Deux passeurs d'art : Hector Obalk et Anne Cangelosi

Plus la peinture disparait du petit écran, sauf du coté des « replays » de quelques chaînes, Arte et La 5, plus elle revient au théâtre. Le succès de deux « seul en scène » en témoigne. Hector Obalk, de saisons en saisons, étoffe et peaufine son offre de passeur. Désormais ce sont plus de cinq spectacles qui tournent à l’année dans plusieurs salles de Paris (toujours combles): le dernier bien rodé au Festival d’Avignon est dédié à « Toute l’histoire de Jésus à travers 5 siècles de peinture« . C’est parfaitement subjectif, gourmand et donne envire d’en savoir plus. Si son approche est plus enjouée, Anne Cangelosi est aussi ambitieuse, pas moins de percer Les secrets du Radeau de la Méduse (Comédie Bastille jusqu’au 4 janvier 25). Son ton plutôt décalé, entre institutrice déjantée et historienne engagée, nous tient mine de rien en haleine. Et ses révélations sont un scandale! Entre catastrophe humanitaire et incurie politique que dénonce Géricault. Chapeau bas les passeurs de culture, salue Olivier Olgan nous avons besoin de vous! 

Toute l’histoire de Jésus à travers la peinture, d’Hector Obalk

Il n’a plus rien à prouver Hector Obalk ! Ses cinq aventures esthétiques sous l’accroche « Toute l’histoire de la peinture en moins de deux heures » ont repris sur les chapeau de roue dés le 29 septembre.

Hector Obalk propose cinq histoires de l’art  en moins de deux heures Photo Hector Obalk

Avec son dernier pictural show, Toute l’histoire de Jésus à travers la peinture, il relève un nouveau défi. A la première du spectacle à Paris fin juin, il le reconnaissait lui-même, pour bien fluidifier sa matière entre analyses et intermèdes musicaux, il lui faut plus d’une cinquantaine de répétitions. Mais ne vous inquiétez pas, après un mois de rodage à Avignon, il est au point le passeur !

Son naturel, son humour, son détachement accrochent son spectateur.

A partir d’un scénario impeccablement écrit et maitrisé, et son mur d’images dont il joue comme d’une partition, sa fluidité subtile permet de jongler avec le récit de la vie de Jésus. Il en distingue pas moins de 44 étapes clés, de l’annonciation à la résurrection. Chacune a fait l’objet de nombreuses représentations à travers les siècles.
Et c’est ces subtiles différences dont il veut nous éclairer.

Obalk, c’est un ton et une érudition 

Pour nous plonger dans son récit, Hector Obalk s’appuie sur un immense murs d’images Photo Hector Obalk

Comme d’habitude, son approche est subjective, bon enfant, nourrie d’une érudition à la fois gourmande et accessible. Et toujours somptueusement illustré, pour expliquer ou confronter un détail. Il sait être incisif comme modeste, percutant et faire accoucher notre regard, s’accrocher à un détail de façon si spontanée qu’il semble le faire devant et pour vous.

Sacré Hector!

Il balaye d’un trait toute accusation de « bigotisme » en rappelant aux amateurs d’art que plus d’un tiers de l’histoire de l’art concerne des sujets chrétiens. Et qu’il peut être utile d’en comprendre le sens !

Grâce à lui, vous distinguerez les principales figures autour de Jésus, Marie, Anne, Joseph, Hérode et les Rois Mages…. Notre enquêteur traque et cerne les indices permettant de distinguer des bergers ou des mages, une Résurrection d’une Ascension, …
Peu importe les impasses – Ponce Pilate qui s’en lave les mains est oublié, ou ses avis parfois tranchés sur un artiste, il l’étaye et l’assume. A la fois son propre producteur, impresario et auteur il est libre, Hector
C’est aussi cet engagement qui fait sa marque et on en redemande! Du grand art de la rhétorique pour parler d’art au plus grand nombre.
Pour en savoir plus sur les lieux et les dates des spectacles qui tournent dans plusieurs théâtres de Paris (13e Art, Place d’Italie, Théâtre Libre, 10e) sur son site grand-art.online

Le Radeau de la Méduse, d’ Alexandre Delimoges, par Anne Cangelosi

Dans le même registre, mais sans les moyens technologiques, ni la musique classique sur scène d’Obalk, savez-vous ce qui se cache dans le plus célèbre du tableau du Louvre, après la Joconde ?

Anne Cangelosi sonde les secrets du Radeau de la Méduse photo DR

Une conférencière déjantée capte votre attention dans une langue plutôt décomplexée, assume les gags et les pirouettes verbales pour mieux se faire entendre. Et elle ne lésine pas ! La mise en scène et une sens du suspens l’entrainent à percer les secrets du Radeau de la Méduse. Malgré le ton plutôt décalé,  l’instit déjantée doublée d’une historienne engagée réussit à nous tenir en haleine.
Et c’est un scandale.

Car c’est bien une catastrophe humanitaire et un incurie politique que dénonce Géricault.

Avec talent Anne Cangelosi sait nous plonger dans les circonstances de sa conception, le fait divers qu’il l’a motivé. Et c’est plutôt énorme! Elle sait décrypter le sens de la construction du tableau, pointer les choix et les messages que Géricault y a caché.
La promesse de partage et d’érudition est tenue et sa façon de transmettre est captivante!

jusqu’au 4 janvier 2025, Comédie Bastille, 5 rue Nicolas Appert, 75011 Paris – Tél.: +33 1 48 07 52 07
Les lundis à 21h, les mardis à 19h et les samedis à 15h
Séances supplémentaires pendant les vacances scolaires à 15h : lundi 21 octobre, mercredi 30 octobre, jeudi 26 décembre 2024  et vendredi 3 janvier 2025

https://youtu.be/PKWZPrz0Dag