Les Choses, Une histoire de la nature morte, de Laurence Bertrand Dorléac (Musée du Louvre - Gallimard)
Dans notre monde bavard, les artistes nous invitent à prêter attention
à tout ce qui est silencieux et minisucule
En donnant une forme aux choses de la vie et de la mort,
les artistes parlent de nous, de notre histoire depuis toujours.
Laurence Bertrand-Dorléac, préambule du catalogue.
Le passage du livre aux cimaises gagne en évidences même si l’ampleur étourdie, tant elle couvre et touche des aspirations contradictoires : le sentiment de l’abondance versus la frugalité, le raffinement versus la frugalité, la sérénité versus le chaos, l’unicité versus la variété… « On peut y sentir le réel comme son étrangeté, l’instabilité du monde comme sa permanence » glisse la commissaire à la fascination pour les choses préférées à la « nature morte » toujours en alerte.
Si son ambition est intacte (transformer notre regard sur la ‘nature morte’ en général et les animaux en particulier), le propos se concentre sur ce que les « choses disent de nous » , des représentations des haches gravées du néolithique, à l’art le plus contemporain avec Miguel Barcelo par exemple. Egratignant tout en y cédant la logique d’accumulation et d’ostentation qui s’infiltre pour le meilleur et le pire dans tous les cadres de l’art occidental… que tente de contrebalancer l’omniprésence des vanités : du squelette à deux cruches mosaïque pompéienne datant du 1e siècle avant notre ère considérée comme le plus ancienne connue, au porte bouteille de Duchamp, ici réévalué…
« En donnant une forme aux choses de la vie et de la mort, les artistes parlent de nous, de notre histoire depuis toujours : de nos attachements, de nos peurs, de nos espoirs, de nos caprices, de nos folies. Il suffit pour les écouter de regarder attentivement ce qu’ils ont créé. » insiste dans le somptueux catalogue qui offre un « chosier » abécédaire confié des dizaines d’écrivains…
#Olivier Olgan