Cinéma en salles : Furiosa, Une saga Mad Max, de George Miller (2024)

avec Anya-Taylor Joy, Chris Hemsworth, Tom Burke, Lachy Hulme.

Le très attendu préquel du plus grand film d’action des années 2010, déçoit actuellement au box office. Pourtant, Furiosa : une saga Mad Max, qui raconte les origines de l’Imperator Furiosa et précède Mad Max Fury Road, est encore plus fou et plus démesuré. En se saisissant de la folie engendrée par la douleur de la perte, George Miller est parvenu pour Calisto Dobson, à hisser sa franchise bien au-delà d’une simple resucée d’une série de blockbuster à succès.

« N’ayez plus aucun espoir, il n’y plus d’espoir »

Cette sentence définitive hurlée par Dementus, le personnage incarné par Chris Hemsworth à la face de Furiosa et de son compagnon d’infortune Praetorian Jack  (Tom Burke) enchaînés ne résume pas en substance le propos sous-jacent au nouvel opus de la désormais saga Mad Max, mais il en donne une bonne appréciation.

Qui aurait pu prévoir qu’après avoir créé une icône post apocalyptique puis l’avoir délaissée sur le bord de la route pendant 30 ans, George Miller serait capable de non seulement ranimer son mythique Mad Max mais surtout de surpasser ce qui restait furieusement iconique.

Lorsque Mad Max Fury Road paraît en 2015, la surprise et le choc provoquent un raz de marée dans les salles. Considéré à juste titre comme un des plus grands films d’action de tous les temps, sa version Black & Chrome  (entendez par là un noir & blanc au-delà du somptueux), sorti en 2017 a fait d’un blockbuster une œuvre d’art.

C’est peu dire que l’attente est au plus haut lorsque George Miller annonce qu’il a le projet d’un film autour du personnage de Furiosa, l’icône féministe instantanée qu’est devenue le personnage magnifié par Charlize Theron dans le Fury Road.

Surtout qu’il choisit Anya Taylor Joy (la révélation mondiale de la série Netflix Le Jeu de la Dame), pour l’incarner.

Anya-Taylor Joy incarne Furiosa, Une Sage Mad Max, de George Miller (2024) Photo Warner Bros

Le résultat est là, flamboyant.

La folie qui innerve le film est au cœur de son sujet. Une folie provoquée par une douleur insurmontable, celle d’avoir perdu ce qui nous est de plus cher. Furiosa ne survit dans un monde sans aucune issue que grâce à son désir de faire payer celui qui lui a tout pris. Ce dernier, le bien nommé Dementus, n’est lui-même ivre de violence que par le déchirement de la perte, suggéré par l’attachement tantôt inquiétant, tantôt infantile qu’il accorde à Furiosa enfant, le tout symbolisé par une petite peluche enchaînée. Fou, Dementus l’est assurément, en étant attentif nous pouvons retrouver dans le jeu de l’acteur quelques mimiques qui peuvent rappeler la folie du Joker incarné par Heather Ledger dans The Dark Knight de Christopher Nolan.

La folie résonne aussi dans le déploiement des moyens visuels, certains dénoncent l’abus d’effets spéciaux numériques, moins présents dans l’opus précédent, ce qui à mon sens relève du caprice de puristes. Nous retrouvons aisément l’ampleur picturale qui irradiait Fury Road. Que ce soient au travers des plans d’exposition ou bien évidemment des scènes d’action.

Bien sûr le choc causé par l’épisode précédent n’a sans plus ici la même force tellurique, quand bien même Furiosa restera, avec entre autres Dune 2, comme non seulement un des grands blockbusters de l’année mais sans aucun doute une des références du cinéma de genre des années 2020. George Miller a d’ailleurs promis une version Black & Chrome du film mais serait bien partant pour un Mad Max VI  avec le retour de Tom Hardy, qui a d’ailleurs droit à un clin d’œil dans ce 5ème épisode.

Nous souhaitons que le box office saura y veiller.

Calisto Dobson

Pour aller plus loin :   Mad Max, au-delà de la modernité, par Nico Prat, Manouk Borzakian, Alexandre Mathis, Elise Lépine et Erwan Desbois (Playlist Society, 2022)

L’enjeu de savoir qui de Mel Gibson ou Tom Hardy sera le meilleur Max n’a plus de sens face à l’avènement du personnage de Furiosa, interprétée par Charlize Steron. Deux ans avant le mouvement #MeToo, un personnage féminin mène la fronde contre le patriarcat, en mettant à mal tous les clichés.