Eurydice, de Jean Anouilh, par Emmanuel Gaury (Théâtre de poche Montparnasse)
Mise en scène : Emmanuel Gaury, Avec : Bérénice Boccaran, Gaspard Cuillé ou Emmanuel Gaury, Benjamin Romieux – Corinne Zarvadatjian – Patrick Bethbeder – Maxime Bentégeat ou Victor O’Byrne – Jérôme Godgrand.
Si dans la mythologie grecque, le destin n’épargne pas Eurydice, la pièce éponyme, fait du mythe d’Orphée la tragédie d’Eurydice. Le noir de Jean Anouilh n’est pas triste, pour Patrice Gree, le noir est lucide ! Eurydice meurt « par ricochet » du harcèlement sexuel du fils d’Apollon… Cette pièce créée en 1942 reste terriblement moderne que le parti pris d’ Emmanuel Gaury met en lumière subtilement. Compte tenu de son succès légitime, le chef d’œuvre est repris au Théâtre de poche – Montparnasse.
Ce que le temps n’a pas atteint chez Anouilh, c’est une qualité particulière d’émotion, pudique et douloureuse.
Philippe Tesson
Un mythe raconte, explique, éclaire nos existences
Dans la mythologie grecque, Eurydice est une nymphe amoureuse du poète Orphée. En voulant échapper au fils d’Apollon qui la harcèle, elle se fait mordre par un serpent et meurt ! Orphée désespéré supplie Hadès, le représentant de commerce du destin, de lui rendre sa belle.
Hadès accepte à la condition qu’Orphée lors de ses retrouvailles avec Eurydice, ne la regarde pas avant d’être sortis des geôles de la mort, sous peine d’y rester … Orphée déconne et ne peut s’empêcher de mater l’aimée. Pour ce manquement à sa parole, il sera immédiatement condamné à l’éternité.
Cela rigolait pas chez les Grecs…
Chez Anouilh, un peu plus !
Dans la pièce d’Anouilh, Eurydice n’est pas nymphe, mais actrice, Orphée est Marseillais et violoniste. Hadès ne s’appelle pas Hadès mais Henri, le fils d’Apollon est un producteur véreux de spectacles et le serpent venimeux… un gros bus ! Mais au fond, ça ne change rien…
D’un joli noir
La pièce adaptée par Anouilh – et l’une de ses préférées – reste noire ! Mais d’un joli noir… Le noir est une couleur chez Anouilh ! Chez Anouilh, le noir n’est pas triste, le noir est lucide ! Plusieurs lectures sont possibles de la réécriture du mythe d’Orphée et d’Eurydice par la dramaturge comique, mais une, sans négliger les autres, retiens particulièrement notre attention aujourd’hui !
Un mythe raconte, explique, éclaire nos existences ; or dans cette réécriture du mythe d’Orphée et Eurydice, les héros d’Anouilh sont en proie à des angles morts. J’ai souhaité exploiter ces doutes palpables et ces certitudes maladroites, en donnant à chaque situation sa place originale.
Emmanuel Gaury, metteur en scène.
Terriblement moderne
Eurydice meurt « par ricochet » du harcèlement sexuel du fils d’Apollon… On peut dire que cette pièce créée en 1942 par Jean Anouilh est terriblement moderne !
Jalousies, doutes, promesses, désillusions, mensonges, tristesse, désirs, pardons et espoirs …toutes ces émotions qui comme une ombre accompagnent nos amours mortels, Anouilh en gants blancs – et la mise en scène d’ Emmanuel Gaury – nous les sert sur un plateau… de théâtre : le précieux petit théâtre de poche à Montparnasse dirigé par Stéphanie Tesson.