Le nectar des dieux, par Lucas Gonzalez, et sur scène François Piel-Flamme et Hugo Klein (Funambule Montmartre)
Une stimulante plongée dans l’histoire du vin
Il y avait déjà plusieurs best-sellers sur l’histoire du vin, même une BD, … désormais il faut compter sur le théâtre, grâce à trois auteurs, Lucas Gonzalez, et sur scène François Piel-Flamme et Hugo Klein, manifestement sommeliers passionnés!
D’ailleurs ils nous reçoivent dans un décor plutôt sobre, des caisses en bois, des tonneaux et des vignes, entre la cave et le bistrot, « ces lieux familiers de l’amateur comme du novice« , assis dans à leur petite table de dégustation, et deux verres à pied.
Un premier verre pour un ami absent, et c’est parti !
Plus de 10 000 ans d’une histoire, festive autant culturelle que sociale vont se déployer, ponctués de nombreux levés de coude ! D’une découverte par hasard à la culture attentive, fruit de recherches patientes et de sélections rigoureuses, des générations de vignerons – goûteurs passionnés – ont réussi à produire la boisson culturelle par excellence.
Mais pas seulement. Si les Grecs pensaient que lorsqu’on buvait le vin, c’est Dionysos lui-même qu’on buvait, si le Christ se déguste à la messe, c’est bien que cette boisson tient du divin. Tant par l’ivresse qu’elle procure, que par ses innombrables subtilités de saveurs.
Ce serait bien sûr autour d’une bouteille que l’idée du spectacle est née.
Un procédé d’écriture original
Le trio d’auteurs a en commun le cours Florent, il a écrit un duo, pour mieux nourrir une dynamique de dialogues en ping-pong, avec les rôles bien répartis : Lucas Gonzalez, met en scène ses deux compères François Piel-Flamme et Hugo Klein où la fabrique et la pratique du vin prennent épaisseur au fil des rebondissements historiques, avec une dose de fantaisie et d’humour communicatif.
Le podium installé en fond de scène laisse deviner qu’un cérémonial va commencer, tout aussi sacré qu’ordinaire.
Lucas Gonzalez, metteur en scène
Pièce sur l’univers du vin et sur ceux qui l’apprécient
Tout à la fois sérieusement documenté et extrêmement drôle, voir un peu déjanté puisque nos deux compères sont plutôt portés sur la bouteille, ce serait dommage d’avoir le vin triste sur un tel sujet. Bourrés de malice et d’énergie, les deux comédiens ne cessent de joindre le geste à la parole pour nous entrainer dans leur univers. A la fois civilisation, doit moi ce que tu bois je te dirais qui tu es, le récit saute d’époque en époque, les grands moments du vin ne sont jamais loin de l’ivresse.
- A : On a vendu trop de vin. On a plus d’amphore. B : Eh ben ? On le met là-dedans !
- A : Un tonneau ? C’est pas pour la cervoise ?
- B : C’est pas grave, moi je fais ça ! C’est solide. A : Oui c’est plus solide qu’une amphore…
- B : C’est léger.
- A : C’est plus léger qu’une amphore…
- B : C’est stockable.
- A : Oui tu peux les empiler, c’est mieux qu’une amphore…
- B : Et c’est transportable.
- A : Oui, ça roule, c’est mieux qu’une amphore.
Déboucher une bouteille et refaire le monde.
A la fois universel et intime, ici on ne boit pas n’importe comment ! Nous passons en revue César, Dom Pérignon, Marie-Antoinette. On apprend ainsi que le vin coulait à flots pendant la Révolution, des révolutionnaires à la famille royale, que Louis XVII s’arrêtait à nombre de relais de poste pour étancher sa soif pendant la fuite à Varenne… ce qui aurait permis son arrestation….
Rassurons les sobres, ce plaisir communicatif et érudit n’aura d’autres effets secondaires que de leur mieux savourer un sujet universel, pour les amateurs, il leur soufflera un peu plus d’intelligence pour comprendre pourquoi on tient tant à la « divine » bouteille.
Des brèves de cave à savourer sans modération.
Jusqu’au 1er septembre. Du mercredi au samedi à 19h ou 21h, en alternance. Le dimanche à 18h. Funambule Montmartre.