Lumière !, de Stéphane Landowski par Maxence Galliard (Lucernaire)
Pourquoi ?
Ce mot résonne dans la mémoire des survivants comme un hurlement sans fin, qui tombe dans un puits sans fond.
Les morts sans tombes, ne meurent jamais tout à fait ! Ils hantent la mémoire des survivants, errent et heurtent leurs souvenirs ! Il n’y a pas de réponse à ce pourquoi qui interroge les fours crématoires. Il y a un contexte politique, économique, social…mais pas de réponses.
La Shoah franchit les frontières de l’inimaginable, de l’impensable, de l’innommable, les frontières de l’humain.
Hommage poignant à la résilience et au courage de raconter « La Honte du Monde » (Primo Levi)
On sort du film documentaire de Jean-Marie Montali, Stéphane Krausz et Nissim Sellam, comme on est rentré dans la salle de cinéma, sans réponse au pourquoi qui lui donne son titre…mais avec des témoignages précis insoutenables et émouvants des 10 derniers juifs d’Europe de l’Est, survivants de la Shoah !
Français, Hongrois, Polonais, Roumains, Russes, ils ont entre 90 et 96 ans, aujourd’hui. Ils racontent la vie à Paris à la fin des années 30, l’insouciance propre à la petite enfance, puis dès 42, les jours qui basculent dans la nuit.
L’inquiétude qui s’installe et comme ton ombre te suit partout dans la rue, sous l’œil de la mauvaise étoile… jaune !
Puis les rafles, le Vel d’Hiv… 4 ou 5 jours dans la puanteur, l’angoisse, les cris, sans boire, sans manger, des milliers dont plus de 4000 enfants qui ne reviendront jamais. Puis le départ par wagons entiers…180 par wagon, debout 3 jours, dans une chaleur étouffante cet été-là. Un froid glacial en hiver pour d’autres. Rien à manger, rien à boire, un seau unique pour les besoins, les bébés qui pleurent, les vieux qui meurent.
Puis l’arrivée à Auschwitz…le tri immédiat !
Pour ceux qui ne mourront pas dans l’heure, ce sera l’enfer.
Ayant échappé par miracle à la mort, ils racontent au quotidien la vie à Auschwitz…les humiliations, la puanteur, la détresse, les coups, la maladie, l’abandon, l’épuisement, le renoncement, les pendaisons. Père et fils suspendus à une corde, à un mètre l’un de l’autre, se regardent une dernière fois…
L’un des survivants raconte la scène ! Je n’oublierai jamais ce récit.
Que nous reste-il ?
Des livres d’histoire indispensables, des films de fiction efficaces, des récits effrayants des romans… Tout cela est et sera ! Mais pas les survivants. Dans 10 ans, il n’y aura plus de témoins directs ! Or leurs paroles pèsent. Le poids des paroles, c’est un visage, une voix, un regard. On oublie les chiffres, les lieux, les dates…pas les visages, pas les voix, pas les regards. Il était important de graver sur la pellicule, le regard, la voix, le visage de Joseph, Esther, Zvi, Judith, Modechaï, Suzanne, Leon, Yehudit, Lazlo, Dov, Julia et Denise…
Un 7 octobre, 6 millions de morts, enfants, femmes, hommes, vieillards, se sont réveillés en hurlant, plongeant à nouveau dans le cauchemar, les juifs du monde entier…
et nous tous !
- La musique est interprétée par Hélios Azoulay d’après les partitions écrites par les déportés et retrouvées dans les camps de la mort.
- Les illustrations proviennent des dessins originaux de Shelomo Selinger, rescapé d’Auschwitz qui a réalisé la sculpture du mémorial de Drancy.
Sortie officielle projection-débat le 30 janvier à 20h, Cinéma L’Epée de Bois – 100, rue Mouffetard – 75005 Paris, avec l’équipe du documentaire en présence de Léon Levkovitch, rescapé d’Auschwitz,
mais aussi le vendredi 31 janvier 13h20, le dimanche 2 février 10h45 et mardi 4 février 18h15.
Projections débats spéciales avec l’équipe du film et des rescapés de la Shoah :
- Le 6 février à 20h, dans la grande salle du ciné-théâtre Le Chaplin St Lambert 6, rue Péclet – 75015 Paris en présence de Nissim Sellam qui a photographié les rescapés.
- Le 11 février à 19h30 cinéma Pathé Levallois-Perret en présence de Charlotte Rampling, le musicien Hélios Azoulay et un historien.