A voir : Radioactive, film de Marjane Satrapi

L’avis de notre chroniqueur cinéma Calisto Dobson
en salles
Radioactive, film de Marjane Satrapi avec Rosamund Pike et Sam Riley a bénéficié d’une ressortie après la crise du Covid. Le biopic s’attarde plus précisément sur le portrait d’une femme dont l’intelligence acérée et le caractère bien trempé lui permettront de s’imposer dans un monde d’hommes au sein d’une société corsetée.
Personnage éminent, Marie Curie s’est déjà vu évoquée au théâtre* (“Les palmes de monsieur Schutz”, 4 Molières en 1990, adapté au cinéma en 1997) et au cinéma* “Marie Curie” en 2016. Et elle le mérite !
En dehors de sa découverte avec son mari mort prématurément écrasé par un “camion hippomobile”, elle fut non seulement la première femme à décrocher un prix Nobel, qu’elle reçut finalement deux fois, (la première ce fut son mari qui le reçut en leur nom), mais également la première femme titulaire d’une chaire à la Sorbonne.

De la BD au cinéma

Marjane Satrapi, cinéaste qui vient de la bande dessinée (son premier long métrage, “Persepolis” Prix du Jury ex aequo à Cannes en 2007, est adapté de sa propre BD autobiographique), réussit à imposer un univers aux influences du neuvième art évidentes (le film est adapté d’un roman graphique) et aux ambiances parfois oniriques.
La contamination au radium permettant à la réalisatrice de produire quelques scènes fantasmagoriques. La photographie vibrante d’une lumière phosphorescente irradie une mise en scène parfois entrecoupée de séquences consacrées aux conséquences atomiques de sa découverte. L’évocation de son parcours, ses prises de position envers les scientifiques de son époque engoncés dans leurs préjugés, sa farouche détermination à s’imposer ont le mérite de mettre en lumière la grande force de cette femme audacieuse qui ne doutait pas de sa supériorité; ce qui lui valut d’être souvent considérée comme arrogante.
Ajoutons que suite aux prières pressantes de sa fille aînée (Irène Joliot-Curie qui par ailleurs fut aussi récompensée par un Nobel de chimie avec son mari; les chiens ne faisant pas des chats), elle participa activement à l’effort de guerre pendant la première boucherie mondiale en allant sur le front pratiquer la radiographie balbutiante, un des bénéfices de sa découverte, afin d’éviter les amputations systématiques et nous avons là une raison supplémentaire de donner à ce film la possibilité d’être autre chose qu’un simple rappel historique d’utilité publique.

Nous pouvons enfin nous étonner qu’il s’agit là d’une production américaine et qu’en France aucun producteur ou auteur digne de ce nom (le film est adapté par Jack Thorne d’après l’oeuvre de Lauren Redniss), ne se soit emparé de ce destin hors du commun d’une femme d’origine étrangère qui fit rayonner la France à travers le monde.

*”Les palmes de monsieur Schutz” pièce de Jean-Noël Fenwick, adaptée par Claude Pinoteau pour son dernier film avec Isabelle Huppert, Charles Berling et Philippe Noiret.

#CalistoDobson

*”Marie Curie” production polonaise de Marie-Noëlle Sehr encore avec Charles Berling.