Culture

L’infini des fils interconnectés de Janaina Mello Landini

Auteur : Marc Pottier, Art Curator basé à Rio de Janeiro

Article publié le 20 juillet 2020

Découvrir les artistes d’aujourd’hui (I). Le Brésil dispose d’un vivier d’artistes talentueux quasi illimité et la plupart de ses talents sont reconnus et montrés en France. C’est le cas de Janaina Mello Landini. Cette artiste, née en 1974, déploie ses fils métaphoriques dans un réseau spatial qu’elle nomme Ciclotrama.

Ciclotrama 142 Domaine de Chaumont-sur-Loire en 2019 © DR 

La transformation du fil en réseau

Architecte de formation, passionnée de physique et de mathématiques, l’artiste brésilienne née dans l’état du Minas Gerais et habitant aujourd’hui São Paulo abandonne vite le support classique des toiles où se contorsionnent ses compositions pour inventer de savants dialogues avec l’architecture des lieux où elle est invitée. Janaina Mello Landini y décline depuis une dizaine d’années, les possibilités infinies du fil et de la corde sans traitement ni coloration dont elle multiplie ramifications – de sculptures en installations immersives – en œuvres complexes, entièrement réalisées à la main.

Ciclotrama, ou l’oeuvre en process

Souvent réunies et numérotées sous le titre générique de Ciclotrama, terme qu’elle a inventé, il  renvoie à l’idée de répéter éternellement un même acte autour d’une même trame : « Conceptuellement, c’est la section d’un cycle continu, binaire et infini, explique Janaina, c’est une caractéristique de structure hiérarchique schématique composée de parties interdépendantes. L’idée principale est de développer le raisonnement d’une conception spatiale à travers l’expérience de la force et de la tension physique entre les fils d’une corde, fournissant la répartition des charges reçues par chacun d’entre eux. »

Ciclotrama 142 Domaine de Chaumont-sur-Loire en 2019 © DR

Les infinies possibilités des interconnections

Fascinants, ses réseaux très organiques, invasifs appellent de puissantes métaphores : réseaux sanguins ? ramifications de conopées ou plantes imaginaires ? racines ? terminaisons nerveuses ?… Ici l’œuvre s’étire, au service de l’expérience du lieu ; elle s’étend avec une légèreté et une subtilité saisissante voulant souligner les infinies possibilités des interconnections de nos trajectoires personnelles. Ses œuvres sont aussi pour elle une occasion de lancer un message politique et de susciter une réflexion sur une Nature que nous considérons comme un acquis et qui risque de disparaître

Adoptée par la France

Elle s’est faite remarquer par une installation spectaculaire à l’entrée de l’exposition « Double Je » au Palais de Tokyo en 2016 et n’a cessé depuis d’être réinvitée comme ce fut le cas à la fondation Carmignac à Porquerolles en 2018, au festival de jardins du Domaine de Chaumont en 2019 ou cette année son Ciclotrama 175 ‘impregnação’ (imprégnation) à l’Hôtel de Canberra à Cannes.

Pour suivre Janaina Mello Landini

site : Janaina Mello Landini

Sa galerie française : Virginie Louvet

Janaina Mello Landini Ciclotrama 105 © Galerie Virginie Louvet

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