La Belle histoire de Coline Serreau, seule en scène de Coline Serreau (Théâtre Michel)

Qu’est-ce qui peut encore faire courir la réalisatrice de “Trois hommes et un couffin” à « Saint-Jacques… La Mecque », et qui ne cesse de se démultiplier ? Vous le saurez mieux après son seule sur scène très pétillant « La Belle histoire de Coline Serreau » où la comédienne, cheffe de chœur, autrice et plus encore – croque son parcours passionnant, riches de souvenirs et anecdotes désopilantes au Théâtre Michel, jusqu’au 23 décembre à Paris et en tournée dans toute la France. Plus qu’une suite de sa biographie #Colineserreau (Actes Sud, 2019), la libre conteuse sollicite le contact du public, constate Ghyslaine Moreau de Raymeront pour mieux partager son amour de la vie, et il est communicatif !

Une enfant de la balle

Née de l’écrivaine Geneviève Serreau et du metteur en scène Jean-Marie Serreau, Coline Serreau sait de qui tenir! Pleine de vie, elle a le précieux talent de savoir faire rire, ses Trois hommes et un couffin ou La Crise, en sont les meilleure preuves. Toujours amoureuse du monde de la création, si notre artiste a fait des études de lettre, elle a aussi suivi le Conservatoire de Musique, des cours de trapèze à l’École du Cirque d’Annie Fratellini, sans oublier de faire de la danse classique et moderne.

« La Belle histoire de Coline Serreau », woman show photo Camille Deslandes

Le cinéma qui cache une forêt d’activités

C’est pourtant avec le cinéma qu’elle va s’épanouir avec un premier film en 1975 ‘Mais qu’est-ce qu’elles veulent’, une quinzaine d’autres suivront où elle signe aussi le scénario. Longs métrages, courts métrages, clips, documentaire, cinéma ou télévision, devant ou derrière la caméra, réalisatrice ou scénariste, auteure et metteure en scène de théâtre et d’opéra, rien ne l’arrête débordant les étiquettes trop facilement accolées.

Et dans son univers artistique, la musique n’est jamais loin

Certains thèmes musicaux de ses films sont composés par ses soins. Depuis 2003 elle a aussi crée et dirige L’ensemble vocal Delta.
Difficile de faire plus femme qui s’épanouit dans l’action et la création. Elle a fait son chemin dans un univers où dans les années 80 la femme devait s’affirmer avec force et fermeté pour faire exister et respecter son travail.

« La Belle histoire de Coline Serreau », woman show photo Camille Deslandes

Un seule en scène comme une clé des champs

Plus qu’une autre biographie figée, le woman show lui permet de jouer de la variation et des éclats d’une vie menée tambour battant. Notre artiste nous y raconte avec humour son premier petit boulot pour pouvoir s’acheter des bonbons. Déjà elle avait l’idée d’écrire des histoires pour une de ses camarades de classe plus fortunée, rémunérée 20 centimes la page.
Elle évoque l’école où enfant elle a appris à voyager dans les arbres, son numéro de trapèze est mis en lumière, les danseurs Hip-Hop qu’elle a drivé pour faire un spectacle explosif à l’Opéra Bastille, les coulisses de Trois hommes et un couffin. Vidéos et humour s’entrechoquent.
Elle épingle aussi les écolos machos, leurs principes ridicules et les a priori. Elle revisite aussi la scène culte de Maria Pacôme dans La Crise, raconte des anecdotes de théâtre, de cinéma et des ratages désopilants.

1h30 de spectacle instructif, travaillé en tranche de vie comme un gâteau où drôleries et sarcasmes sont au rendez-vous.

44 ans de carrière et une actualité bien réelle, tout un programme pimenté.

La scène est vide, une table, une chaise et Coline rentre habillé en noir et blanc, neutre, se place debout en son centre et commence ses récits. Sans trop de mouvement elle capte en un rien de temps son public par des mimiques expressives et un vrai talent de comédienne. Son talent prend toute sa dimension quand elle nous raconte son vécu lors du festival d’opéra à Bayreuth où le metteur en scène a voulu faire rentrer un cheval sur scène et des soucis lors de la première interviennent et perturbent autant les ballerines que les acteurs. La gestuelle et la présence de notre grande dame sont impressionnantes, son public se retrouve à Bayreuth en un rien de temps.

Une femme de caractère, de conviction et d’admirations

Si rien ne l’arrête, Coline Serreau a toujours avancé avec subtilité et conviction dans ses choix. Très vite elle a compris combien devenir comédienne était son objectif, mais son père l’a mise en garde « il faut être une athlète pour prendre cette voie ».

« La Belle histoire de Coline Serreau », woman show photo Camille Deslandes

Aussi,  elle s’est mis au trapèze pour se muscler et aime se balancer dans les airs, où il faut battre la mesure comme au son d’un métronome pour ne pas tomber. Pour éviter la chute fatale, il faut être « à la fois détendu et mobilisé ». C’est une activité physique, mentale, instructive et musicale qui lui servira tout au long de son existence.
Aussi ses succès, 3 hommes et un couffin en tête ne doivent rien au hasard. Si le film a fait rire le monde entier mais c’est aussi un chef-d’œuvre d’un travail d’orfèvre.

L’artiste revient sur cette mécanique du succès, souligne le choix de son sujet sociétal et sa volonté de penser chaque image avec soin : « il n’y a pas un plan qui ne soit pas vraiment un tableau », comme une artiste peintre.

Une trajectoire en partage

Femme engagée, réfléchie et talentueuse, cette intelligence de la vie transparaît dans ce seule en scène qui permet toutes les digressions en fonction du public. Gourmande, elle sait en jouer sans jamais perdre le fil du scénario d’une vie, animée de convictions, de chances et d’admirations. Et de prendre un plaisir communicatif à le partager.
Un moment magique et enrichissant.

sans oublier une des mises en scène de Coline rien que pour le plaisir!

Ghyslaine Moreau de Raymeront

jusqu’au 23 décembre 24, Théâtre Michel, 38 Rue des Mathurins, 75008 Paris – Tél. : + 33 1 42 65 35 02 – réservations

Tournée en France

  • 16 novembre 24 LA-CHAUX-DE-FONDS (CH), Maison du Peupl
  • 24 novembre, MONTELIMAR (26), Théâtre Emile Loubet
  • 24 janvier 25, VIROFLAY (78), Auditorium de Viroflay
  • 30 janvier, CASTELNAU-LE-LEZ (34), Espace Le Kiasma
  • 6 février, SAINTE-FOY-LÈS-LYON (69), L’Ellipse
  • 7 février, VINCENNES (94), Auditorium Jean-Pierre Miquel
  • 21 février, PORRENTRUY (CH), Salle de l’Inter
  • 21 mars, BAYEUX (14), Halle ô Grains
  • 3 avril, SAUMUR (49), Théâtre Le Dôme