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Nicolas Lieng, Librairie Le Pas Sage expose au Salon du Livre rare 2023
Auteur : Olivier Olgan
Article publié le 21 septembre 2023.
A l’occasion du Salon International du livre rare et des arts graphiques du 22 au 24 septembre 2023 au Grand Palais Ephémère, qui présente d’époustouflants objets, de Colette à Albert Palma, Singular’s a été à la rencontre Nicolas Lieng, dans sa Librairie Le Pas Sage. Celui qui se présente comme « libraire d’anciens » nous a montré les trésors qu’il présente notamment les archives de Magdeleine Hours, Dali/Vermeer Il a surtout bousculé nos stéréotypes sur son « métier passion » qui intègre « tout papier ce qui tourne autour d’un auteur » en rappelant qu’une collection n’est pas une question de moyens, mais de goûts. Et que cette curiosité est un « amusement » permanent.
De collectionneur de livres à « libraire d’anciens »
Rien de disposait Nicolas Lieng à devenir ce qu’il appelle « Libraire d’anciens ». Ses études de psychologue l’ont bien mené à exercer en hôpital, mais sa passion pour les Surréalistes lui a aussi fait réaliser que les ouvrages qu’il dévorait pour ses recherches et son plaisir avaient de la valeur.
Pour financer ses études, l’étudiant a commencé un courtage en livres anciens, bénéficiant de l’effet de loupe entrainé par la vente André Breton d’avril 2003. « A l’époque, ce n’est pas seulement des livres que s’arrachaient mais l’ambition de récréer un monde. »
Quand on s’intéresse aux livres, on s’intéresse aussi aux archives, à tout ce qui tourne des traces qu’ils peuvent laisser, et que l’on replace dans leur contexte.
Nicolas Lieng, Librairie Le Pas Sage
Un pignon sur rue, on vous présente des choses
La passion grandissante pour les papiers anciens le fait basculer progressivement, de la Libraire Walden parisienne pendant une poignée d’années pour se mettre son compte, avec Librairie Le Pas Sage en « chanbre » , puis sur rue. « Le pas de porte est très important, insiste Nicolas Lieng, il permet de voir des personnes vous apporter des « marchandises fraiches » c’est-à-dire qui ne sont passées ni au feu des enchères, ni chez d’autres collègues, les deux sources essentielles de notre métier. »
Les archives de Magdeleine Hours, directrice du laboratoire du musée du Louvre
C’est ainsi qu’ un jour quelqu’un a franchi son pas de prote pour lui proposer le trésor qu’il présente avec son confrère Emmanuel Fradois au Salon cette année les archives de Magdeleine Hours autour la genèse d’un chef d’œuvre de Salvador Dalí, Étude paranoïaque-critique de La Dentellière de Vermeer, conservé au musée Guggenheim de New York : « L’une des rares palettes signées par Dalí – sur laquelle ont séché les couleurs de la triple-corne du rhinocéros – des lettres, livres et envois dessinés témoignent d’une fructueuse collaboration entre Salvador Dalí et Magdeleine Hours, directrice du laboratoire du musée du Louvre. Des photographies, pour la plupart inédites, capturent une curieuse expérience autour de La Dentellière de Vermeer. »
Mais plus que la création d’un simple tableau, cet ensemble nous plonge dans l’une des obsessions Dalíniennes les plus précoces et les plus envahissantes – et documente l’étape initiatrice d’une œuvre totale, précurseur de l’art des performances.
Nicolas Lieng, à propos de Dali-Vermer, archives de Magdeleine Hours, extrait du catalogue
Traquer l’univers créatif
Mais ce qui compte plus au yeux du marchand, c’est l’univers créatif et scientifique que constitue cet ensemble de documents, d’ailleurs qui est vendu d’un seul bloc, pour un musée bien évidement, ou un collectionneur, les amateurs de Dali étant très actifs.
Cet exemple, mais il aurait pu en prendre bien d’autres dans ce qui fait son métier quotidien montre que le métier de libraire d’anciens » n’est plus seulement réservé aux bibliophiles à la recherche de livres et de manuscrits mais à ceux qui veulent créer un univers autour d’une époque, d’un auteur ou d’un thème.
Le plus rafraichissant dans cette démarche, c’est qu’elle est ouverte à tout le monde.
Les collectionneurs d’aujourd’hui recherchent quelque chose qu’ils ont aimés jeunes. D’ailleurs nouveaux ou pas, ce qu’ils recherchent, c’est de l’excitation, quelque chose qui les surprend et qu’ils ne s’attendaient pas à trouver. Les Salons servent à nourrir cette surprise. Personne ne sait avec quoi il repartira, tout simplement parce que souvent il ne l’a pas imaginé au départ. C’est ce qui rend notre métier passionnant.
Ce n’est pas un métier, c’est un amusement
Cette ouverture à tout ce qui touche à un sujet invite à une approche plus globale an tout ce qui touche à un auteur et du papier » Cette « diversification » dans le deux dimensions du terme, à la fois encyclopédique en termes de documents associés et économique, en termes d’élargissement du marché « de l’ancien et du rare » est un aiguillon pour ce professionnel aguerri.
Ce que cherche un collectionneur avancé dans sa collection, c’est d’avoir un ensemble qui représente ce que l’auteur qu’il aime vivait à son époque, des éditions qu’il pouvait lire aux reliures originales de ses œuvres, et des tableaux qui l’entouraient.
S’il a arrêté de collectionner, ce n’est pas tant parce que ce qui l’intéressent (XIXe et XXe) n’est plus « dans ses moyens », mais qu’animer une collection exige du temps. « Même si internet a considérablement faciliter les recherches, elles demandent toujours un très lourd investissement temps, notamment pour aller les voir les objets. » C’est un conseil qu’il donne aux apprentis amateurs « toujours regarder les objets dans leur réalité, avec l’acquisition. »
Une collection n’est pas qu’une question de moyens mais de goûts. Sans beaucoup d’argent, chacun peut se constituer une collection selon ses intérêts qui feront parler les choses entre elles.
Par exemple, ce qui a été écrit sur les musiques électroniques, sans oublier ce qui touche à la science ou aux voyages,…
Avis aux passionnés, sinon rendez-vous au Salon du Livre anciens du coté du Grand Palais éphémère jusqu’à dimanche.
Pour sortir des stéréotypes sur le Livre ancien
Salon International du livre rare et des arts graphiques du 22 au 24 septembre 2023, Grand Palais Ephémère, Champs de mars – Place Joffre (face à l’École Militaire) – 75007 Paris
11h – 20h / 24 septembre : 11h – 18h / Entrée : 10€
Autour des 150 libraires et galeristes, français et étrangers, présentant leurs trésors au salon, la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature est l’invitée d’honneur avec une exposition dédiée « Colette. Écrire, pouvoir écrire » à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de la romancière, près de 250 documents – éditions originales, photographies, lettres, manuscrits, objets – qui témoigne de mille éclosions d’une écrivaine au travail, pionnière inclassable et farouchement libre.
Le site Librairie Le Pas Sage, animé par Nicolas Lieng, 80 Rue Joseph de Maistre, 75018 Paris voir le catalogue des œuvres présentées au Salon
Pour information
- Syndicat de la Librairie Ancienne et Moderne (SLAM) : cette association professionnelle centenaire regroupe les meilleurs spécialistes dans le domaine du livre ancien et de collection, obéissant à une stricte déontologie et offrant aux collectionneurs et passionnés les meilleures garanties d’authenticité et les meilleures expertises possibles dans leurs domaines.
- Ligue Internationale de la Librairie Ancienne (LILA)
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