Netflix : Sucker Punch, de Zack Snyder (2011)
Avec ce mélange gothique virevoltant de manga, comics et de fièvre adolescente, Zack Snyder, réalisateur des très remarqués 300 et Watchmen nous livre avec son Sucker Punch, traduisez « coup en traître », le plus personnel ; farci d’une folie sans frein dans la plongée dans la tête d’une Babydoll et consœurs débridées.
Sucker Punch fut pourtant mal reçu à sa sortie en 2011 et mal aimé depuis. Lisez sur mes lèvres, ce « coup en traître » en VF mérite pourtant une petite réévaluation. Esthétiquement éblouissant dans son genre, une image sépia léchée aux contours mordorés, cette allégorie des affres de l’adolescence donne du fil à retordre à toutes les bluettes niaiseuses du genre.
Avant d’entrer dans la tête de cette « Baby Doll » du XXIé siècle, soyez prévenus, “Sucker Punch” est un film complètement farci d’une folie sans frein. Bon en même temps, il se déroule au fin fond d’un asile.
À la mort de sa mère, “Babydoll” (Emily Brown, actuellement bien en vue dans la série American Gods), est envoyée dans un hôpital psychiatrique. Elle a, sans le vouloir, tué sa petite sœur pour la protéger d’un beau-père pédophile. Ce dernier n’a qu’une idée en tête: s’accaparer l’héritage. Destinée à être lobotomisée sous cinq jours, la condamnée va entraîner ses “sœurs recluses” dans des aventures extra sensorielles. Un infirmier en chef corrompu jusqu’à l’os par le beau-père (Oscar Isaac, 12 ans avant la consécration de Inside Llewyn Davis), et par la même occasion maquereau sadique, exploite certains talents de ses pensionnaires, toutes des jeunes femmes en rupture de ban. Babydoll intègre la “troupe” et se révèle une danseuse hypnotisante. Habitée par la transe de la danse, entourée de ses congénères, elle trouve refuge dans un univers imaginaire dans lequel, elle mène une quête afin de réunir une série d’objets qui leur permettraient de s’évader.
De séquences démoniaques en scènes de combats épileptiques hallucinatoires.
Le réalisateur Zack Snyder nous entraîne entre sabres virevoltants et mitrailleuses déchaînées dans un monde fantasmagorique. Sur fond d’une atmosphère gothique, entre manga, comics et un fond de psychédélisme échevelé, la bande de filles transfigurées en guerrières accomplies mènent de titanesques batailles pour récupérer les cinq objets indispensables à la conquête de leur liberté.
Coup de poing raté ? Incompréhensible pour la plupart, débile pour certains ou capricieusement mégalo avec un budget dantesque de 80 millions de dollars, le film est traversé par une idée folle : imager et traduire visuellement la dépression et la fureur adolescente dans ce qu’elle a de plus métabolique. Le tout en soulignant finement (bien avant « metoo » et suites) la fin du joug masculin sur le féminin.
Accaparez-vous ces images, pénétrez dans la tête de cette Babydoll et consœurs, ça vaut son pesant de pop corn.
Post-Scriptum: il existe même une version longue, entendez par là, une « director’s cut » plus proche des véritables ambitions du réalisateur, et bonjour la claque !
#CalistoDobson