L’ombre chinoise de Napoléon, de Thierry Brun (Michel de Maule)
Des zones d’ombres à Sainte Hélène
Suite à sa seconde abdication, en 1815, après la défaite de la bataille de Waterloo et cent jours de lutte difficile, Napoléon 1er souhaite partir se réfugier aux Etats-Unis. Prisonnier du gouvernement britannique, il est déporté sous une étroite surveillance au milieu de l’océan Atlantique, sur l’île Sainte-Hélène, après une traversée de deux mois et une semaine, loin de tout. Il y vécu six ans jusqu’à sa mort le 5 mai 1821.
Installé le 10 décembre 1815 dans sa nouvelle résidence Longwood House, grande fermette sur un haut plateau ouvert aux vents et sans grand confort, humide et retiré de tout, surveillé en permanence par des gardes, il est malmené par le gouverneur de l’île. Il va rédiger ses mémoires mais la vie est rude, les conditions pesantes et son ulcère à l’estomac s’installe sournoisement.
Napoléon avait une dizaine de personnes de haut rang à son service, capitaine, officiers ou médecins. Pour garder la tête haute face à ses géôliers, l’Empereur tient à garder son rang et bien que prisonnier s’il ne reçoit pas de visites, mais il accorde des audiences. Cela dit, l’Empereur invitait volontiers les habitants de l’île, officiels, particuliers, marins ou soldats à venir le voir ou même à s’asseoir à sa table.
Un carrefour stratégique propice aux évasions
Le point attrayant de Sainte-Hélène est son point stratégique sur la route de l’Orient et la présence de chinois sur l’île. Escale obligée, plus de mille navires y transitent chaque année et les idées d’évasions sont plurielles. C’est à Sainte-Hélène, recevant l’ambassadeur anglais Lord Amherst, de retour de Chine, qu’il prononce sa célèbre prédiction : »Laissez donc la Chine dormir, car lorsque la Chine s’éveillera, le monde entier tremblera !« .
Sur les 646 Chinois recensés sur l’Ile, 23 travaillent à Longwood. Sur ce point Thierry Brun, après avoir lu les mémoires de plusieurs témoins nous livre son point de vue, cœur de son livre : « Les habitants de l’île de Sainte Hélène ont été enrôlés dans une lutte qui va opposer l’empereur Napoléon à l’oligarchie anglaise. Mais une réalité moins connue est la position stratégique de la colonie chinoise, forte de plus de plus de 600 individus et commandée par un conseil de trois vieux sages. Ce triumvirat a chargé Chen Jin d’approcher Napoléon. Chen est un chinois exilé et envoyé secrètement par l’empereur de Chine Jiaxing, afin d’obtenir des informations sur les Anglais. Il est présent à Longwood, lorsque Napoléon donne la leçon à l’ambassadeur anglais lord Amherst ». Romancé par Thierry, jusqu’au nom de ses personnages, les acteurs secrets de ce drame révélé ici sont Chen Jin, son espion dit l’ombre chinoise de Napoléon, et la belle Yi Lian, le dernier amour de Napoléon.
Une chose est sûre et véridique, l’oncle de Napoléon III appréciait ses amis chinois au point d’avoir, lors de son agonie, une dernière pensée pour eux : « et mes pauvres Chinois que deviendront-ils ? » tout en les ayants couchés sur son testament. Les différentes tentatives d’évasion de Napoléon sont également tout à fait réelles et l’auteur nous en fait le récit circonstancié.
Un magnifique éclairage sur la tragédie de Sainte-Hélène
A part ses propres Mémoires, celle de son aide de camp, et de son geôlier, peu d’écrits se concentrent sur les relations de l’Empereur et les habitants de l’Ile. Bien documenté, et un séjour à St Hélène, traité avec beaucoup de réalisme, écrit d’une plume agile et d’un ton enjoué, le récit de Thierry Brun décrit au plus près de ces heures peu racontées.
L’ancien chef de clinique du service de Bactériologie de l’hôpital Cochin à Paris qui a travaillé sur le dossier médical de Napoléon Bonaparte apporte un éclairage nouveau que salue son S.A.I.R Le Prince Murat dans l’avant-propos : « A travers les extraordinaires relations de Napoléon avec un remarquable Chinois de l’île, le héros d’Austerlitz nous rappelle les hauts fait de sa prodigieuse destinée, mais aussi ses visions sur l’avenir…Ce livre nous apporte des informations précieuses. Riches…Majestueux… »
Merci Thierry Brun. Votre livre est brillant, original, éblouissant. Grandiose.
Comme l’Empereur
S.A.I.R Le Prince Murat
#Ghyslaine Moreau de Raymeront