Le Caravage - Le Bernin. Le baroque à Rome au Rijksmuseum

Si cette révolution esthétique n’est nommée ‘barocco’ que bien plus tard, les commissaires de cette somptueuse exposition pluridisciplinaire au Rijksmuseum d’Amsterdam ne hésitent pas à dater « les passages de la Renaissance au baroque » chers à Philippe Beaussant, « lorsque Le Caravage (1571-1610) commence à faire fureur à Rome vers 1600 ». Si l’étiquette historique manque de nuances, plus de 70 chefs-d’œuvre du Caravage au Bernin et de leurs contemporains éclairent entre 1600 et 1640 la portée de ces transformations esthétiques et intellectuelles.

La Renaissance est-elle finie ?

Loin des étiquettes trop tranchées, L’exposition s’attache à ce qui relie deux générations d’artistes adeptes d’un art radical comprenant, les « caravagistes »; père et fille Gentileschi, Borgianni, Bartolomeo Manfredi, Guercino, Baglione et Mattia Preti, mais aussi des Néerlandais comme Ter Brugghen, Honthorst van Van Baburen…, puis celle du Bernin (1598-1680) artiste polyvalent qui pousse techniques et virtuosités, multiplie les feux d’artifice, d’émotions et de théâtralité.

Jusqu’en 1640 environ, s’affirme puis s’ impose des éléments de langage artistique où triomphe non plus l’élégance, mais l’émotion, le combat de la lumière et de l’ombre, le drame et l’opéra, la dynamique des formes et la bravura…. Tout se tient dans ce passage de ‘aequanimitas’ (le temps au-delà du temps) aux ‘affetti’ (ces émotions qui ne dépassent pas le temps). Peinture, sculpture, et architecture – la musique trop souvent oubliée – collaborent étroitement. Le barocco ne change pas seulement la physionomie de Rome, il impose la quête de l’émotion exacerbée dans l’Europe entière.

Carravaggio Narcissus Palazzo Barberini – Museo Nazionale d’Arte Antica

A lire
Catalogue : Caravaggio-Bernini. The barok in Rome. Hannibal (anglais), 39,95€
Philippe Beaussant, Passages, De la Renaissance au Baroque. Fayard, 2006, 21.20€