Culture
Littérature : Sigurđardóttir, Bon, Rufin
Auteur : Lanade
Article publié le 28 mai 2018 à 11 h 04 min – Mis à jour le 25 septembre 2018 à 11 h 10 min
La Guinée, l’Islande, ou encore le cœur d’une enfance abusée. Tels sont les territoires explorés par les écrivains de notre sélection : Yrsa Sigurđardóttir : ADN (Actes Sud), Adélaïde Bon : La petite fille sur la banquise (Éditions Grasset), Jean-Christophe Rufin : Le suspendu de Conakry (Flammarion)
Yrsa Sigurđardóttir, ADN, Éditions Actes Sud
Voilà un roman policier comme on les aime, captivant et haletant à souhait. Une fois entamé, on n’a qu’une hâte : aller jusqu’au bout pour connaître le dénouement de l’intrigue. La scène se situe à Reykjavik, un matin de 2015. Elísa Bjarnadóttir est retrouvée assassinée dans sa chambre, la tête entourée de scotch argenté. Cachée sous son lit, sa fille de sept ans est le seul témoin. Mais pour arriver à la faire parler et à remonter jusqu’à l’assassin, l’officier de police Huldar va devoir faire équipe avec l’une de ses connaissances : la psychologue des services de la protection de l’enfance, Freya. La collaboration s’annonce pour le moins houleuse ! Mais alors que l’enquête piétine, Karl, un orphelin asocial passionné de CiBi, reçoit d’étranges suites de chiffres sur son poste à ondes courtes. Des messages qui lui sont destinés, mais qui pourraient bien être liés au crime…
Auteur majeur de la scène scandinave, Yrsa Sigurđardóttir a déjà été distinguée pour plusieurs de ses œuvres, et notamment par l’Icelandic Crime Fiction Award, en 2011 et 2014. Avec cet opus, l’islandaise publie le premier tome d’une série réunissant Huldar et Freya. Vivement la suite !
Adélaïde Bon, La petite fille sur la banquise, Éditions Grasset
À 37 ans, la parisienne Adélaïde Bon signe son premier livre ; une autobiographie poignante et vibrante, tout en pudeur et retenue. Et pourtant si vivante et porteuse d’espoir. À 9 ans, la petite fille qu’elle est alors est retrouvée en état de choc. Elle vient d’être agressée dans la cage d’escalier de son immeuble. Immédiatement, sa famille porte plainte pour agressions sexuelles. Puis classe l’affaire. Adélaïde croît en faire autant. Pourtant, pour elle, ce jour signe le début d’une nouvelle ère. Le début d’années de souffrance, de mal-être et de peur, à lutter contre l’invasion de celles qu’elle nomme « les méduses ». Le début d’années à cacher ses angoisses derrière son sourire et ses kilos, à courir de psy en thérapies pour essayer d’identifier la cause de son malaise. Vingt-trois ans plus tard, un homme est arrêté. Il a agressé plusieurs petites filles du quartier. Adélaïde est contactée par la brigade des mineurs pour l’identification. Commence alors une confrontation, qui permettra enfin à la jeune femme de comprendre qui elle est et d’où elle revient. Un très beau livre, qui fait écho au magnifique spectacle théâtral d’Andréa Bescond, Les chatouilles, ou la danse de la colère, dont l’adaptation cinématographique vient d’être présentée au Festival de Cannes. Un ouvrage qui rend justice aux victimes d’actes pédophiles.
Jean-Christophe Rufin, Le suspendu de Conakry, Éditions Flammarion
Les livres de Jean-Christophe Rufin se suivent mais ne se ressemblent pas. Loin de la flamboyante épopée brésilienne de Just et Colombe, qui avait valu le prix Goncourt à l’auteur en 2001, Le suspendu de Conakry est un policier léger et savoureux. L’académicien y met pour la première fois en scène Aurel Timescu, Consul de France en Guinée. Atypique et asocial, mal fagoté et placardisé, ce roumain ex-pianiste de bar et afficionado de tokay va mener l’enquête. Car en l’absence de l’Ambassadeur, un ressortissant français est retrouvé… pendu au mât de son voilier ! Qui est cet homme ? D’où vient-il ? Pourquoi une telle exécution ? Aurel Timescu, passionné d’intrigues –il souhaitait rentrer dans la police-, investiguera envers et contre tout, pour faire triompher la vérité.
Écrit dans un style fluide et vivant, l’opus se lit avec facilité. On y goûte aux plaisirs de la vie d’expatrié et aux secrets du monde diplomatique. On succombe au charme désuet de cet anti-héro. Et c’est tant mieux, puisqu’avec ce premier opus Jean-Christophe Rufin, qui a été Ambassadeur de France au Sénégal, débute une saga diplomatico-policière. Les aventures d’Aurel Timescu n’en sont donc qu’à leurs prémices…
Références littéraires
- Yrsa Sigurđardóttir : ADN, Éditions Actes Sud, 416 p., 23 €
- Adélaïde Bon : La petite fille sur la banquise, Éditions Grasset, 258 p., 18,50 €
- Jean-Christophe Rufin : Le suspendu de Conakry, Éditions Flammarion, 322 p., 19,50 €
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