Mythologie du .12 , de Célestin de Meeûs (Éditions du Sous-Sol)

Récompensé à juste titre par le prix Stanislas 2024 du premier roman, Mythologie du .12 de Célestin de Meeûs (Éditions du Sous-Sol) de par l’apparente simplicité de son dispositif littéraire, propose une brillante variation pour Calisto Dobson de ce qui pourrait s’assimiler au dispositif d’une tragédie grecque.
C’est la fin de journée d’un 21 juin, premier jour de l’été. Dans une zac quelconque entre fast food, hypermarché, station d’essence et hôpital, un jeune est assis sur un muret à glander. Il y fait une chaleur lourde. Arrimé à son téléphone, entre joints et bières, il attend, sans attendre.
Dans le même temps, un médecin a fini son service à l’hôpital et rentre chez lui.

Un dispositif d’une simplicité confondante

Célestin de Meeûs a composé un brillant premier roman, récompensé à juste titre par le prix Stanislas 2024. À l’origine, poète auréolé du Prix de Poésie 2018 de la Vocation (Bleustein-Blanchet) pour son recueil Cadastres (Cheyne éditeur), ce jeune homme né en 1991, a réussi à innerver l’esprit de son texte d’une profondeur qui va chercher ses racines au sein des tragédies antiques.

Un titre énigmatique

Mythologie du .12 tire sa substance de la nuit des temps. Sans rien révéler d’une intrigue qui s’avance envers et contre tout sans que nous ne sachions ce qui va en empêcher le dénouement, nous nous trouvons saisis pris au sein d’une atmosphère surchauffée.

De très longues phrases sous la forme de pages entières irriguées de répétitions rythment la langueur des évènements.

Trois personnages, au milieu de presque nulle part.

Deux adolescents en quête d’une soirée de glande entre fumette et beuverie, face à un médecin bourgeois obsédé par sa sensation d’être victime d’une époque qu’il juge délétère.

Une densité d’écriture et de narration

Ce qui frappe à la lecture de ce dense roman de 144 pages, c’est la force avec laquelle, l’écriture transporte la narration. Il émane du texte tout le long de son déroulement une insidieuse détermination.
Celle d’une irréversibilité qui serait acheminée par le corps même du roman.

Comme si les mots charriaient le sang et les nerfs de l’histoire qu’ils racontent.

Un mode poétique imbriqué à la structure par la construction de blocs que composent les phrases dédiées à l’élévation du crescendo d’un propos universel, immémorial, absurde et dérisoire.

Calisto Dobson