Immersive L’expérience Lady Sapiens (Muséum d’Histoire Naturelle)

jusqu’au 31 juillet 2022, Cabinet de réalité virtuelle, Muséum d’Histoire Naturelle, 36 rue Geoffroy Saint-Hilaire, 75005 Paris
3e étage de la Grande Galerie de l’Évolution, accès au fond sur le déambulatoire – Billetterie
Plein tarif 10€ – Tarif réduit 7€ – Gratuit pour les jeunes de moins de 26 ans
Le livre : Lady Sapiens, signé Thomas CirotteauJennifer Kerner et Éric Pincas, 256 p. Éditions Les Arènes

Bénies soient les technologies virtuelles ! Et surtout les pionniers en font le meilleur usage, appuyés il est vrai par un documentaire et un livre éponyme réalisés par les meilleurs experts. A commencer par le Muséum d’Histoire Naturelle de Paris qui après ‘les animaux disparus’ nous entraine en plein Paléolithique recrée sur les traces de la femme de Neandertal avec une exposition très immersive et animée. Avec une thèse très contestée.

Sur les traces de Lady Sapiens

Le visiteur découvre l’environnement de Lady Sapiens Photo Little Big Story, Ubisoft & France Télévisions

Elle me tend la main et n’entraine dans sa grotte. Que me veut-elle ? Elle me montre les peintures rupestres qu’elle a sans doute commise et me montre comment en faire autant. Je plonge ainsi ma main dans des récipients remplis de pigments inconnus et entame à mon tour une formidable carrière de peintre pariétal. Visiblement, mes talents ne convainquent personne et Miss Sapiens, Lady pour les commissaires de l’exposition, m’entraine au dehors. Le langage des gestes permet de suppléer l’absence de vocabulaire. Sous un teepee, cette tente des Amérindiens, un couple tente de m’enseigner l’art et la manière de tailler des silex. Bientôt je partirai chasser le mammouth.

Retour  vers le futur

Lady Sapiens Photo Ubisoft & France Télévisions

Si vous désirez partager cette expérience extraordinaire, vous devez vous rendre au Musée d’Histoire Naturelle, au troisième étage derrière la formidable Grande Galerie de l’Evolution.  Avec ses partenaires d’Ubisoft et de France Télévision, le Musée a configuré une pièce spécialement pour vivre cette plongée dans la préhistoire, 38 000 années en arrière. Chaussé d’un casque de réalité virtuelle, un Occulus pour les spécialistes, vous entrez immédiatement en contact avec Lady Sapiens qui n’avait rien d’une cruche occupée à préparer le repas, épouiller la fourrure de son homme et nettoyer la caverne.

Côtoyer au plus près Miss Sapiens

La précision de l’environnement historique fait aussi le force de l’expérience Lady Sapiens Photo Little Big Story, Ubisoft & France Télévisions

En profitant de la somme des connaissances accumulée sur le sujet, les savants ont compris que ‘’les activités des femmes n’avaient rien de genré’’. Si, si. Il est clair que l’homme et la femme de Neandertal avaient des occupations très semblables. Ils chassaient ensemble et très surement décoraient les murs des cavernes de concert, pendant des générations. Comme quoi les grands artistes ont toujours eu des élèves. A noter que selon les paléontologues, Miss Sapiens avaient de très beaux yeux bleus. Tant pis pour les autres.

#RobertMauss

Et si l’âge de glace était aussi l’âge de la femme ?

Si le livre Lady Sapiens, signé Thomas CirotteauJennifer Kerner et Éric Pincas (Éditions Les Arènes), reprend l’enquête de terrain du documentaire scientifique France TV, il développe et détaille grâce à une trentaine de scientifiques internationaux un portrait nuancé, complexe, d’une femme respectée et honorée, mère, fine artisane, mais aussi chasseresse ou artiste…Dans une forme pédagogique  les découvertes récentes sur la femme préhistorique sont efficace et accessible. Surtout il ouvre le débat !

Car bien évidemment l’approche plutôt « genrée » des activités d’une femme plurielle n’a pas manque d’ouvrir la polémique.
Sophie Archambault de Beaune, préhistorienne et conseillère scientifique du film, raconte que la répartition des tâches se faisait moins entre hommes et femmes qu’en fonction des compétences de chacun. Pour la paléogénéticienne Évelyne Heyer (musée de l’Homme, Paris) Lady Sapiens, athlète à la peau noire et aux yeux bleus, choisit son partenaire en dehors de son clan pour assurer sa descendance. Les scientifiques Jean-Jacques Hublin (Institut Max-Planck, Leipzig) et Kristen Hawkes (Université d’Utah, États-Unis) racontent comment les jeunes adultes pouvaient confier les enfants aux bons soins des grands-mères, capables de les nourrir pendant qu’ils se livraient à des activités plus physiques, telles que la chasse.

 Une émancipation des femmes à tempérer

Sous titre, Lady Sapiens, les femmes préhistoriques, d’un stéréotype à l’autre ?, un collectif** de 9 chercheurs dans un long texte très argumenté envoyé au Sciences2 du Monde, s’il salue la qualité de la forme du livre et du documentaire, qui aurait pu « représenter un outil de premier ordre, si seulement il ne s’employait tout du long à peindre une image de la situation des femmes qui correspond bien davantage à un fantasme contemporain qu’à l’état de la connaissance scientifique. », les accusant d’évacuer « les nombreuses observations qui pourraient contredire leur propos ». Ils concluent que « le récit que tisse Lady Sapiens à partir des données de la science met en scène une version modernisée du mythe du matriarcat primitif ; mais là où c’était l’enfantement qui était censé avoir conféré aux femmes une place prééminente, c’est désormais leur activité productive qui aurait assuré l’égalité paléolithique des sexes.’ Et ‘insister « il est au contraire beaucoup plus vraisemblable que les mêmes causes ayant produit les mêmes effets, les sociétés humaines du Paléolithique récent étaient caractérisées tant par la division sexuée des activités que par des niveaux plus ou moins marqués et plus ou moins formalisés de domination masculine. »

*Autrice et réalisatrice : Camille Duvelleroy – Narratrice Rachida Brakni – Conseillère scientifique : Sophie Archambault de Beaune
Produit par Sophie Parrault, Little Big Story – Coproduit avec Ubisoft, France Télévisions, France TV StoryLab  – Production exécutive Ubisoft et Chloé Jarry – Lucid Réalités
**Anne Augereau, Fanny Bocquentin, Bruno Boulestin, Christophe Darmangeat, Dominique Henry-Gambier, Jean-Loïc Le Quellec, Catherine Perlès, Nicolas Teyssandier, et Priscille Touraille.
Avec le soutien du CNC Expériences Numériques