Le roman d'orage, Sous la menace, de Vincent Almendros (éditions de Minuit)

Il aime juin…les orages de juin, les terribles orages de juin. Il est né un 21 juin… Pour ses anniversaires, parfois le ciel lui fait la grâce d’un putain d’orage ! L’apocalypse apaise comiquement l’anxieux toujours vaguement coupable, en Patrice Gree ! « Sous la menace » de Vincent Almendros (éditions de Minuit) est un roman d’orage. Un orage d’été…qui n’éclate pas ! Un orage qui pousse des hurlements dans le ciel, mais ne s’effondre pas en pluie libératrice. Le suspend épais et étouffant de lourd secrets de famille pèse sur chaque roman de l’auteur de Ma chère Lise à Faire mouche, en passant par Un été (Minuit, 2011, 2018 et 2015).

Ça tonne, mais ça ne craque pas !

C’est un mince roman par temps épais et lourd. Un vent chaud, annonçant le pire, balaie les derniers mots qui trainaient aux pieds des phrases dont les cimes vacillent ! Tu sens qu’il va se passer quelque chose, quelque chose de grave…mais tu ne sais pas quoi ! Et tu ne le sauras pas ! Almendros nous balade… il fait monter la tension chez le lecteur, mais pas à la façon d’un auteur de polar violent.
Non…chez Almendros, il ne se passe rien, ou si peu !

Tout est dans le non-dit…  La violence est dans le non-dit ! Et comment dire le non-dit ?

 Par le style…la littérature, c’est le style ! Almendros est un grand styliste. À ton corps défendant, l’inquiétude s’insère, dans des phrases d’une banalité tranquille, au service d’une action réduite au minimum syndical. Et c’est formidable…

Quentin 14 ans, est un adolescent silencieux et tourmenté. Son corps se transforme, des boutons d’acné envahissent son visage, une menace d’exclusion du collège pour une bagarre avec un camarade qui le trouvait laid, plane sur lui. Son père mort quelques années plus tôt, hante sa mémoire…

 Elle ne cherchait plus à cacher l’aversion que je lui inspirais.

Sa mère, sans manifestations d’affection, crainte, le rudoie à la moindre occasion. On se demande bien pourquoi ! Quentin n’’est pas rebelle, il se tait et trouve chez sa cousine Chloé, 11 ans, une complice de jeux, parfois inquiétants, le temps d’un week-end passé à la campagne chez ses grands-parents. Le père du père mort, perd la tête, la mère, elle, retrouve le fils disparu à travers ses vêtements qu’elle offre à Quentin.

Un perroquet qui répète «  tu parles Charles » toute la journée, s’immisce dans l’histoire… Le décor est planté, le lecteur embarqué ! Comme dans toutes les familles, il y a un secret. Quentin le sent, Quentin le sait.

Ce sera le fil conducteur de cet étrange roman dont la fin, te laisse étonné et ravi… sur ta faim !

 Patrice Gree