Histoire totale de la Seconde Guerre mondiale, de Olivier Wieviorka (Perrin)

Il reste encore tant de « Mythes de la Seconde Guerre mondiale » (Perrin, 2015) susceptibles de servir de propagande ou de manipulations qu’Olivier Wievorka, pourtant auteur de cet ouvrage collectif de référence, propose une vision d’ensemble assumant d’être « totale » avec l’ambition de synthétiser l’état des savoirs pluridisciplinaires. Son ‘Histoire totale de la Seconde guerre mondiale (Perrin) interconnecte avec fluidité les sphères économiques et militaires, mais aussi les dimensions culturelles, politiques ou stratégiques d’un conflit mondial (qu’il date de 1941). C’est éclairant car son onde de choc ne faiblit pas : des formes de ressentiment subsistent, et jouent encore un rôle géopolitique parfois mortifères.

L’historien évite toute réduction à une thèse unique

de la dimension impériale, au racisme, de la lutte des classes ou à la rivalité entre démocratie et totalitarisme, … Au contraire, il ajoute des dimensions déterminantes négligées, matérielles, logistiques, … insistant sur les dimensions idéologiques omniprésentes, qui sur tous les fronts mettent en perspectives la « rationalité » des acteurs :  « Ce qui est frappant, c’est de voir à quel point ces aveuglements réciproques ont rendu incertaine l’issue du conflit. »

Un outil pour éviter les manipulations historiques

Cette somme – indispensable alors que la commémoration du 80e anniversaire du débarquement en juin 2024 risque de relancer pas mal de manipulations historiques – rappelle que la 2nd guerre mondiale continue chacun à affronter des dilemmes moraux inédits.

Ces cas de conscience allaient des plus grands – s’engager ou non dans la résistance – aux plus anecdotiques – dois-je vendre mon pain aux Allemands ? Personne n’a pu y échapper. Plus encore, en raison de la violence extrême, le pire et le meilleur de l’humanité sont ressortis à une échelle maximale. La barbarie la plus terrifiante et l’abnégation la plus admirable. Ces deux polarités sont apparues à des degrés inédits dans l’histoire de l’humanité, qu’il se soit agi de s’abandonner au mal absolu ou de s’élever aux plus hautes cimes de l’héroïsme.

Elle constitue aussi un outil d’informations précieux à consulter – en fonction de l’actualité – ou des biopics qui ne cessent d’être produits, comme Oppenheimer de Christopher Nolan.

#Olivier Olgan