Netflix : L’un dans l’autre, de Bruno Chiche (2016)
disponible sur Netflix
Une petite comédie assurément drôle, par moment hilarante et surtout pas idiote du tout.
Avec ses 205 000 spectateurs en salles en 2016, la comédie romantique du réalisateur scénariste (“Barnie et ses petits contrariétés”, “Hell”, “Je n’ai rien oublié”), producteur ( “Je voudrais qu’on reste amis…”, “Nos jours heureux” du duo Éric Toledano -Olivier Nakache) et acteur, de Bruno Chiche, n’a cassé la baraque. Son arrivée récente sur Netflix donne l’occasion de réévaluer cette “bluette” apparemment sans conséquences.
Au petit matin, l’intensité des ébats a rimé avec permutation des genres. Pénélope est dans Pierre et vice versa. Jusque là rien de bien original, le cinéma a fait son miel de ce ressort transgenre notablement : Vincente Minnelli “Au revoir Charlie” (Goodbye Charlie, 1964) et Blake Edwards “Dans la peau d’une blonde” (Switch, en 1991).
Une drôle de petite comédie au parfum féministe qui ne dit pas son nom
Cette inversion des psychés sexuées va bien sûr donner suite à une série de quiproquos et de situations hilarantes. La bonne idée du film étant de donner à la gente masculine l’occasion de tester en profondeur et en direct les particularités de la vie intime d’une femme. Celle-ci ne sera pas en reste puisque Bruno Chiche donne également l’occasion à cette dernière de surligner le comportement masculin en l’incarnant au féminin.
De la scène mémorable des douleurs menstruelles vécues par un homme, à la découverte de la libido féminine et sa réciprocité le plaisir, s’enchaînent une suite de propos tout en non dits sur la fabrication du genre. Tout en démontrant que la place accordée aux hommes dans la société n’est pas inaliénable.
Le procédé permet à Louise Bourgoin et Stéphane De Groodt de montrer que chacun excelle dans son registre, tout en apportant à cette proposition narrative éculée mais finement exploitée une fraîcheur bienvenue. Les conjoints mis à contribution ne manquent pas à l’appel. Pierre-François Martin Laval lunaire à souhait et Aure Atika ébahie devant la soudaine conduite de son mari dans la cuisine nous font aussi rire de par l’image du monde “normal” qu’ils nous renvoient; celui qui vit sa vie sans s’en préoccuper.
Il est donc temps de rattraper au vol cette drôle de petite comédie au parfum féministe qui ne dit pas son nom.
Calisto Dobson