Les Nouveaux Ridicules, de et avec Régis Mailhot (Théâtre des Deux Ânes)
Il vous le dira lui-même, il est saltimbanque.
Son artisanat de l’humour, Régis Mailhot le pratique depuis plus de vingt ans. Bien avant la vague des stand-upers à tout va et leurs blagues inoffensives sur la couleur de leurs chaussettes. Neveu du chansonnier Jacques Mailhot, en digne héritier d’une longue lignée de satiristes, il nous confie vouloir “épaissir le trait, pointer la bêtise et rire des nouveaux ridicules.” Ce qu’il pratique au long cours lors de ses chroniques lors de l’émission de Paris Première La Revue de Presse.
Un rive ravageur
Actuellement repris au sein du centenaire Théâtre des Deux Ânes, son spectacle créé au dernier Festival d’Avignon est un bain de jouvence. Irrésistible, son sens du comique pince sans rire fait des ravages. Chaque réplique fuse et dénonce tout ce qui mine actuellement notre société ravagée par l’outrecuidance de la légitimité d’un bon droit sans cesse revendiqué comme étant irréfutable.
Tout le monde en prend pour son grade, jusqu’à Régis lui-même, qui finalement se reproche sans doute de ne pas être suffisamment en phase avec une époque percluse de sa propre suffisance.
Le spectre des cibles de notre pourfendeur de salubrité publique est si large qu’il couvre l’ensemble de ce qui constitue désormais des communautés abreuvées de liberté et d’égalité et qui en ont complètement oblitéré ce qui en faisait le ciment, la fraternité.
Nouveau ridicule, nous le sommes finalement tous, incapables de comprendre qu’avant tout, il est sain de s’interroger sur ce qui motive nos aversions et de ce qui a édifié nos penchants.
Ni donneur de leçon, ni aseptisé
Régis Mailhot ne distribue pas de bons ou de mauvais points. Il nous satirise et nous encourage à penser par nous-mêmes en restant à l’affût de ce qui est susceptible de nous égarer sur le chemin de l’ignorance, de la peur et de l’intolérance.
N’allez pas voir ce spectacle, courrez-y, précipitez-vous avant qu’il ne soit interdit pour la transgression de sa liberté de parole. Ironiquement tirée de la « grande inquiétude » qui étreint notre réjouissant facétieux à laquelle il ne cesse de faire allusion, la liberté d’expression est de nos jours plus que nécessaire afin que chacun d’entre nous puisse encore rire de ses propres divergences.
L’humour restant la plus utile des armes de l’intelligence.
Théâtre des Deux Ânes 100, boulevard de Clichy 75018 Paris – réserver