Auteur : Robert Mauss
Article publié le 5 mars 2021

Si le département de la Creuse (n°23 – Préfecture Guéret) n’est pas le plus riche en monuments et attractions touristiques, il possède de nombreux atouts qui méritent le détour et qu’on s’y perde. A commencer le Labyrinthe Géant des Monts de Guéret, vaste dédale de 2,5 hectares de verdure aux multiples surprises. Une fois échappés, un retour à la civilisation s’impose dans la Cité Internationale de la Tapisserie d’Aubusson.

« Maman, au secours ! Tu es où ? » « Ca fait une heure que nous tournons en rond. »

Le Labyrinthe Géant des Monts de Guéret situé à trois kilomètres de Gueret, la préfecture de la Creuse, au milieu d’un magnifique cirque naturel @ DR

Le labyrinthe tient ses promesses.  En plus, il n’y a même pas un banc pour se poser et délasser ses vieilles jambes ! Il faut marcher et marcher, tourner en rond, aller de droite à gauche et inversement. Bref, la balade dure au moins une heure entre les murailles végétales du plus grand labyrinthe du genre en Europe, et peut-être même du monde ! Selon Camille Beaume, la gestionnaire du site, il en existerait un autre plus vaste en Chine ou au Japon.

Peu importe les records ! Le Labyrinthe Géant des Monts de Guéret est assez vaste pour occuper une bonne demi-journée. Le journaliste de Singulars a effectué le parcours en quarante minutes ! Ce qui lui a valu les félicitations générales du personnel du parc, mais également un avertissement : la performance n’a aucune valeur. Souvent, la visite suivante dure beaucoup plus longtemps, jusqu’à deux heures parfois. Camille Beaune se souvient d’une famille complètement perdue dans le dédale de végétation et qu’il avait fallu secourir avant la fermeture du parc, alors que ces gens avaient déjà parcouru le Labyrinthe en moins d’une heure !

A droite ou à gauche…selon les indices

Le labyrinthe de Gueret même s’étend sur 2,5 hectares avec quinze kilomètres de haies @ DR

J’avoue ne pas être trop inquiet. Pour aider les visiteurs, le Labyrinthe est truffé d’indices et d’énigmes pas franchement compliquées. Au hasard des allées et des intersections, le promeneur tombe sur un panneau numéroté. Il se réfère à un questionnaire remis à l’entrée qui va l’aider à s’orienter à droite ou à gauche. Par exemple au panneau numéro n°4 (sur 14), le questionnaire ‘’Gastronomie’’ demande ‘’Qu’est ce qui est le plus calorique’’, Droite : 70 grammes de croissant ou gauche : 40 grammes de rillettes ?
Si vous préférez le questionnaire centré sur la mythologie, il vous sera demandé toujours devant le sixième panneau le nom du héros grec qui se brula les ailes en voulant rejoindre le soleil : droite Icare, gauche Hercule. Vous avez compris ? Si vous choisissez le croissant ou Icare, vous êtes sur le bon chemin, sinon vous allez tournicoter. Bon, ce n’est pas tout ça. Je vous laisse réfléchir devant le panneau, pour mieux vous relater mon expédition.

2,5 hectares de verdure

Le Labyrinthe est situé à trois kilomètres de Guéret, la préfecture de la Creuse, au milieu d’un cirque naturel entouré d’une forêt de chênes et de feuillus Il parait d’ailleurs qu’à l’automne, les visiteurs ramassent volontiers des ceps et des girolles en plein dans les allées. Il est dû à l’association ‘’Job Espoir’’ désireuse de réinsérer des adultes dans la vie active tout en favorisant le tourisme. L’affaire date de vingt ans. La ville a donné le terrain. Les collectivités, y compris l’Union européenne ont participé au financement.

Des indices sont donnés aux marcheurs pour retrouver le fil de la sortie @ DR

Rien n’a été simple, à commencer par le nettoyage du site qui servait de décharges à une communauté de ferrailleurs, avant de pouvoir planter les onze mille premiers arbustes qui forment les allées.  L’association a surmonté des épreuves invraisemblables comme le gel des premières plantations. Mais le mérite est récompensé. Aujourd’hui sept personnes à plein temps dont quatre jardiniers s’occupent des dix hectares du site. La Labyrinthe lui-même s’étend sur 2,5 hectares avec 15 kilomètres de haies qu’il faut entretenir constamment. L’opération prend un mois et doit être conduite deux fois par an. Et puis, il faut désherber, entretenir les allées, empêcher les ronces de prospérer. De plus le site est fermé en hiver et les mauvaises herbes poussent très vite. Alors, on ne chôme pas au Labyrinthe !

Ne vous attendez pas à baguenauder au milieu de fleurs et d’espèces rares.

Les haies sont constituées de trois végétaux : des lauriers du Caucase, des lauriers du Portugal et des éléagnus, des arbustes persistants. Il n’y a pas que les humains pour vouloir profiter du Labyrinthe. Les oiseaux viennent nidifier, d’autres animaux établissent leur terrier, et malheureusement pour les jardiniers, il arrive que des sangliers et des chevreuils des forêts alentours défoncent les haies pour trouver la sortie.

Toute une série d’activités est prévue pour les jeunes de tous âges.

Avec les années, le parc a complété ses prestations. Le parcours végétal est assorti d’un labyrinthe fait de panneaux de bois, juché sur un promontoire avec une jolie vue. Des animations comme des jeux d’adresses sont proposés aux petits et au reste du monde, une petite ferme, ainsi que des toboggans aquatiques. Ainsi que trois ‘’Escape Games’’ thématiques répondent aux attentes à la mode. Et si on ajoute la buvette et les aires de pique-nique, on peut passer sur le site une très bonne journée.
Détail pratique : si vous êtes dans le coin pendant l’été, commencez la promenade le matin vers 10h, pour ne pas être abruti par le soleil, surtout avec des enfants.

Le Labyrinthe attire ainsi selon les années (hors pandémie) entre 20 et 25 000 visiteurs, ce qui en fait l’un des principaux sites touristiques de la région.  Ah j’oubliais ! Comment faire pour sortir du parcours végétal quand on est incapable de s’orienter ? Simple : il suffit de se positionner à coté d’un des quatorze panneaux qui permettent de se diriger (vous vous souvenez ? Icare, les croissants, à droite, à gauche…) et de téléphoner à l’accueil qui enverra un jardinier pour vous sauver de prison de lauriers et d’éléagnus !

Heureusement, le parcours de la Cité Internationale de la Tapisserie d’Aubusson réserve aucun risque de se perdre dans ses 5 siècles d’histoire.