Les brèves de Servane de février : Fonda Lee, Ann Patchett, Blake, Emily Henry et M.L. Rio

(Brèves de lecture) Quelle que soit la densité de ses activités professionnelles, Servane Lauriot dit Prévost lit, lit même beaucoup. Et de tout, avec gourmandise, comme en témoigne la diversité des romans qu’elle recommande ce mois-ci : de la fantasy, avec « La Cité de Jade », de Fonda Lee (De Saxus), un récit intime et universel, avec « La Maison des Hollandais », d’Ann Patchett (Actes Sud), de la science-fiction « Dark Matter », de Blake Crouch (J’ai lu), une rom com avec « Book lovers », d’Emily Henry aux (Penguin Random) enfin un roman dark academia, « If we were villains », de M.L. Rio (Castelmore)

La Cité de Jade, de Fonda Lee (De Saxus)

Premier tome d’une trilogie, ce roman fantasy a tout pour lui : des personnages complexes, une intrigue politique soignée et une magie plus que convaincante. Sur l’île de Kekon, deux clans s’affrontent pour le contrôle de la cité de Janloon et de son jade, pierre précieuse qui confère à ceux qui le portent une force, une vitesse et une agilité surhumaine. Porter du jade, c’est prêter allégeance à l’une de ces 2 familles, jusqu’à la mort.

Fonda Lee a un talent évident pour créer des personnages auquel on croit, mais elle réussit surtout à les faire évoluer dans un contexte de jeux de pouvoir digne des plus grands récits de mafia, entre sacrifice, honneur et trahisons.

La Maison des Hollandais, d’Ann Patchett aux éditions Actes Sud

Maeve et Danny Conroy, frère et sœur, fument une cigarette dans la vieille voiture de Maeve, garée en face de la Maison des Hollandais, dans laquelle ils ont grandi. Cette immense bâtisse, avec son ravissant jardin, ses draperies, ses chandeliers et sa faïence de Delft, ils n’ont de cesse d’y revenir, incapables de tourner la page d’une enfance marquée de traumatismes.
Est-ce un hommage ? De la curiosité ? Un besoin de donner du sens à ce qu’ils ont vécu, à ce qu’ils vivent encore : à l’incompréhension, à la douleur, au ressentiment ?

Ann Patchett questionne avec justesse le rapport aux lieux qui marquent notre enfance. Dans ce récit intime et universel, elle fait de la Maison des Hollandais la clé du pardon de Maeve et Danny à leurs parents, mais aussi et surtout à eux-mêmes.

Dark Matter, de Blake Crouch aux éditions J’ai lu

Alors qu’il rentrait chez lui un soir, Jason est frappé et kidnappé par un inconnu masqué. Lorsqu’il se reprend connaissance, il constate, incrédule, que sa vie a complètement changé. Il n’est plus marié, son fils n’est jamais né, et lui-même serait un scientifique de renommée mondiale. Mais alors qu’il essaye de retrouver sa vie d’avant, rien ne peut le préparer à ce qu’il va découvrir.

Haletant, parfois angoissant, vertigineux de questionnement, ce récit de science-fiction explore le concept de multiverse avec virtuosité. C’est glaçant et ça se lit d’une traite.

Book lovers, de Emily Henry aux éditions Penguin Random House (non traduit)

Nora Stephens est une brillante agent littéraire, Charlie Lastra est le nouvel éditeur avec lequel elle doit travailler. Entre eux deux, lors de leur 1ère rencontre, le courant ne passe pas du tout. Alors lorsque Nora, en vacances en Caroline du Nord avec sa sœur Libby, tombe sur Charlie au détour d’une rue, on imagine mal comment ils parviendront à coexister, même pour quelques jours.

« Book lovers » est une très bonne romance, par la maîtresse du genre. Elle a exactement ce qu’il faut de flirt et d’amour, des personnages suffisamment complexes pour être convaincants, et quelques clichés charmants sur les petites villes rurales américaines.
On se croirait dans une comédie romantique du début des années 2000 et de temps en temps ça fait du bien.

If we were villains, de M.L. Rio aux éditions Castelmore

Oliver sort de prison après 10 ans pour meurtre. Avant son emprisonnement, il faisait partie d’un petit groupe d’étudiants en théâtre Shakespearien dans un conservatoire de la Côte Est des Etats-Unis.

Souvent comparé au « Maître des Illusions » de Donna Tartt, ce roman noir du genre anglo-saxon dark academia est une exploration à la fois des passions obsessionnelles (ici, celle du grand dramaturge anglais) et de ses conséquences, lorsque tragédie et réalité se confondent et que le jeu sur scène s’immisce dans le quotidien, poussant nos personnages jusqu’au drame. L’ambiance est délicieusement lourde et sombre, et vous serez tenus en haleine jusqu’à la dernière page.

Servane Lauriot dit Prévost