(Musical) Soy de Cuba (13ème Art Paris) - Pasión de Buena Vista (Casino de Paris)

Jusqu’au 26 mars 2023

  • 21h, Soy de Cuba, Théâtre Le 13ème Art Paris, jeudi & vendredi à 21h, samedi à 17h et 21h et dimanches à 17h (puis en tournée, de Rodez (28 mars) à Bordeaux (8 avril), 
  • 20h, Pasión de Buena Vista, Casino de Paris, 16 rue de Clichy 75009 Paris

Hasard du calendrier, deux spectacles musicaux venus tout droit de Cuba posent leurs cadences ensorcelantes aux mêmes dates à Paris, étapes courtes de tournées internationales bien rodées. Outre la même date finale le 26 mars, tous les stéréotypes de la séduction cubaine s’y concentrent – cigares, mojitos, sublimes américaines aux chromes rutilants, chaleur exacerbée des corps rapprochés aux rythmes endiablés. Soy de Cuba avec ‘Viva la Vida’ renouvelle ses chorégraphies et musiques pour une bonne surprise au Théâtre Le 13ème Art Paris alors que Pasión de Buena Vista joue de la nostalgie de quelques grandes voix et des tubes éprouvés. Faites vite, le soleil de Cuba disparaît dès dimanche.

Des chorégraphies impeccables sur la musique de Rembert Egues Soy de Cuba, 13ème Art Photo Philippe Fretault

Soy de Cuba, Viva La Vida ou le partis pris de la danse cubaine d’aujourd’hui

Le label « Soy de Cuba » s’impose depuis 2011 comme une marque de comédies musicales de qualité, aussi tonique musicalement que vivifiant chorégraphiquement. Le nouveau cru 2023 sous le titre Viva la Vida tient toutes ses promesses, avec une troupe, des danses et des musiques renouvelées. Le dernier spectacle s’inspirait de la vie aventureuse de la danseuse Ayala Yanetsy, qui réalisait son rêve en passant de la plantation de tabac aux cabarets de La Havane. L’histoire (d’amour) de Viva la Vida – deux boxeurs rêvant de gloire convoitent la même femme, Alaya – n’est qu’un solide fil rouge pour accrocher les tableaux d’un spectacle techniquement et artistiquement parfaitement rodé.

Plus de 18 tableaux animent Soy de Cuba, Viva La Vida, 13ème Art Photo Philippe Fretault

Remarquablement encadrée dans toutes les configurations par les pas de les deux co-chorégraphes Dieser Serrano-Garcia et Evelyn Léon-Escobrar, la troupe de 14 danseurs enchaine – du pas de deux aux mouvements d’ensemble – pendant près de deux heures durant, 18 spectaculaires tableaux aux chorégraphies originales, parfaitement rodées, innovantes et surtout entrainantes. Ils peuvent s’appuyer sur la musique sur mesure de et sous la direction du compositeur Rembert Eguës. Du clavier, l’auteur complice de Danny Brillant et Maurane anime d’une main de velours un superbe ensemble live de 8 musiciennes – c’est en effet des femmes – qui dominent de la voix et des cuivres.
A la cadence exacerbée de la vaste panoplie des rythmes cubains – des mambos aux salsas en passant par les reggaetons et rumbas – la soirée file vite. Avec sa dose de sensualité, de couples bien assemblés, le tout bourré d’une énergie communicative qui vivifie sans prendre la tête.

Pasión de Buena Vista, aux rythmes d’une nostalgie rêvée

Les tubes de Pasion Buena Vista jouent sur la nostalgie du répertoire Photo DR

Sur la vaste scène du Casino de Paris, la rangée des musiciens du Buena Vista Band – essentiellement masculins – avec leurs habits de troupe scintillants, et l’énergie de ses chanteuses aux robes lamées, réussit à capter la nostalgie suave d’un exotisme patrimonial rêvé. Le spectacle parfaitement cadencé coche toutes les cases du grand répertoire musical cubain. Et on se laisse prendre !

Aucun des grands titres mythiques ne manque à l’appel : Bésame Mucho, Hasta Siempre Comandante, Guantanamera, Quizás, quizás, ou encore Chan Chan du célèbre Compay Segundo ; ils sont plutôt bien chantés, par des voix qui se succèdent,  hélas rendus parfois indigestes par un excès de sirop d’agave dans les arrangements.

La troupe de danse El Grupo de Bailar de Pasion Buena Vista Photo DR

Comble du décalage, l’irruption ponctuelle des membres de la troupe de danse El Grupo de Bailar avec leurs costumes folkloriques se démène comme elle le peut. Les chorégraphies un peu poussives d’un Carnaval d’un autre temps rajoutent plus de fébrilité que de magie à cette démonstration trop formatée. Certes,  il peut compter sur les voix de ses chanteurs féminines et masculines – hélas gâchées par une volonté d’en faire trop – pour vraiment nous rapprocher de la profondeur des nuits cubaines.

#Olivier Olgan