Paris Photo 21 : Mame-Diarra Niang, Dimakatso Mathopa, Lebohang Kganye, Anne Bean, Anonymous Project, Carrie Mae Weems, deCarava et Sarah Moon

[Photographie d’aujourd’hui (2)] Avec ses 177 exposants de 25 pays, la 24e édition de Paris Photo, rendez-vous désormais incontournable de la photographie se tient jusqu’au dimanche 14 novembre et se réinvente sur son online-viewing room. Singulars a retenu quelques solo shows : Mame-Diarra Niang, Dimakatso Mathopa, Lebohang Kganye, Anne Bean, Anonymous Project, Carrie Mae Weems, deCarava et Sarah Moon.

Mame-Diarra Niang. Galerie Stevenson 

Mame-Diarra Niang, Call me when you get there, 2020. Photo Marcella Marer

Lors des différents confinements dus à la pandémie du Covid-19, l’artiste française Mame-Diarra Niang a vu la nécessité de poursuivre sa pratique artistique autour de la plasticité des territoires. Elle s’est déplacée via Google Maps et a recherché des images qui reflétaient son état d’esprit. Le résultat de ce voyage intérieur se traduit par des captures d’écran de territoires où les personnes, en étant en mouvement au moment de la réalisation des images, apparaissent floues et sans parties de leur corps apparentes. Les scènes capturées dans d’autres contextes, lorsqu’elles sont revues dans des moments de confinements, acquièrent de nouvelles significations et génèrent des identifications.

Cette exploration s’est transformée en une série qui peut être comprise comme des autoportraits des sensations de l’artiste. Les émotions de Niang se reflètent également dans les choix de présentation de ses photographies : des images carrées en petits formats, avec des bordures blanches qui délimitent leur espace et encadrées dans des boîtes en verre. De cette manière, l’œuvre reflète un sentiment commun à ceux qui ont connu le confinement, avec un besoin forcé d’immersion dans leur intimité dans des espaces extrêmement limités.

Dimakatso Mathopa et  Lebohang Kganye, Afronova.

Dimakatso Mathopa, Individual Beings Relocated, Paris Photo, Photo Marcella Marer

La galerie sud-africaine Afronova présente les œuvres avec une grande puissance discursive et visuelle de quatre jeunes femmes artistes. Dimakatso Mathopa présente des cyanotypes de ses autoportraits construits dans des « scènes coloniales » où le corps de la femme noire est le protagoniste. Les miroirs qui ne reflètent rien sont très symboliques et nous font réfléchir sur les raisons de ce choix de l’artiste.

 

Lebohang Kganye, Ke Lefa Laka: Her-story, 2013. Paris Photo Photo Marcella Marer

Utilisant également son corps, Lebohang Kganye co-protagonise les portraits de sa mère. Quelques années après la mort de sa génitrice, l’artiste a ressenti le besoin de renouer avec son passé. Pour cela, elle utilise des photos d’archives de sa mère comme base pour la création de sa série intitulée Ke Lefa Laka : Her-story. Kganye prend des autoportraits en portant les vêtements de sa mère, refaisant les scènes intimes jouées par celle-ci. Grâce à une manipulation où ses photos sont fusionnées avec celles de sa mère, nous voyons des images qui nous rapprochent de l’intimité de la famille de l’artiste. Le résultat a un air fantomatique, avec deux femmes qui se ressemblent beaucoup physiquement, mais qui sont des photographies chargées d’affection entre la fille et le souvenir de sa mère.
En renouant avec l’histoire de sa mère, qui est aussi la sienne, Kganye rend hommage aux générations de sa famille et, d’une certaine manière, maintient vivant le lien avec sa mère.

Anne Bean, England & Co.

Anne Bean, Mortality (Shouting mortality as I drown) 1977, Photo Marcella Marer

La galerie England & Co présente une série d’œuvres d’Anne Bean, l’une des pionnières de la performance britannique. Avec des œuvres datant de 1974 à 2021, l’artiste soulève des questions politiques et féministes. Ses photographies sont le résultat de ses performances devant l’appareil photo et beaucoup d’entre elles ont subi des interventions manuelles de l’artiste. À voir absolument à la foire.

 

 

 

L’irrévérent Anonymous Project à Polka Factory

Anonymous Project, Installation, Paris Photo, Photo Marcella Marer

Si vous avez manqué l’un des montages du Anonymous Project aux Rencontres de la photographie à Arles, ne manquez pas l’installation à la Polka Factory.

Le projet est organisé depuis 2017 par le cinéaste Lee Shulman, lorsqu’il a acheté une boîte de diapositives de personnes inconnues. Ils étaient de moments mémorables capturés en Kodachrome couleur. Les photographies fascinantes montrent l’intimité des familles des années 1950, sans grandes manières et avec beaucoup d’humour et d’affection. Présentés dans des installations qui nous ramènent à l’époque où ils ont été réalisés, ces regards portés sur les archives constituent un portrait intime d’une époque qui nous attire avec une bonne nostalgie.

Des œuvres emblématiques de Carrie Mae Weems, Roy deCarava et Sarah Moon à Howard Greenberg Gallery

 

Carrie Mae, The Kitchen Table (extrait de la série), 1990. Photo Marcella Marer

Carrie Mae Weems présente sa fameuse série The Kitchen Table, 1990, où elle est la protagoniste d’événements intimes dans la cuisine de sa maison. Les photographies prises toujours du même endroit montrent la table comme un plateau sur laquelle Weems reçoit différents personnages de sa vie. Au fil des scènes, elle incarne le rôle de la mère, de l’amante, de la compagne, de la personne seule et nous montre les différentes fonctions qu’une femme cumule.

En tant que femme, il est impossible de ne pas s’identifier aux moments qui se déroulent dans ce lieu de la maison où se déroulent tant d’histoires remarquables.

 

Roy deCarava, Harlem, Paris Photo Photo de Marcella Marer

Au même stand de la galerie nord-américaine Howard Greenberg, il est possible de voir des tirages de Roy deCarava qui montrent la vie quotidienne de la communauté noire de Harlem à la fin des années 1940.

 

Et de magnifiques clichés de Sarah Moon qui présentent bien plus que de la photographie de mode.

Sarah Moon, Mode, Photo Marcella Marer

 

 

 

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