Exposition : Orgânico, Circular Arte-na Praça Adolpho Bloch (São Paulo).
Orgânico, la quatrième déclinaison du projet d’art public Circular-Arte na Praça Adolpho Bloch vient d’être inaugurée à São Paulo par son commissaire Marc Pottier. Le thème de l’organique, à la fois matière et vie, permet à une douzaine d’artistes brésiliens d’exposer leur engagement pour un nouveau vivre ensemble.
Circular Arte-na Praça Adolpho Bloch, ou l’art public pour tous
Le projet Circular est né de la volonté de FarahService une entreprise brésilienne de jardiniers et d’aménagement des espaces verts de la ville de São Paulo, d’amener la culture dans la rue au plus près du public. Circular est la partie immergée de l’iceberg, d’un projet ambitieux qui ne souhaite pas se limiter à une seule place mais qui envisage déjà plusieurs autres ‘expositions’ dans d’autres places, parcs et jardins de la ville.
Circular-Arte na praça Adolpho Bloch, première place-jardin de Sao-Paulo choisi proche de deux musées (Mube, musée de la Sculpture et MIS, musée de l’Image et du Son), est un projet de trois expositions annuelles qui invitent des artistes à créer des œuvres in situ en fonction des thèmes choisis par Marc Pottier, commissaire d’expositions. Ce sont environ une dizaine d’artistes qui sont à chaque fois invités (voir le catalogue de la 3éme édition). Certaines œuvres sont ensuite offertes à la ville de São Paulo et placées de façon permanente dans d’autres lieux appropriés. Beaucoup des thèmes tournent autour des questions écologiques. ‘Arvore! – A tragédia da paisagem (Arbre ! la tragédie du paysage) a eu lieu en août 2019. La deuxième version a invité les artistes sur le thème du jeu. Pendant la première année de la pandémie le projet a invité le public à s’assoir, lire et écrire. De nombreuses rencontres ont lieu pendant les mois que durent chacune des expositions, occasion de rencontres avec les artistes, concerts de musique, lectures de poèmes…
Orgânico, nouvelle étape de Circular sur le thème de l’organique.
Aujourd’hui tout est bio, de jus au riz, du vêtement au tapis, même l’eau minérale et parfois les jouets… Le label bio paré de toutes les vertus – pas toujours contrôlées – entretient une confusion avec le terme « écologique », mêlant process de production, attitude « éco-responsable » voir posture « éthique » au prétexte serait plus respectueux de l’environnement.
Or il ne devrait qu’être réservé qu’aux produits issus de l’agriculture biologique, aux normes strictes.
En parallèle, le sentiment de désolation, d’impuissance causé par la dévastation de la biodiversité et du dérèglement climatique, fait émerger un néologisme « solastalgie« , ou le c’était mieux avant… oubliant au passage le recul des victimes de maladies, de la famine et des guerres… Pour l’art contemporain, l’engagement pour l’Anthropocène et du Symbiocène, mot inventé par Glenn Albrecht, philosophe, environnementaliste et agriculteur australien est devenu central. Il interroge et construit une vision du monde qui invite à comprendre et intégrer positivement les changements écologiques de son environnement et à penser différemment son rapport à la nature, en général, à la forêt en particulier.
La 4ème étape du projet Circular – Arte na Praça Adolpho Bloch veut être une introduction au sujet par des artistes brésiliens qui expriment leurs émotions face l’état de l’environnement de la planète pour un nouveau vivre ensemble : Anna Guilhermina – Juan Parada – Maria Fernanda Paes de Barros & Txahamehé Pataxó & Kuyawalu Aweti & Kulikyrda Mehinaku – Nathalie Nery – Pedro França – Renata Vale – Ursula Tautz e Vanderlei Lopes et Janaina Mello Landini (voir + Singulars)
« Avec Circular, rappelle Marc Pottier, la place Adolpho Bloch est devenue peu à peu un des points d’encrage de la ville et un lieu de rendez-vous pour tout public. Les œuvres d’art public côtoient les jeux pour enfants et les sportifs venus faire leurs exercices, pour devenir un lieu de vie où l’art s’inscrit dans la vie de tous les jours. C’est à notre sens sa vocation. »
Art Public, un art pensé et parfois produit in situ
« L’Art Public permet d’inviter des artistes à imaginer des œuvres sur mesure réalisées in situ dans des lieux aussi divers que les jardins, sur des façades d’immeubles, dans des parkings voire d’investir des bus ou des wagons de métro ou tout autre espace du quotidien. invoque Marc Pottier, pour définir cette démarche inclusive aussi bien artistique que sociétale . Il permet de jouer sur la lumière des lieux, l’eau d’une manière moins habituelle qu’avec les fontaines traditionnelles ou de dessiner le sol des trottoirs ou des places… C’est ce regard de l’artiste qui intervient dans des lieux du quotidien du grand public qui contribue à prouver que l’art n’est pas réservé à un nombre restreint de connaisseurs ou de riches collectionneurs. Ce type de réalisations artistiques favorise le dialogue avec les architectes, les urbanistes, les paysagistes mais aussi surtout avec le public pour lequel sont destinées les œuvres. En complément peuvent être menés des rencontres éducatives avec les écoles et les universités tout comme des workshops avec les écoles d’art. La pandémie a rendu encore plus actuels les aménagements artistiques dans les espaces publics et a favorisé la venue de nouveaux publics dont les portes des musées et des galeries leurs étaient fermées. »
Nous sommes convaincus que plus que jamais l’art public est synonyme d’accès à l’art pour tous tous.