Théâtre : Lennon et McCartney, de Germain Récamier (A La Folie Théâtre)

Jusqu’au 4 mars 2023. Vendredi et samedi à 19h30. A La Folie Théâtre, 6, rue de la Folie Méricourt – 75011 Paris Renseignements – réservations  – Tél.: +33 1 43 55 14 80
Mise en scène : Camille Broquet – Avec : Zuriel de Peslouan et Régis Lionti

Il faut toujours un certain culot pour s’attaquer au mythe des Beatles, Germain Récamier (Duos, Le regard de l’autre) réussit le challenge avec une jolie comédie appuyée sur la rencontre fictive entre Paul Mc Cartney et John Lennon en novembre 1980 à New-York quelques jours avant la mort de Lennon. Dans une mise en scène de Camille Briquet, la pièce Lennon et McCartney se joue à la fois de ce qui relie et oppose deux frères (Zuriel de Peslouan et Régis Lionti) au génie et au égo sans limites. Un intense shoot de nostalgie musicale à la Folie Théâtre jusqu’au 4 mars les vendredi et samedi à 19h30.  

Je pense pour ma part, qu’au-delà des tubes immortels que nous avons tous chantés,
ce qui fait la persistance des Beatles dans la mémoire collective, c’est la magie d’un duo.
Germain Récamier, Note d’intention Lennon et McCartney.

 La magie insolente d’un duo

Fan des Beatles depuis toujours, Germain Récamier a cherché d’abord à leur rendre hommage, mais aussi s’immiscer dans les relations complexes qui liaient les deux piliers du groupe mythique : « John et Paul, deux frères, deux ennemis. Deux talents si opposés, si complémentaires, si essentiels l’un pour l’autre » déclare l’auteur adepte du ressort dramatique du duo en huis clos. Il a précédemment écrit Duos (2014) sur les retrouvailles de deux amis comédiens fâchés, puis Le regard de l’autre (2017) sur un écrivain qui décide de séduire incognito une de ses lectrices, enfin Papa est libre (2019) sur des retrouvailles entre Père et fille.

Zuriel de Peslouan, Régis Lionti incarnent les deux piliers des Betles dans Lennon et McCartney, de Germain Récamier, (A La Folie Théâtre) Photo DR

Et si Paul McCartney et John Lennon avaient renoués ?

Nous sommes à New-York le 25 novembre 1980, Yoko Ono est sortie.  Dix ans après leur séparation du groupe en avril 1980, Paul propose Lennon de chanter de nouveau ensemble. Que se serait-il passé si Lennon n’avait pas été assassiné quelques heures plus tard ?

La réponse est aussi tendre qu’efficace, habitée par deux personnages aux caractères et aspirations désormais antagonistes. Mais c’est aussi l’occasion de plonger dans la dynamique créative qui les hissa en une décennie au firmament du rock, comme en témoigne le documentaire Get Back, de Peter Jackson.

La mise en scène de Camille Broquet éclaire les ambivalences de la rencontre de Lennon et McCartney, de Germain Récamier (A La Folie Théâtre) Photo DR

Deux frères derrière la légende

Le huis clos de l’appartement de John au Dakota building de New York facilite une dramaturgie tirée au cordeaux. Les deux « frères ennemis » sont interprétés par Zuriel de Pesloüan qui campe un Lennon plus vrai que nature, lui empruntant des postures et utopies et par Régis Lionti dans le rôle de Mc Cartney; comptant moins sur la ressemblance physique, il en croque mieux le caractère pragmatique et dirigiste.

Pour tirer le mieux d’un spectacle concis basé sur des dialogues ciselés et percutants, la mise en scène de Camille Broquet s’accorde à la partition qu’elle tient parfaitement associant anecdotes et extraits musicaux, et n’en rajoutant pas, ni dans la dramaturgie, ni dans une nostalgie sirupeuse.

Zuriel de Peslouan, Régis Lionti génies et égos démesurés dans Lennon et McCartney, de Germain Récamier, Mise en scène de Camille Broquet, avec (A La Folie Théâtre) Phot DR

Le coté brillant plus que sombre

Ce qui aurait pu être une comédie dramatique très sombre, relayant le mythe d’une détestation homérique, la pièce joue davantage le registre de la comédie bienveillante. Les retrouvailles sont plutôt chaleureuses, nourris de leur admiration et séduction réciproques. Sans oublier des piques entre frères bien senties. Les comédiens grattent la guitare, des extraits de chansons incontournables rappellent leurs succès . C’est plutôt léger, drôle. Certains regretteront que la rencontre ne soit pas l’occasion de révélations ou d’une introspection sur les causes de leur rupture. L’auteur préfère brosser ce que les unis pour mieux comprendre ce qui les sépare.

Les connaisseurs des « 4 de Liverpool » resteront sur leur faim, mais les autres spectateurs – fans de la première comme les plus jeunes – en ressortent heureux, un brin nostalgique d’une époque qui n’est plus, mais portés par leur musique si magique. Pour preuve, quand Paul reprend Jealous Guy à l’annonce de la mort de John, émotions garanties.

#Patricia de Figueiredo