Culture

Les pérégrinations poétiques et suaves du discret Mathieu Boogaerts

Auteur : Olivier Lauriot dit Prévost
Article publié le 5 mars 2021

[Découvrir la variété au sens propre II] Mathieu Boogaerts fait partie des rescapés des années 90, comme Matthieu Chedid, avec qui il forma le Groupe Tam Tam. Nourri de Bob Marley et Dick Annegarn, et de percussions africaines, cet excellent musicien de scène s’épanouit en solo depuis 1995 avec son premier album Ondulé Spécial. Les neuf albums qui ont suivis brossent un univers poétique unique. Le dernier « en anglais » date de février 2021. Portrait 

Le petit univers de Mathieu Boogaerts est né en 1994, avec le succès du clip « Ondulé », coréalisé avec Emilie Chedid. Il s’épanouit depuis tranquillement avec ses 7 albums studios. Ce sont des arrangements discrets, qui encadrent le son d’une guitare aux couleurs de ukulele, sur laquelle l’artiste tisse une prose pleine de poésie. Il est touché par les choses simples, accessibles.

Un musicien qui se savoure vraiment live

Simple ? Certes, mais pas simplet. Son écriture, souvent répétitive, met en lumière les sonorités de la langue française. Comme dans ce On dirait qu’ça pleut, astucieux dans l’utilisation des assonances et des répétitions.

Mathieu c’est aussi un personnage de live, tout seul, ou ici accompagné d’Albin de la Simone et de JP Nataf. Au lieu d’enchaîner les chansons,  il aime réfléchir tout haut, raconter la genèse de ses œuvres. De sa voix haut perchée, il confie ses doutes et sa vision des choses, dans son costume composé de son éternel jean et de ses tee-shirts de couleur rouge, jaune, orangés. La clé du live de Mathieu Boogaerts, c’est ce balancement léger, qui au fil des chanson évolue en mouvements frénétiques ou battement de pied discret. Son sourire discret irradie une joie communicative.

Promeneur

On disait de Mel Tormé qu’il était « un chanteur pour les chanteurs ». Ce joli qualificatif pourrait également s’appliquer à ce fils d’antiquaire et de pharmacienne. Son écriture s’est fiancée naturellement à des voix féminines aux personnalités multiples, parmi lesquelles Camélia Jordana et Vanessa Paradis.
Depuis 2016 après son album Promeneur, Mathieu Boogaerts vit à Londres. Et c’est en arpentant la capitale qu’il découvre un autre monde musical, pourtant séparé de la France de quelques kilomètres. Une éternelle litanie se répète durant les quatre ans où Mathieu se fond dans la culture locale comme il l’a fait plus jeune au Kenya : Comment pensent les gens ? Pourquoi sont-ils si différents de nous, français ? Et enfin, le mystère ultime : comment écrire des chansons que les gens peuvent comprendre ici ?

Boogaerts en anglais 

Le résultat de cette réflexion est cet album « en anglais » plutôt à part dans sa discographie et la trace de ce cheminement dans un documentaire dédié, Mathiou :

Tout en douceur, l’accent décidément frenchy de « Mathiou » s’allie aux sons de guitare confidentiels de Vincent Mougel, le complice qui l’accompagne sur ses tournées. Et la magie opère, dans l’enregistrement et dans ses apparitions toutes aussi qualitatives. Ici chez Nova, et peu de temps après chez Arte.

Alors, d’urgence, laissez-vous prendre de surprise par cet album pas comme les autres, dans lesquels se côtoient quelques arrangements à part dans le temps et l’espace.
Parmi lesquels, Guy of Steel, The Price et son swing très tentant, Your Smile, Annie.

Pour suivre Boogaerts en anglais ou pas

Un site à son image, discret et pertinent

Discographie

Partager

Articles similaires

Lucio Fontana, Il y a bien eu un futur (Musée Soulages Rodez – Gallimard)

Voir l'article

Le goût de la Francophonie, d’Emmanuel Maury (Mercure de France)

Voir l'article

Les Excellents revendiquent d’exécuter Les Beatles et d’autres trucs (Café de la Danse)

Voir l'article

Les Raisins de la colère, d’après Steinbeck, par Xavier Simonin (Théâtre Actuel La Bruyère)

Voir l'article