Photograhie : William Wegman, Agility conceptuelle (Galerie Vallois)
On peut rapprocher cette relation de « spontanéité disciplinée », ou « d’attention stimulée qui profite autant aux chiens qu’au maître » à celle que la philosophe américaine Donna Haraway, grande adepte d’agility, décrivait en 2003 dans son Manifeste des espèces compagnes, chiens, humains et autres partenaires: « une chorégraphie ontologique, un jeu vital inventé par les participants à partir des histoires de corps et d’esprit dont ils héritent et qu’ils adaptent pour composer les verbes de chair qui les font tels qu’ils sont.
Martin Bethenod, Commissaire. William Wagman. Galerie
Le braque de Weimar, toute une histoire
Plus aristo que branque, le braque de Weimar, n’est pas un foufou qui te saute de joie dessus, si tu as le malheur de le regarder une demi-seconde ! Du sang bleu coule dans ses veines ! Tu sens à la transparence de son regard vert huitre fraiche d’Oléron, la conscience de la particule ! La distance force le respect !
Le génial photographe n’a de cesse d’abolir cette distance en habillant le braque en paysan, pêcheur, bourgeois, concierge, acrobate, musicien classique, sportif, mannequin, mariée princesse, père de famille, rombière, ado indolent, mémère, rock stars…ou mieux en caniche !
William Wegman joue avec ses chiens, comme les chiens jouent avec leur balle ! le photographe leur lance une baballe par-dessus la barrière des espèces… Le braque en la rapportant, devient alors le compagnon du Je !
Ils inventent ce jeu ; ce jeu les transforme.
C’est plus fort que lui. Il faut lui mettre une robe de mariée, une perruque rousse, ou un béret ! Son premier braque s’appelait Man Ray en hommage à l’artiste ! Il y a quelque chose de surréaliste dans ces portraits canins qui nous font rire autant qu’ils nous déstabilisent, nous renvoyant, bien sûr, de façon subliminale une image de nous-mêmes…
Formé à la publicité, maitrisant parfaitement ses codes, il choisit l’autodérision et l’humour pour faire passer en douceur, mine de rien, un message ironique sur « l’américain way of life ».
J’ai toujours considéré mon travail comme une activité ludique partagée
William Wegman
Indépendamment de son immense talent de photographe portraitiste, son sujet traite du lien ludique qui unit l’homme à la bête. Mais pas que. Lien puissant qui va au-delà du simple et délicieux amour des animaux…. dont nous prenons aujourd’hui, à la faveur des catastrophes écologiques programmées, enfin conscience ! Notre destin est lié !
#Patrice Gree