La dégustation géo-sensorielle pour comprendre les terroirs viticoles
Auteur : Isabelle Bachelard Article publié le 6 avril 2018 à 15 h 19 min – Mis à jour le 3 novembre 2019 à 12 h 36 min
Jean-Michel Deiss, fameux vigneron d’Alsace défend les vins de lieu. Pour les découvrir et les comprendre, la dégustation géo-sensorielle est une approche traditionnelle qui revient au goût du jour, jusque dans une formation universitaire. A découvrir, ainsi que deux vins qui signent leur terroir.
« Rugueux, horizontal, sombre… » tels sont les mots qu’utilise Jean-Michel Deiss, vigneron à la tête du domaine familial de Bergheim (Haut-Rhin) pour décrire les vins. On est loin des parfums de framboise ou des couleurs pétale de rose. Il s’intéresse aux vins de lieu, c’est à dire propres à un site, à un terroir, sans confusion possible avec un autre lieu géographique. Depuis plusieurs années, il prône un retour à la dégustation ‘géo-sensorielle’ qu’avait initiée les « gourmets » du XIIe siècle, pour évaluer les vins en fonction de leur origine.
« Chacun de nous est équipé pour capter la signature tactile d’un vin et la décrire avec 50 mots universels » explique Jean-Michel Deiss. On peut nommer une forme et emprunter au vocabulaire du toucher de la main. Cette dégustation géo-sensorielle s’oppose à la dégustation analytique passant par la distinction des arômes. C’est une expérience avant tout tactile, avec des vins servis dans des verres noirs, de sorte qu’aucune information liée à l’aspect, couleur ou viscosité par exemple, ne peut interférer dans l’interprétation.
Reconnaitre les vins de lieux, c’est tout d’abord distinguer les caractéristiques des trois grandes familles de roches et leur spécificités : les roches cristalline (grès, granite, sable, gravier), sédimentaire (calcaire, argile) ou volcanique. La salivation que produit le vin dans la bouche informe, car elle est liée à l’énergie que la plante a reçue de son lieu (sol et environnement) et qu’elle va ensuite transmettre à son fruit physiologiquement mûr. Le travail du viticulteur, par des gestes et savoir-faire ancestraux, est de tout mettre en œuvre pour aider la vigne à capter au mieux le signal du lieu et de faire mûrir le rais
Il y a cinq ans, Jean-Michel Deiss avait créé une « Université des Grands Vins » pour les amateurs. Mais il savait que pour inscrire dans la durée les terroirs et la dégustation géo-sensorielle, il fallait monter une formation officielle. C’est chose faite. Le 28 mars, l’université de Strasbourg a accueilli d’éminentes personnalités du monde viticole et scientifique pour saluer la création d’un diplôme universitaire (DU). Dans le cadre de la formation continue, il propose un programme pluridisciplinaire (histoire, géologie, sociologie, géographie, religion, neurosciences) aux professionnels du vin, du tourisme, de la gastronomie et aussi à tous les amateurs de vin curieux. Son titre « Vers le terroir viticole par la dégustation géo-sensorielle » a été choisi pour évoquer au mieux « l’alchimie sol-vin-climat pour des vins uniques : le vin révèle l’histoire du lieu ».
Henry et Jean-Sébastien Marionnet, Cuvée Renaissance 2017 : Un rare gamay de Touraine, planté en vignes franches de pied, c’est-à-dire comme avant le phylloxéra et vinifié sans aucun soufre ou produit œnologique. (18,70 €)
Jean Becker, Riesling grand cru Froehn 2015 : Un blanc complexe, d’un domaine pionnier du bio en Alsace, sur un terroir argilo-marneux exposé sud sud-est à Zellenberg. (17,50 € )
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