Exposition : Ricardo Cavolo, Smells like kid spirit (Galerie Nanoh)

jusqu’au 22 octobre 22, Galerie Nanoh, 22 rue Jules Valès, Paris 11 entrée libre du mardi au samedi de 14h à 19h.

Pour son premier show solo en France, l’artiste espagnol Ricardo Cavolo, « Smells Like Kid Spirit » fait retour éclatant dans tous les sens de la couleur, sur son enfance et les années pop 90’s. La Galerie Nanoh, lieu d’expérimentation artistique, découvre la genèse de ce peintre – illustrateur – mural qui mixe folklores, cultures pop et ésotérique jusqu’au 22 octobre.

99,9% album de Kaytranada couverture dessinée par Ricardo Cavolo

Un voyage nostalgique dans un imaginaire des 90’s

« Cette exposition est très introspective pour Ricardo, il a dû faire un travail sur sa mémoire et son moral, pour se remettre dans l’état de son petit enfant de dix ans » explique Nadège Fromy cofondatrice avec l’artiste Hanoh Szpira de la Galerie Nanoh dans sa curation d’artistes.

Les peintures présentées agrègent dans un maelstrom de références, de clins d’œil et de fantasmagorie enfantine un puissant imaginaire qui constitue le style chamarré de cet artiste, très imprégnée de la culture populaire des années 90 et d’ésotérisme religieux « Je ne suis pas orientée pop culture habituellement dans ce que j’aime mais je trouve que Ricardo le fait bien et y donne du sens » souligne Nadège Formy.

Ricardo Cavolo. Drawing. Smells like kid spirit, Galerie Nanoh Photo Baptiste Le Guay


Ricardo Cavolo. Basket .Smells like kid spirit, Galerie Nanoh Photo Baptiste Le Guay

Un style graphique et coloré

Entre fantasmes et écriture automatique, Ricardo Cavolo assume un brassage de pop culture américaine, d’allusions folkloriques et d’imagerie religieuse. Sur des couleurs souvent acidulées et flashy, ses images sont remplies d’une foule de personnages réels ou fictifs évoquant des moments de sa plus tendre jeunesse. Son iconographie n’est éloignée pas des figures naïves du tatouage, du symbolisme et de l’ésotérisme. Certains éléments sont récurrents comme les yeux qui se multiplient sur ses personnages. La « sorcière » est également présente de nombreuses fois, l’artiste se représentant parfois lui-même à travers cette icone.

Retour vers le futur

Dans son dessin si caractéristique, le quadra reconnait sa grande nostalgie pour cette époque où les premiers jeux vidéo comme Zelda faisaient fureur, les Chicago Bulls dominaient la NBA, grâce notamment avec leur joueur plus que sulfureux : l’incontournable Dennis Rodman. On retrouve également dans « TV », un personnage du manga mythique de Dragon Ball : Picolo, facilement reconnaissable pour sa peau verte et sa prestance. Il devait sûrement regarder à la télévision l’animé japonais le plus marquant de toute une génération, si ce n’est de l’Histoire.

Ricardo Cavolo. TV . Smells like kid spirit, Galerie Nanoh Photo Baptiste Le Guay

La Galerie Nanoh, lieu d’expérimentation artistique

Fondée en novembre 2019, la galerie Nanoh a la « volonté de proposer un lieu dédié à la création et l’exposition » pour Nadège Formy qui développe un modèle économique et artistique visant l’accès au plus grand nombre. « Nous avons créé une alternative à l’achat d’œuvre originale avec nos tirages d’art pigmentaires – la technique la plus fidèle d’impression en fine art. Tout le monde ne peut pas se permettre d’acheter des œuvres uniques qui représentent un certain budget. ».

Ricardo Cavolo. Cocoa. Smells like kid spirit, Galerie Nanoh Photo Baptiste Le Guay

Pour rendre l’achat d’œuvres encore plus accessible, la galerie fait aussi de la « risographie », procédé d’impression à froid avec des encres végétales très peu consommateur d’énergie en collaboration avec des artistes.

La risographie : une manière accessible pour acquérir de l’art

L’atelier Nanoh possède un duplicopieur, une machine qui repose sur la technique de reproduction par pochoir, permettant des impressions avec un rendu très graphique et une capacité de produire en quantité. « C’est une machine destinée à faire beaucoup de volume mais nous la prenons au contrepied de son utilisation. Nous faisons maximum 30 tirages pour donner un côté limité au dessin imprimé » insiste Nadège Fromy.

La risographie est inventée dans les années 80 par le japonais Riso Kagaku. Le principe part d’une image envoyée par ordinateur ou via le scanner intégré au risographe, puis elle est reproduite en trame sur un écran, enroulée autour d’un tambour chargé d’encre. Le papier traverse la machine pendant que le tambour tournant à haute vitesse transfère l’encre sur le support.

Le résultat permet de jouer avec la texture du papier et celle des encres, donnant un aspect original car chaque tirage est unique ! A chaque impression, le papier refait une passe en machine pour chaque couleur qui se superpose, donnant des petits défauts d’alignement ce qui donne un charme où chaque tirage sera singulier. En plus, la palette de couleurs Riso n’est pas standardisée avec des coloris fluos, vifs ou métallisés.

Ricardo Cavolo. Jeu vidéo. Smells like kid spirit, Galerie Nanoh Photo Baptiste Le Guay


Ricardo Cavolo. Books . Smells like kid spirit, Galerie Nanoh Photo Baptiste Le Guay

Une expérience autant tactile qu’immersive

L’accrochage de l’exposition très serré permet une véritable plongé dans cet univers si luxuriant. Entre retour en enfance et projection syncrétique d’une pop culture ludique, l’artiste parlera intimement aux personnes ayant grandis entre les années 80-90, et saura sûrement toucher également un public plus jeune ou plus âgé. L’énergie des galeristes donne aussi envie de s’attarder dans ce lieu convivial et de repartir avec une œuvre accessible pour chez-soi.

#Baptiste Le Guay