Fatatras ! Inventaire de Jacques Prévert, par Anne Baquet et Jean-Paul Farré (Théâtre de Poche Montparnasse)
Mise en scène : Gérard Rauber, Arrangement musical : Damien Nédonchelle, Scénographie : Marguerite Danguy Des Déserts
Si vous aimez la poésie – c’est d’actualité -, le Théâtre de Poche à Montparnasse, propose un « Fatatras » pas piqué des vers… Les vers sont de Jacques Prévert rythmés par les compositions de Joseph Kosma qui les a mis en musique ! Et quand les vers de l’anar sans doctrine, jamais à moitié vides sont servis en gants blancs par un Jean-Paul Farré pianiste bien barré et chantés par Anne Baquet une soprano au top, c’est tournée générale pour Patrice Gree et le public!
En clin d’œil à Prévert, le titre du spectacle est un barbarisme.
Il vient de Fatras, un de ses recueils de poèmes (1966)
et de l’interjection “patatras !”.
Il aurait aussi pu s’appeler Le bonheur est dans le Pré…vert !
Gérard Rauber, Metteur en scène :
Prévert…est entré à l’école par une fenêtre qu’un grand vent frais et fou de printemps dans un élan de joie communicative avait ouvert en grand !
Il s’est installé au fond de la classe, très loin du maitre, tout près du radiateur, là où on est bien, tranquille au chaud, là où on pense aux prairies vertes et aux filles en fleurs ! En voisin, Prévert posa une main amicale sur l’épaule du cancre de service qui souriait bêtement aux nuages blancs au lieu d’additionner 2 et 2 et lui souffla au creux d’une oreille un peu sale, cette merveilleuse chanson (sur une musique de Joseph Kosma) :
En sortant de l’école
Nous avons rencontré
Un grand chemin de fer
Qui nous a emmenés
Tout autour de la terre
Dans un wagon doré…
Prévert, l’anar sans doctrine
Le poète touche à tout qu’il est difficile d’en faire l’inventaire détestait les blouses des écoliers sages, les soutanes des curés menaçants, les képis des flics cogneurs , les uniformes des militaires sanguinaires , les costards trois pièces des industriels bedonnants, et les habits verts des académiciens au seuil de la mort … mais fût accueilli à bras ouverts par l’Éducation Nationale.
Merci l’Éduc Nat ! Le cancre sympathique au piquet, fut mis au programme…
Prévert pour les enfants (et ls grands), c’est un portail gigantesque pour une entrée en poésie… Une langue au ras des pâquerettes odorantes au service d’une pensée contestataire. Merci l’Éduc Nat d’avoir mis dans mon cartable un cet anar rigolard, au sourire mélancolique et à la clope au bec…Prévert, c’est le poète qui fait craquer les coutures de nos émotions. Les poèmes de Prévert sont pleins d’amoureux, de juges, de pauvres, de voyous, de baleines, de riches, de Brest, de tonnerre, de Barbara, de chiens, de feuilles mortes, de Seine, de pluie, de rires, de tristesse, de colère, d’amour et du petit bruit de l’œuf dur cassé sur un comptoir d’étain…
Avec Prévert, on ouvre une boîte de Pandore ! On y découvre différents degrés de lecture, aucun n’était plus important qu’un autre. Tout le monde peut y trouver son compte : les enfants, les érudits, les musiciens… Chacun a l’impression que Prévert s’adresse à lui.
Anne Baquet et Jean-Paul Farré, Fatatras
Les poèmes de Prévert résonnent parfois comme des contes de faits d’hiver…
Baquet et Farré…la soprano de talent et le délirant pianiste servent l’univers surréaliste de Prévert à merveille. Une heure de poésie jubilatoire….