Photographie : Jean-Philippe Charbonnier, On the edge (La Galerie rouge)
Du mercredi au samedi 11h – 19h – Tél. : +33 1 42 77 38 24
Des années 1940 au début des années 1980, c’est une France à la fois proche et oubliée que brosse les magnifiques photographies en noir et blanc de Jean-Philippe Charbonnier (1921-2004) dans la rétrospective On the edge, à La Galerie rouge jusqu’au 1er avril. « La photographie est le plus court chemin d’un homme à un autre » aimait dire l’ancier reporter du mensuel Réalités. Pour Patrice Gree, « Le banal devient spectaculaire…le miracle photographique est là ! Une bonne photo est une photo qui a quelque chose à dire. » Les reportages immersifs sur le quotidien des habitants de l’Île de Sein, de Roubaix, ou son investigation sur les hôpitaux psychiatriques de ce héraut d’une photographie humaniste qui dénonce et témoigne ne vous laissera pas indifférent.
La photographie est le plus court chemin d’un homme à un autre.
Jean-Philippe Charbonnier
Jean-Philippe Charbonnier Phare d’Armen pris de l’Ile de Sein depuis la vedette de ravitaillement, 1956 Estate Courtesy La Galerie Rouge
De la Seconde Guerre mondiale à la fin des trente glorieuses, Jean-Philippe Charbonnier, balaie de son regard sombre et tendre de baroudeur engagé, le monde et… la Creuse. Ce monde dont il essaie de saisir, à travers des scènes du quotidien et des portraits sur le vif, la pleine reconstruction après l’effrayant chaos de la guerre. Le banal devient spectaculaire…le miracle photographique est là ! Une bonne photo est une photo qui a quelque chose à dire. La photo, ce n’est pas « sois belle et tais-toi ! ». Charbonnier s’inscrit dans ce qu’on a appelé assez justement « la photographie humaniste » qui dénonce et témoigne. » Ses plus célèbres maitres se nomment Cartier Bresson, Doisneau ou Capra.
Jean-Philippe Charbonnier Le recteur de l’Île de Sein, 1956. Estate Courtesy La Galerie Rouge
Jean-Philippe Charbonnier Le fou dans la paille – Hôpital psychiatrique, 1954 La Galerie Rouge
C’est l’époque où le Noir et Blanc règne sous l’oeil pointilleux du gris ! Il faudra à Charbonnier, toutes les nuances du gris pour adoucir la noirceur du monde…
Comment ne pas être bouleversé par ces trois vieilles dames à l’hospice, en enfilade parfaite, dans ce que nous n’osons appeler le couloir de la mort ? Le monde se réduit alors, à un livre, un fauteuil, un lit. Rien d’autre à attendre que la mort ! Comment ne pas être touché par ce curé solitaire et en sabot, qui sur un chemin caillouteux affronte des vents contraires, un navire, porteur de départ et d’espoir, échoué à ses côtés ? Ce navire, c’est son chemin de croix ! Comment ne pas avoir pitié de cet homme, enfermé dans un hôpital psychiatrique qui semble vouloir désespérément enfouir sa souffrance sous la paille ? Comment ne pas être admiratif devant ces trois marins bretons qui ivres de vagues à Sein affrontent une mer furieuse ?
L’exotisme est à un demi-ticket de métro de chez moi.
Jean-Philippe Charbonnier
Et comment ne pas être nostalgique de l’enfance en contemplant ces quatre petits mômes en sabots, courir confiant sur des rochers instables face à l’océan démonté ? Confiants dans la vie !
C’est donc une très belle exposition, avec beaucoup de photos inédites, à laquelle nous convie La Galerie Rouge, ex galerie d’Agathe Gaillard, la célèbre amie des plus grands photographes du XX ème siècle… à trois brasses de l’Île Saint-Louis !
Pour aller plus loin avec Jean-Philippe Charbonnier
- Raconter l’autre et l’ailleurs (1944 – 1983), Éditions Hazan, Paris, 2020
- Pour la liberté de la presse, Reporters sans frontières, 2005 Les Enfants de Germinal, en collaboration avec Robert Doisneau et Willy Ronis, pour le livre de François Cavanna, éditions Hoëbeke, 1993
- Chamonix, 40 ans dans la vallée, Éditions Glenat, 1992
Jean-Philippe Charbonnier Estate Courtesy La Galerie Rouge
