Littérature : Billy Wilder et moi, de Jonathan Coe (Gallimard)
Quand on évoque le nom de Billy Wilder (1906-2002), viennent instantanément quelques titres inoubliables de ses films, Certains l’aiment chaud, Sept ans de réflexion ou Sunset Boulevard… Pourtant, moins connue est la vie de ce scénariste, réalisateur et producteur. Dans son roman Billy Wilder et moi, l’écrivain anglais Jonathan Coe lève un coin du voile, en se servant du tournage en Grèce de son dernier film Fedora en 1977 comme prétexte pour brosser toute son admiration pour le cinéaste.
Une tragédie sur quelqu’un pour qui tout est fini
Quelques années plus tard, elle est en effet embauchée pour être l’interprète sur le film Fedora qui se tourne sur une île grecque. Ce film sonne comme un écho à la réalité du réalisateur du mythique Certains l’aiment chaud, qui se sent sur une pente descendante de la célébrité alors que la jeune génération se tourne vers les « barbus » auteurs de Taxi Driver (Scorcese), Amercan Graffiti (Lucas) ou Les Dents de la mer (Spielberg).
Ce qui fait dire à sa femme : « Billy voit ce film comme une tragédie. C’est une tragédie sur quelqu’un qui a connu les sommets, mais pour qui tout est fini désormais. Ce n’est pas un film sur Barry Detweiler. Lui, c’est le personnage secondaire. C’est un film sur Fedora. C’est elle l’héroïne tragique. Et c’est à elle que Billy s’identifie. Voilà pourquoi il veut faire ce film. »
Un roman d’admiration


Fedora, Affiche, version restaurée
Prix Médicis pour La Maison du sommeil, 1998 Jonathan Coe nous offre un récit envoutant et lumineux. Le réel se mélange à la fiction avec naturel. Le romancier anglais a déclaré : « Paradoxalement, je pense qu’il est plus simple de dresser un portrait fidèle de quelqu’un à travers un roman qu’à travers une biographie. Le livre qui m’en a absolument convaincu est Ravel, de Jean Echenoz, que je tiens pour un chef-d’œuvre ». Pour bien cerner son sujet plusieurs procédés narratifs sont croisés dont une soixantaine de pages de scénario pour raconter les blessures du réalisateur d’origine autrichienne. Au moment où une partie du film est tournée en Allemagne, il se remémore ses années de jeunesse sous le joug du nazisme et la disparition de sa mère qui reste un traumatisme.
Le roman nous donne aussi l’occasion de découvrir ici la nature de Diamond, son co-scénariste, moins connu que Wilder, homme peu expansif et pourtant charmant.
Une chose est sûre, après la lecture du roman de Jonathan Coe, nous n’avons plus qu’une envie ; revoir sous un jour nouveau l’œuvre entière de Wilder.
#PatriciadeFigueiredo
Pour aller plus loin
A lire
Amis Américains : Entretiens avec les grands Auteurs d’Hollywood, Bertrand Tavernier, Actes Sudn 2020
A écouter
- W comme Billy Wilder, le joyeux pessimiste [France Culture 190119]