Exposition : Hizelaya, monotypes paysage, & nuages (Le Mareyeur, Paris 6e)

Du 20 mai au 20 juin 22, Le Mareyeur, 38, rue de Vaugirard, 75006 , vernissage le 19 à partir de 18h

A quelques pas de l’exposition des Pionnières au Musée du Luxembourg, une artiste, basque assumée et bien établie porte avec humilité et exigence une œuvre hétéroclite qui n’a que faire des modes ou des contraintes imitatives. Confrontée à saisir le réel dans son foisonnement, Hizelaya libère une écriture personnelle et attachante à travers une série de douze monotypes qui mêlent le thème du paysage, et des nuages à découvrir au Mareyeur (du 20 mai au 20 juin). 

Hizelaya, Tatatagueuses, collectif, 2018

De Catherine Monnoyeur … à Hizelaya

Née à Roubaix en 1956 dans les tubes de peinture de son père, Philippe Paulin Derville (1920-2013) lui-même artiste peintre, c’est tout naturellement que Catherine Monnoyeur empreinte le chemin des Beaux Art de Roubaix pour y apprendre les techniques de la peinture et comprendre si cette route répond à sa vocation, devenir une artiste.
Ses études terminées, elle s’engouffre installée à Paris, pendant une dizaine d’année dans la voix de la communication et de la création publicitaire, mais sa satisfaction n’est pas complète. Si Paris l’a conquise, elle a aussi découvert la Côte Basque dont les paysages et la culture vont totalement l’envouter jusqu’à la convaincre de prendre ses pinceaux et de partager son atelier entre Paris et Urrugne dans la région basque dont elle se sent tant en communion …

Hizalaya Retour de pêche, série Présence des esprits, 2011-12

Traversée par la puissance mythique basque

Passionnée du Pays Basque, jusqu’à prendre un nom de plume à consonnance basque, Hizelaya lui rend bien sans se soumettre aux contraintes figuratives. D’ailleurs, celle qui n’a pas hésité à reprendre le chemin de l’école de Beaux-Arts à Paris, pour trouver de nouveaux mediums que la main réinvente dans la solitude de l’atelier. Pour mieux capter cette nature trempée d’histoire et de dimensions humaines, l’artiste ne cesse de noter ses impressions dans des « carnets -compagnons » de vie. Ensuite, dans l’atelier,  elle les peint à l’encre ou à l’huile sur une plaque de plexiglas, d’aluminium ou de cuivre. La peinture est alors pressée sur un papier, un drap… Puis elle travaille les effets en ajoutant d’autres matériaux pour ce qu’elle cherche, « un résultat plus mystérieux ».

L’essentiel dans sa peinture, ses collages, ses monotypes ou ses estampes n’est pas une adhésion formelle fixe mais ce que l’écume de l’émotion exhale à travers des équivalences mouvantes ou fixes rendues par la subjectivité.

Une grammaire expressive

Hizelaya Sans titre, Monotype à l’huile, 2022

Oscillant entre abstraction et réalisme, la figuration selon Hizelaya reste « une grammaire avec exemples » selon le mot de Jacques Villon, elle fixe des formes ou des lieux reconnaissables clos sur leur mystère ou déployées vers l’infini. Mais l’artiste révèle une atmosphère façonnée par des images quintessenciées d’une région à la minéralité la fascine.  Les thèmes qu’elle apprivoise lui servent à jouer ou à déjouer les techniques.

Le refus de toute zone de confort la pousse à la recherche de nouvelles factures pour faire chanter ces images sur ses toiles. « Dans mon atelier, nous confie-t-elle. Mes mains prennent le pouvoir, je lutte avec mes couteaux, mes pigments, du sable… Je ne deviens plus qu’un automate qui livre sur la toile son subconscient. Je me concentre sur la tension, le mouvement et la vitalité. »

Hizelaya, My orange comic’s trip, 2010 Photo Hizelaya

Je peins mes émotions

L’histoire de l’Art comme son histoire familiale forge son style. Impliquée dans l’univers créatif de la côte Ouest, Hizelaya vibre subjuguée devant la richesse de cette culture régionale ancestrale comme la Chistera, la pelote basque ou la « corrida de Rejón » cette corrida à cheval proche du ballet : la force dégagée par les chevaux, le taureau lui-même, tous les intervenants l’inspire : « … Ce combat face au taureau symbolise pour moi, le combat victorieux pour la vie face à la maladie. nous confie celle qui s’investit beaucoup avant de prendre ses pinceaux : « Je lis beaucoup sur mes sujets choisis, je me documente…  J’ai dessiné mille fois toutes les postures du cheval en travaillant au Louvre sur les tableaux de Géricault pour mon thème de la corrida… Je ne peins pas ce que mes yeux voient, je peins mes émotions. ».

Hizalaya Monotype à l’huile sur papier aquarelle, 2018-21

La série déclinée jusqu’à l’épuisement de l’émotion

Par son œuvre unique, aux séries qui appondissent jusqu’à épuisement les sujets, cette artiste sans étiquette mais si proche du tempérament basque parvient à toucher un large public, à l’émouvoir. Toujours, elle s’enhardit à utiliser de nouveaux matériaux comme la vidéo et à se frotter à nouvelles techniques.  Ouvrant l’œil sur ses contemporains, et leurs murs, elle adhère à des courants importants, comme le Street Art, adopté comme une pratique plastique.

Ne comptez pas sur celle qui donne au climat basque des accents d’éternité, pour s’y laisser enfermer.

#Ghyslaine Moreau de Raymeront pour Singulars.fr

Pour aller plus loin : le Blog d’Hizelaya