Des Orielles à Elvis Costello ; notre agenda 2020 d’explorations musicales en toute liberté.
[28 février] Disco Volador, The Orielles (Heavenly Recordings)
Première date sur mon agenda, The Orielles aura frappé fort. Dans une mixture de pop savante, mélange de jazz, électro, funk, soul et easy listening, l’album Disco Volador imprime les oreilles. En incarnant une musique élaborée qui reflète la complexité de son époque, le groupe fait désormais partie d’une mouvance allant d’un post acid-house à la cosmic music telle que l’on peut l’entendre chez Vanishing Twin.
[28 février] Mission Bells, The Proper Ornaments (Tapete Records)
Émanation partielle des très regrettés Ultimate Painting, The Proper Ornaments nous avaient offert l’année dernière “6 Lenins” déjà présent sur l’ensemble des sélections de fin d’année. Le même jour que nos précédents chouchous, ils ont remis le couvert et c’est du bonheur, leur suavité toute endolorie envoûte toujours.
[4 mars] The Main Thing, Real Estate (Domino Records)
Alors que le confinement est une idée qui se profile, Real Estate sort son cinquième album. The Main Thing va parfaitement accompagner l’enfermement imposé par la Covid. Après onze années d’activité, le quatuor originaire du New Jersey maîtrise son sujet. Une pop doucereuse enguirlandée d’impérissables guitares nous entraîne vers une mélancolie de bon aloi. Du bel ouvrage d’artisans humbles et sincères pétris de nobles intentions.
[27 mars] In This House, Lewsberg (Lewsberg Records)
Chaque année au gré des entrechats des flux musicaux numériques se croisent d’imprévisibles outsiders. C’est le cas de Lewsberg, venus de Rotterdam, ils perpétuent avec authenticité l’héritage du groupe aussi influent que les Beatles, le Velvet Underground.
Ne fuyez pas, aucun signe de plagiat, juste un mimétisme qui rappelle à quel point le groupe de la Factory reste majeur.
[10 avril] Children’s Children’s Children, Bill Baird Flowers (EBB)
Artiste prolifique aux multiples casquettes, le dénommé Bill Baird a cette année enchanté mes oreilles avec son néo psychédélisme parfaitement fluorescent. Sa voix aux intonations proches d’un Kevin Ayers nous renvoie aux belles heures d’une utopie aujourd’hui renvoyée aux oubliettes.
[1er mai] The Mother Stone, Caleb Landry Jones (Sacred Bones Records)
Acteur à la gueule d’ange, Caleb Landry Jones, qui fut le Hurleur dans “X Men le Commencement” a été vu dans entre autres “Get Out”, “Three Billboards », “The Florida Project” ou encore plus récemment “The Dead Don’t Die” du grand Jim Jarmusch. The Mother Stone perpétue la lignée des albums dits de rupture amoureuse (“break up album”). Son approche cabalistique que ne renierait pas Syd Barrett (l’esprit fusillé du Pink Floyd première mouture), nourrie d’expériences hallucinatoires est un bel exemple de résilience. Ou comment panser les plaies de l’amoureux éconduit et lui ouvrir les portes d’un autre futur.
[22 mai] Strange To Explain, Woods (Woodsist)
En 15 années d’existence Woods n’ a pas vraiment chômé avec plus d’une dizaine d’albums au compteur dont deux en 2020 : oui ils en ont sorti un deuxième le 23 octobre Reflections Vol. 1 (Bumble Bee Crown King). Après avoir atteint des sommets en 2016 avec City Sun Eater In The River Of Light et un petit creux de vague pour les deux suivants, le premier opus 2020 Strange To Explain renoue avec leurs prouesses mélodiques. Une basse toujours aussi ‘dubisante’ et des accompagnements aux relents psyché jazz font de cet opus une des réussites de l’année.
Plongez-y vos oreilles, elles vous diront merci.
[26 juin] Mordechai, Khruangbin (Dead Oceans)
Juste après un E.P. (“Texas Sun”), plus que recommandable en compagnie du soul man Leon Bridges, Mordechai le deuxième album de Khruangbin (suite au superbe coup d’essai Hasta El Cielo” en 2019) arrive à point nommé.
Son caractère funky tombé dans la marmite de la sono mondiale et ses relents hédonistes lance bien la saison d’été. Ce grand mix parfaitement maîtrisé de dub, psyché soul, pop thaï, le tout saupoudré d’un parfum légèrement orientalisant a de quoi faire tourner les sens en mode lascif.
[10 juillet] American Advertisement, Advertisement (Patchwork Fantasy)
Bonne pioche avec Advertisement qui nous a balancé un premier album bien emballé. Suave et mélodique, des guitares aux contours salaces, un chant traînant sur les syllabes, il paraît que les Strokes font mieux, je ne sais pas, on s’en fout.
Honnête et sans esbroufe du rock’n’roll qui sans se la raconter prouve qu’il n’est toujours pas mort.
[11 septembre] American Head, The Flaming Lips (Warner US – Bella union GB)
Pas de doute, les grands siphonnés de la bande à Wayne Coyne sont de retour et en grand pompe. Échevelé, American Head regorge du ‘psychédélire’ de ce groupe à la longévité sinusoïdale. Une carrière exemplaire ponctuée d’expérimentations bizarroïdes comme aiment ceux qui voyagent loin dans leur tête.
De “At The Movies On Quaaludes” à “You N Me Sellin’ Weed” en passant par “Mother I’ve Taken LSD”; tout un programme qui ne donne qu’un tout petit aperçu de la folie libératrice de ce groupe à voir absolument en concert.
[16 octobre] Sundowner, Kevin Morby (Dead Oceans)
Directement issu d’une période de confinement, Sundowner est un album qui sent le feu de camp. Kevin Morby a maintenant 6 albums à son actif. Appartenant à la grande confrérie des songwriters américains, ce compagnon de la galaxie Woods nous livre un hommage aux gens et aux plaisirs simples. Sincère et touchant, son album s’écoute à la façon dont on s’extasie d’un paysage au coucher de soleil.
[30 octobre] Hey Clockface, Elvis Costello (Concord Jazz)
L’homme dont un journaliste a dit un jour qu’il voulait être Lennon et McCartney en même temps a enregistré ce 31ème album après s’être sorti d’un cancer. Plié en prise directe entre Helsinki, Paris et New-York, Elvis Costello passe en revue tous les genres abordés tout le long de sa longue carrière. Le ‘Houdini de la pop’ apostrophe le temps qui passe et comme à son habitude, avec un style et une plume d’une élégance aiguisée.
Sans attendre de légitimes lauriers, Costello est déjà investi dans un nouveau projet, celui d’un ‘super groupe’ de complices, au nom et promesse bien nommé “Dopamine”, associant excusez du peu ; Black Thought (The Roots), T. Bone Burnett, DJ Premier et Cassandra Wilson. On trépigne déjà pour 2021 !