canal +, , signée de Xavier Giannoli.
Elle retrace les hauts et les bas de l’arnaque dite « du Siècle » à la TVA sur les quotas carbone à la fin des années 2000. Et bouscule la traque classique entre voleurs et gendarmes pour prendre une dimension aussi baroque que prenante grâce à son casting époustouflant dont Ramzy Bedia, David Ayala, Niels Schneider, coté voleurs et Vincent Lindon coté flic intraitable. Lire mon article