Un déroulement chronologique

Le spectacle retrace de manière chronologique les balbutiements du Hip-Hop à la fin des années 70, notamment avec la tournée du New-York City Rap tour présenté dans l’exposition « Hip Hop 360 » de François Gautret à la Philharmonie de Paris en 2022. Le mouvement prend forme dans les quartiers du Bronx à New-York, un retour sur les gangs de rue devenant des troupes de danseurs qui s’affrontent en « battle », défiant leur adversaire face à face pour montrer leurs mouvements les plus techniques. Un passage faisant inévitablement penser aux film The Warriors, peignant la culture des gangs new-yorkais à l’aube des années 1980.

Une esthétique issue de nombreuses disciplines

Après le passage sur les prémisses du mouvement et de ses disciplines, comme le break (danse), le graff, le DJing, mais aussi le roller et le BMX, nous passons dans une atmosphère plus chaude et ensoleillée, celle de la West-Coast en Californie et de son Los Angeles mythique.

Hip-Hop 360 Show, mis en scène par Laïla Sy Théâtre du Châtelet Photo Thomas Amouroux

Au bord de la plage, entre les palmiers et les terrains de baskets, donnent naissance à un basket ball débridé, appelé « street ball », pratiqué sur tous les terrains du monde aujourd’hui. Des danseurs/basketteurs nous montrent leur « handles », soit leur manipulation de balle tout en dansant et en restant dans le rythme ! La scène fait référence à un film classique sorti en 1992 : « White men can’t jump » (les Blancs ne savent pas sauter). Un film avec un duo d’acteur explosif associant le blondinet Woody Harrelson et le noir Wesley Snipes.

Débarquement en France

Suivi de cette escapade ensoleillée, nous partons de l’autre côté de l’Atlantique pour voir comment le Hip-Hop a débarqué en France, au début des années 90. C’est en effet avec un film comme La Haine (1995), de Mathieu Kassovitz, qui a bouleversé plusieurs générations et mis le Hip-Hop sur le devant de la scène, érigeant cette contre-culture comme un fer de lance d’expression pour la jeunesse urbaine et (souvent) défavorisé. Petite surprise avec la guest star Cut Killer aux platines, DJ légendaire du rap français.

Dans cette scène particulièrement intense, chaque protagoniste bouge dans l’espace, même s’ils sont plusieurs et en groupe, chacun se démarque avec une singularité qui lui est propre. Qu’il soit une femme ou un homme, blanc, noir ou métisse, chacun fait de sa différence une force et une fierté. C’est précisément cet élément qui fait la noblesse du Hip-Hop : un mouvement universel acceptant toutes les origines.

Hip-Hop 360 Show, mis en scène par Laïla Sy Théâtre du Châtelet Photo Thomas Amouroux

Ensuite, nous retrouvons également des athlètes faisant du parcours et des acrobaties en tous genres, notamment grâce au film Yamakasi (2001), popularisant cette discipline.

La dernière partie du spectacle nous ramène à aujourd’hui, à la jeunesse avec un passage émouvant où les jeunes dansent et se promène sur le magnifique morceau de Kendrick Lamar : « Sing about me ».

Une implantation universelle

Un groupe danse et grâce aux écrans projetée dans la salle, nous voyons leurs mouvements sous toutes les coutures grâce à un steadycamer les filmant sur scène. Cette partie souligne que le mouvement est implanté dans le monde entier aujourd’hui : des favelas du Brésil à l’Europe en passant par l’Asie.

Hip-Hop 360 Show, mis en scène par Laïla Sy Théâtre du Châtelet Photo Thomas Amouroux

La représentation de ces cultures est mise en avant à travers des samples originaires du pays en question, mais aussi appuyée par les réseaux sociaux qui sont la manière dont le Hip-Hop est diffusé aujourd’hui. C’est pourquoi les danseurs sont montrés à travers un live Instagram, avec les commentaires des participants en direct.

Hip-Hop 360 Show, mis en scène par Laïla Sy Théâtre du Châtelet Photo Thomas Amouroux

Un vrai travail de troupe pluridisciplinaire

Le passage de l’exposition à la scène est une agréable réussite, quelque soit l’appétence au Hip Hop!   Sans baisse de rythme convoquant toutes les disciplines, le spectacle captive  par la qualité de sa mise en scène de Laïla Sy, des chorégraphies du trio Xavier Plutus, Saïdo Lehlouh et Marion Motin et les éclairages de Victorien Cayzeele. Cet opéra urbain insuffle un supplément d’âme à cet hommage à une esthétique aussi variée et vraiment mondialisée.

Hip-Hop 360 Show, mis en scène par Laïla Sy Théâtre du Châtelet Photo Thomas Amouroux

Baptiste Le Guay