Ici Nougaro, de Charif Ghattas, Grégory Montel et Lionel Suarez (Théâtre de l’Atelier)
Du mercredi au samedi à 19h, Le dimanche à 15h – Tél.. : + 33 1 46 06 49 24 – billetterie@theatre-atelier.com
Quand Grégory Montel monte sur la scène du Théâtre de l’Atelier (après celle des Bernardines) pour interpréter Ici Nougaro (jusqu’ au 23 avril 2023), le comédien chanteur trouble par sa façon d’incarner l’auteur de Nougayork et Armstrong. Le prétexte d’un projet de biopic attire un sosie dans un incertain rêve de gloire délicatement écrit et mise en scène par Charif Ghattas autorise un jeu subtil de miroirs scéniques et musicaux accompagné par Lionel Suarez à l’accordéon. Les deux complices réussissent surtout pour Patricia de Figueiredo à réveiller le verbe et les notes d’une poésie transcendée par un destin contrarié.
Un hommage touchant à double fond à Claude Nougaro
Mathias est un comédien sur la touche, convaincu qu’il est le meilleur sosie de Nougaro. Quand un projet de biopic sur le chanteur lui redonne espoir. Il tire toutes les ficelles pour arriver à ses fins.
Le spectateur est vite emporté par cette langue rythmée, forte. Ce monologue n’en est pas tout à fait un, puisqu’un musicien Lionel Suarez l’accompagne à l’accordéon. Mathias parle à quelqu’un d’autre. Est-ce un ami ? Son double ? Une petite voix ? Qui ne lui répond qu’en musique, par des notes d’accordéon tendres ou déchirées.
Cela crée un spectacle intense. Un hommage touchant à double fond à Claude Nougaro, au poète, au chanteur. Un regard aussi sur le métier de comédien, de ceux du bas de l’affiche, de ceux qui courent le cachet et font face à des fins de mois difficile.
Ici, l’enjeu nouveau est de me lancer dans l’écriture d’une pièce qui serait à la fois un (faux) seul en scène (car il y aurait la présence du musicien Lionel Suarez) et un récit qui emprunte au genre du « biopic », en imaginant la tranche de vie tourmentée d’un quadragénaire, marqué au fer rouge, fasciné, motivé, par la personnalité riche, trouble, complexe, du chanteur et poète Claude Nougaro.
Charif Ghattas. Auteur et metteur en scène de ce spectacle plein de verve.
Comme un refrain
Le texte percutant, ciselé pour être à la hauteur du verbe du poète toulousain vous emporte d’emblée dans son univers d’écorché vif et de destin bousculé. Magnifiquement incarné. Grégory Montel – Dix pour cent, Les Chatouilles, Les Parfums – est totalement époustouflant dans son double rôle. Tant par cette gestuelle corporelle de Nougaro – ces coups d’épaule et de tête – que par des « oripeaux » vestimentaires dont il s’affuble.
En quelques traits , le compositeur chanteur revit par son phrasé, sa démarche, sa voix, le temps d’un instant furtif, pour disparaitre et revenir à d’autres moments. La complicité de l’acteur avec le musicien Lionel Suarez dont la présence est tout aussi forte bouscule le monologue, multiplie les rythmes des mots et des notes. Nougaro dont la présence sur scène est inoubliable se serait retrouvé dans ce jeu incarné de notes et de mots, jeté comme des « boules de cuirs » sur un ring.
La mise en scène de Charif Ghattas et Grégoire Montel, tout comme la scénographie de Laure Montagné accentuent l’aspect féérique par des tableaux visuels intenses. Montel alias Mathias chantant du Nougaro dans la brume et les lumières changeantes est un des plus beaux moments de la pièce.
Mon carnet de chansons de Claude Nougaro
Tu verras, j’ai entendu cette chanson dans sa version française avant de découvrir l’originale de Chico Buarte O que Será ? Celle de Nougaro est emplie d’espoir sur le renouveau d’un couple.
Il faut tourner la page, superbe texte sur le temps qui passe.
Armstrong, un message d’espoir contre le racisme et un hommage à l’incomparable Louis Armstrong
Nougarok, chanson mythique sur une ville