Vins & spirits
Le vin bio n’est plus anecdotique : état des lieux à Millésime Bio et sélection
Auteur : ISABELLE BACHELARD
Article publié le 1 février 2019 à 15 h 36 min – Mis à jour le 7 février 2019 à 10 h 30 min
« Là c’est déjà le voisin, comme tu peux voir, c’est nickel, ce n’est pas du tout comme ça chez toi. Ah non, tu n’as pas un brin d’herbe entre les plants » dit Isabelle.
« Si tu ne veux pas d’herbe, tu es obligé de mettre de l‘herbicide et l’herbicide ça gâte le goût du vin » répond son amie Magali avant de poursuivre : « Il y a un avantage, on trouve de la petite roquette, tu peux la mélanger à ta salade ».
Depuis ce film Conte d’automne* dans lequel Eric Rohmer présentait en 1998 l’actrice Béatrice Romand en viticultrice innovante au sein de l’appellation côtes-du-rhône, sur fond d’Ardèche sauvage et de Tricastin nucléaire, le vin bio a changé d’échelle. Dans les dix dernières années les surfaces de production mondiale ont plus que triplé pour atteindre 436 000 hectares en 2018 ; 545 000 hectares devraient être revendiqués en 2022. A cette date, la consommation devrait atteindre un milliard de bouteilles par an dans le monde, soit un tiers de plus qu’aujourd’hui. Le segment du bio représentera alors 3,6% du marché contre 1,2% dix ans plus tôt. La France restera dans le peloton de tête du vin bio avec l’Italie et surtout l’Espagne. Les trois pays européens produiront 73% du vin bio mondial.
*Distribution : Béatrice Romand, Marie Rivière, Alain Libolt, Didier Sandre. Produit en 1998 par Les Films du Losange.
https://youtu.be/v7VNJOirDEg
De l’agriculture biologique au vin bio
La production bio est encadrée depuis 1991 dans toute l’Union européenne comme « un système de gestion agricole et de production alimentaire qui allie les meilleures pratiques environnementales, un haut degré de diversité, la préservation des ressources naturelles, l’application de normes élevées en matière de bien-être animal et une méthode de production ayant recours à des produits et des substances naturelles. » Dans le cas particulier de la France, l’Agriculture Biologique (AB) fait partie des signes de qualité (comme les labels rouges et les appellations protégées) régis par l’INAO, l’Institut National de l’Origine et de la Qualité. Le recours à des produits chimiques de synthèse ou des OGM est interdit. La gestion des adventices (les mauvaises herbes) se fait par labour, paillage ou binage.
L’état des textes
Ce n’est que depuis le 8 février 2012 que la législation concernant la production de raisins bio a été complétée par une définition du vin bio qui en permet la certification. Elle s’articule autour de 3 points clés :
– 100% des ingrédients agricoles sont certifiés bio ;
– Restriction ou interdiction de certains procédés physiques tels désalcoolisation ou filtration extrême ;
– Respect d’une liste restreinte d’additifs dont les sulfites ;La durée de conversion vers le bio d’un vignoble traditionnel est de trois ans minimum. A partir de la 2è année, l’étiquette du vin peut mentionner « produit en conversion vers l’AB ».
Vin « nature » ou vin « naturel » ?
L’utilisation des sulfites pour stabiliser les vins a été le point d’achoppement qui a longtemps retardé la définition du vin bio. Les doses de soufre maximales autorisées aujourd’hui sont d’environ un tiers moindres dans les vins bio : 100 mg au lieu de 150 pour les rouges, 150 au lieu de 200 pour les blancs et rosés secs, 170 au lieu de 200 pour les blancs et rosés doux (2 à 5 g de sucre par litre).
L’allégation « nature » ou « naturel » utilisée pour évoquer des vins élaborés sans additif est interdite et ne peut être apposée sur une étiquette. Il n’existe pas de règle, mais l’INAO travaille sur le sujet afin de proposer un terme qui serait acceptable et ne prêterait pas à confusion. Une étiquette peut mentionner « sans sulfites ajoutés » si le vigneron peut prouver sa technique, mais il faut savoir que le vin peut encore présenter des sulfites inhérents au vin lui-même.
Notre sélection de vins Bio, choisis lors du salon mondial du Bio.
Le salon Millésime Bio 2019 à Montpellier
Montpellier peut être considérée comme la capitale du vin bio puisque la nouvelle région Occitanie est la première et représente à elle seule 7% de la surface mondiale de vignes bio. C’est là…
Le salon Millésime Bio 2019 à Montpellier
Montpellier peut être considérée comme la capitale du vin bio puisque la nouvelle région Occitanie est la première et représente à elle seule 7% de la surface mondiale de vignes bio. C’est là que se déroule chaque année le salon Millésime bio qui a accueilli du 28 au 30 janvier 1 200 producteurs de vin bio, venus de 20 pays et plus de 6 200 professionnels, acheteurs, cavistes et importateurs. Découvertes ou confirmations, voici quelques-unes de nos meilleures dégustations occitanes.
–Chapelle de Novilis IGP Coteaux d’Ensérune
Une néo-vigneronne passée directement du marketing au bio et une petite IGP à découvrir au nord-ouest de Béziers. Un rouge complexe nommé Evolus, épicé, avec beaucoup de relief et de la matière, long et stylé, dans le millésime 2015 prêt à boire (18,50€).
–Le Clos des Saumanes AOP Côtes-du-Rhône villages Gadagne
Une minuscule appellation à découvrir que ce villages de Gadagne, né à Châteauneuf-de-Gadagne, une autre ancienne résidence papale située au sud-est d’Avignon, près du canal de la Sorgue. Le 2015 est un vin complet, sudiste, épicé, mais bien équilibré et doté d’une jolie texture. (10 €)
–Château de Nages, Michel Gassier Costières-de-Nîmes
Le petit vin jadis appelé Costières du Gard a fait du chemin, en particulier ce domaine qui brille depuis des années, certifié bio en 2008.
La cuvée vieilles vignes 2016 est un classique ensoleillé au grain très fin, avec un joli relief malgré sa puissance (12,70 €). Etiqueté vin de France car on a ajouté le merlot à l’assemblage local grenache/syrah pour abaisser l’alcool, le Liberty charme par son équilibre et sa bouche parfumée et fraîche. (7,30 €).
–Domaine Pierre Clavel AOP Languedoc et Pic Saint-Loup
La cuvée Bonne Pioche 2017, issue de grenache, syrah et mourvèdre, en attente d’embouteillage s’annonce bien avec son fruit éclatant, sa bouche épicée et pleine de vie, sa finale de violette et de caillou (16 €). Quant à Les Clous, en 2016, c’est le velouté exceptionnel du Pic qui le distingue avant tout. Grand style, long et épicé. Il se mérite (38 €).
Les adresses
–Chapelle de Novilis IGP Coteaux d’Ensérune
www.chapelledenovillis.com
34370 Maraussan
Tél. : 06 74 74 38 42
–Le Clos des Saumanes AOP Côtes-du-Rhône villages Gadagne
84470 Châteauneuf-de-Gadagne
Tél. : 04 90 22 42 75
–Château de Nages, Michel Gassier Costières-de-Nîmes
30132 Caissargues
Tél. : 04 66 38 44 30
–Domaine Pierre Clavel AOP Languedoc et Pic Saint-Loup
34820 Assas
Tél. : 04 99 62 06 13
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