Littérature : Faire mouche, de Vincent Almendros (Les Éditions de Minuit)
Quand le… on dit, se nourrit du… non-dit !
Vincent Almendros est un auteur étonnant, à part ! C’est un styliste, un vrai, reconnaissable entre mille.
Ces personnages semblent traverser la vie avec des patins pour ne laisser aucune trace derrière eux.
Secrets, demi-secrets, rumeurs murmurées, qui au détour d’une conversation sans rapport, s’invitent à l’improviste ! Dans “ Faire mouche “, il est question d’une femme enceinte de quelqu’un d’autre, d’une amie qui le temps d’un mariage prend sa place, d’une cousine qui est peut-être une sœur, d’un père qu’on dit ‘empoissé’ par la mère, d’un oncle qui serait le père et d’un chien crevé qui annonce un autre cadavre à venir.
Personne n’est à sa place…
L’atmosphère est lourde comme un orage qui n’arrive pas à éclater ! Rien n’est dit, il ne se passe rien, mais tous les gestes sont observés et minutieusement décrits ! Cette description détaillée des lieux et des corps, par son habileté, détourne le lecteur du drame qui est en train de se jouer…tout en l’immergeant profondément dedans !
Il y a dans cette famille des rumeurs qui fermentent et pourrissent depuis des années.
Les mouches au fil du récit bourdonnent autour de cette pourriture planquée dans les mémoires. Il faudra attendre le dernier chapitre, la dernière page, la dernière phrase et le dernier mot pour connaître le mort !
Et Faire mouche …en plein dans le mille !