Les Symboles dans la peinture, de Robert Bared (Hazan)

Qui n’a pas souhaité posséder les clés de lectures pour comprendre les figures et les signes qui se cachent dans la peinture occidentale si imprégnée de christianisme ? Passeur confirmé et grand érudit, Robert Bared, déjà auteur de « L’art et le nombre«  est le guide idéal pour compendre la signification ou la portée des symboles, et établir les analogies pertinentes entre le visible et l’invisible. Son texte synthétique en regard d’une oeuvre bien choisie est dense et incisif. L’ouvrage (Hazan) volontairement synthétique apporte grâce à une mise en page fluide et thématique, les outils appropriés pour Olivier Olgan permettant de saisir tous les sens symboliques que les tableaux des grands maîtres recèlent. 

Le symbolisme dépasse le pouvoir des sens et convoque notre mental : il ouvre l’espace de représentation à ce qu’il ne représente pas.

Les sept clés du mystère

Le livre est subdivisé en sept chapitres, déclinant en premier lieu les symboles se rapportant au « temps et à l’espace » (soleil et lune, jardin, labyrinthe), mais aussi aux éléments et à la matière (auréole). En deuxième et troisième lieu, est présenté le symbolisme des principaux « nombres » et « couleurs » ; en quatrième lieu, celui du corps humain (nudité, mains, crâne).
En cinquième et sixième place viennent la « faune » et la « flore » ; enfin les « objets et outils » (clés, balance, livre, verre de vin).

Le pictural comme champs d’explorations

Le corpus iconographique exploré – les chefs d’œuvres de la peinture occidentale – est d’autant plus fécond que certains symboles comme le masque, le miroir, la palette ont directement trait à l’art pictural, à la mise en abyme ou à l’autoportrait du peintre. Des incursions dans d’autres arts comme la sculpture n’auraient pas été assez représentatives, vu l’étendue impartie à l’ensemble ; et puis le champ pictural est déjà si riche et si abondant, renfermant tous les symboles de l’art.

Comme le miroir, ou tout reflet est ambivalent,  chaque toile recèle des symboles à la fois de la connaissance et… de la vanité.

La vanité balaie tout sur son passage, rappelle l’historien : non seulement les grands représentants de la matière – étoffes irisées, pierres précieuses ou ustensiles en or –, mais aussi les emblèmes de l’esprit – œuvres de littérature ou de musique. Elle se manifeste dans tout ce qui est fugace, images spéculaires et cire ou huile se consumant, engagées dans une course faussement immobile contre la mort.

Tout est vanité.

Tout, y compris, bien sûr, le présent ouvrage dans tous ses aspects, notamment l’exhaustivité, toujours illusoire. Vanité des vanités. Tout, jusqu’à la peinture elle-même, le symbole des symboles, qui porte haut les étendards de l’illusion et du langage symbolique. La peinture reflète le monde, où le symbole est partout. Et omnia vanitas. Et tout est symbole.

Leurs significations et leurs enjeux s’en trouvent plus ouverts même si cela ne fait que souvent que d’approndir leur mystère.

Olivier Olgan