Hommage à Gérard Barray, comédien et bretteur populaire (1931 – 2024)

Acteur aimé du grand public pour ses films de cape et d’épée dans les années soixante (Capitaine Fracasse, D’Artagnan, Pardaillan, Surcouf), Gérard Barray fut aussi le commissaire San-Antonio. Malicieux, enjoué, doté de vraies qualités athlétiques, le passionné de jazz incarna pour Calisto Dobson le parfait héros populaire d’une cinématographie révolue.

Si aujourd’hui nous devions chercher un acteur à la faconde proche de celle que personnifia Gérard Barray, nous pourrions citer Jean Dujardin.
La même malice dans le regard et un sens de la réplique appropriée tout aussi expressif.

Un archétype du film de cape et d’épée

Sans doute, aujourd’hui, au mieux oublié pour certains, voire au pire totalement obscur pour d’autres, Gérard Barray interpréta un archétype du film de cape et d’épée mais fut tout de même un peu plus que ça. Dans les souvenirs d’une partie de la génération des Trente glorieuses, Gérard Barray symbolise un cinéma de genre populaire qui anima les écrans de sa pétulance.

Circonscrit à une poignée de rôles, il pratiqua l’escrime et l’engagement physique auprès de professeurs réputés : l’escrime avec Claude Carliez et le combat avec Henri Cogan. il fut un commissaire San Antonio adoubé par Frédéric Dard lui-même. Sale temps pour les mouches en 1966 et Béru et ces dames en 1968 réalisés par Guy Lefranc, pourraient passer pour un genre de prélude au OSS 117 de Jean Dujardin, on y revient.

De Fracasse à Surcouf

Pour son premier grand rôle, il affronte Jean Marais dans une adaptation du roman de Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse, de Pierre Gaspard-Huit.  Ce pied à l’étrier lui permet de décrocher une série de rôles dans lesquels il déploie son espièglerie et son aisance physique.

De D’Artagnan en 1961 dans Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie aux deux Pardaillan en 1962 et 1964 d’après la série de romans de Michel Zévaco (Le Chevalier de Pardaillan et Hardi ! Pardaillan), du même Borderie en passant entre temps en 1963 par une production italienne du Scaramouche de Rafael Sabatini, après la version de George Sidney avec Stewart Granger,

jusqu’aux deux aventures en 1966 de Surcouf co-réalisées par Sergio Bergonzelli et Roy Rowland, (Surcouf, le tigre des 7 mers et Tonnerre sur l’océan Indien), Gérard Barray excella à bondir derrière une épée.

S’il alterna quelques films d’un genre différents, sa popularité s’émécha rapidement dès la fin des années 60, jamais il ne retrouvera la flamboyance de cette décennie qui lui fût si prospère. Pourtant il apparaît encore dans une douzaine de long métrages dont Le Cinéma de Papa de Claude Berri ou encore Ouvre les Yeux d’Alejandro Amenábar.

Théâtre et Jazz

Gérard Barray monta aussi sur les planches avec pas moins d’une dizaine de pièces dont le reprise en 1960 de L’Aigle à deux têtes de Jean Cocteau derrière, encore lui, Jean Marais. Il fût également en 1973 un Don Juan  de Molière et termina sa carrière au théâtre par une pièce de son cru, Le Héros de l’amour en 1990.

Ce qui se sait beaucoup moins c’est que Gérard Barray avait une profonde passion pour le jazz et que dans ses jeune années, il gagna sa vie en pianotant dans des cabarets tel que celui de L’Écluse.

Toujours marié avec la même épouse depuis 1965, la danseuse et actrice Teresa Lorca, en disparaissant à l’âge de 92 ans, il nous laisse le souvenir nostalgique d’un acteur à la malice bon enfant ferraillant pour l’éternité au service de la veuve et l’orphelin.

Calisto Dobson