Auteur : Robert Mauss
Article publié le 22 mai 2023

Ils sont trois associés qui ambitionnent de reproduire en France l’expérience Tesla. Mais plutôt que de partir d’une page blanche pour imposer la voiture du quotidienne de demain, Matthias Goldenberg (CEO), Pierre Escrieut (CTO) et Thibaud Elziere (cofondateur) ont racheté Nosmok, un revival de la Mini Moke des sixties pour booster sa production à Cerizay, dans les Deux-Sèvres en 100% électrique. Joliment baptisée Kate Original, cette micro-voiture légère, propre, sobre est taillée pour la mobilité du quotidien … mais en été, comme le constate Robert Mauss, notre testeur en chef.

Vous souvenez-vous de la Mini-Moke  emblématique des 60’s?

Une petite bouille qui s’appuie sur le charme d’antan de la mini-moke des 60’s d’amour mais 100% électrique Photo Rober Mauss

Françoise Sagan à St-Trop’, James Bond parcourant la Jamaïque, Le Prisonnier dans son village de vacances surréaliste, ont beaucoup fait pour l’image de ce pick-up britannique tout mignon. Davantage d’ailleurs que pour son succès commercial.
Après bien des vicissitudes, la Mini-Moke est devenue … française, construite par l’entreprise Nosmoke, installée à Cerizay dans les Deux-Sèvres.
Un trio d’entrepreneurs ambitieux et passionné d’automobiles – Matthias Goldenberg (CEO), Pierre Escrieut (CTO) et Thibaud Elziere (cofondateur) – l’a rachetée pour un nouveau projet baptisé Kate.tech. Le petit moteur d’origine de 850 cm3 est remplacée par une motorisation 100% électrique.  La quasi-totalité des pièces de l’auto sont d’origine française ou européenne. Par exemple, la batterie est siglée Tyva et le moteur Valéo. Première étape d’une approche pratique pour la mobilité électrique du quotidien sobre qu’ambitionne notre trio.

Nous avons l’intime conviction que les SUV de deux tonnes, thermiques ou même électriques, ne constituent pas le futur de la mobilité du quotidien. La voiture de demain, celle des trajets de tous les jours, sera légère, propre, sobre […]. C’est une solution à la décarbonation de l’industrie automobile, mais ce qui fera son succès ça sera d’abord et avant tout qu’elle sera moins cher à produire, à utiliser et à entretenir qu’une voiture traditionnelle.
Matthias Goldenberg, CEO de Kate.tech

Le test en mai sous la bruine ne fut pas une sinécure Photo Rober Mauss

Les performances de Kate sont littéralement ébouriffantes

100 kilomètres d’autonomie pour une vitesse de pointe de 70 km/h ! Pas de quoi partir très loin. Mais quasiment parfaite pour des distances courtes sur des trajets réguliers. Ajoutons que contrairement aux autres mini voitures électriques essayées par Singulars, Kate est une véritable quatre places. Nous l’avons conduit pendant une journée dans Paris.

Une jolie robe rose

Le journaliste de Singulars a résisté au froid et à la brume Photo Rober Mauss

Premier constat, on ne passe pas inaperçu. Surtout que le modèle essayé arborait une magnifique couleur rose, bonifiée par des jantes crème ! Beaucoup de gens nous ont gentiment interpellé, un grand sourire aux lèvres.
Deuxième constat, la Kate est vraiment destinée aux pays chauds et ensoleillés. Rien n’est prévu pour protéger conducteur et passagers du froid… et le mois de mai à Paris ne fut pas une sinécure.
Au contraire, le constructeur a même supprimé la ventilation. Il faut aussi rajouter des bâches latérales en cas de pluie quitte à perdre en visibilité. Comme l’auto est entièrement découvrable, il faudrait que le constructeur ajoute un cadenas pour attacher son sac et éviter les agressions.
Ajoutons, que la connectivité est réduite à un autoradio doté du Bluetooth. Il faudra utiliser son smartphone pour profiter du GPS. Et enfin, la batterie d’à peine 7 kw ne peut pas être chargée sur les nouveaux chargeurs publics !

Pas faite pour flamber sur la Riviera !

Kate aurait mieux sa place sur la Côte d’Azur Photo Robert Muass

Mais supposons, que l’heureux conducteur réside quelque part sur la Riviera. Qu’il dispose d’un parking doté d’une prise électrique banal pour recharger la batterie en seulement deux heures. Que ses trajets se placent dans un rayon de quelques kilomètres. Supposons aussi qu’il dispose des 25 000 euros nécessaires à l’acquisition d’une Kate.  Alors, notre pilote pourra prétendre à la médaille du bonheur.
Au volant, tout va bien. Certes, Kate Original n’affiche pas les performances d’une Tesla. Mais après tout la voiture est conçue d’abord pour les petits trajets en ville où la vitesse est limitée à 50 km/h. Et même de plus en plus à 30 km/h.
Les suspensions sont plutôt raides, mais les sièges sont assez confortables. Il faudra faire attention si la chaussée est dégradée ou pour franchir des ralentisseurs, mais la tenue de route s’avère tout à fait correcte.

Un intérieur spartiate mais élégant Photo Rober Mauss

En fait et malgré sa bouille d’amour, Kate n’est absolument pas un gadget pour frimeur de la plage. Elle convient parfaitement aux usages quotidiens comme la dépose des enfants à l’école, la visite au supermarché (même si le coffre est rikiki) et les trajets professionnels. Il s’agit d’une solution de mobilité parfaitement valable pour de nombreux trajets urbains et un peu au-delà.
Kate.tech vise un objectif de production de 600 voitures par an pour Kate L’Original.

Mais les ambitions du trio sont grandes

Notre trio ambitionne de sortir d’ici un an de nouveaux modèles dont la K1, petite citadine électrique pour les trajets du quotidien. Sa présentation est programmée en septembre 2023 et début de la production en 2024…. L’objectif est passer de 200 voitures par an à 200 voitures par jour d’ici 5 ans (40 000 voitures d’ici 2028)

Objectif de croissance = faire x4 chaque année

Un Tesla à la française ? Espérons le succès de cette réindustrialisation française et comptez sur nous pour y revenir.

#Robert Mauss

En savoir plus sur les trois associés

Matthias Goldenberg, le CEO 

A 28 ans, Matthias a déjà créé plusieurs entreprises. Passionné par l’automobile, il a aussi travaillé comme chef de projet chez l’équipementier Valeo. Il puise sa motivation dans les progrès technologiques, la recherche et l’innovation.   » Utilisée pour les trajets quotidiens, la voiture de demain sera légère, propre et économe en énergie et offrira une protection égale aux conducteurs, aux passagers et aux autres usagers de la route. Elle assurera la décarbonisation de l’industrie automobile, mais son succès sera garanti par le fait qu’elle sera moins coûteuse à produire, à utiliser et à entretenir qu’une voiture traditionnelle. »

Pierre Escrieut, le CTO

Également passionné par les voitures et les nouvelles technologies, cet ingénieur informatique a débuté sa carrière chez Orange, où il a conçu des solutions numériques pour les voitures connectées. Pierre Escrieut rejoint ensuite Valeo pour définir des solutions nouvelles pour l’industrie automobile. Pierre s’intéresse au design UX/UI, à la stratégie business et aux études de marché.
« Je suis passionné par le domaine automobile et des télécommunications. Lors de ma première expérience, j’ai travaillé dans une entreprise du domaine des télécommunications sur des sujets automobiles. J’ai réalisé différents projets, je m’occupais de la conception et développement logiciel ; de la conception et de l’installation des solutions prototypes. Après cette première expérience, j’ai souhaité me rapprocher du domaine automobile, j’ai rejoint Valeo en octobre 2014. »

Thibaud Elziere, le maitre d’œuvre 

Il se définit comme un entrepreneur en série. Cet ingénieur et économiste est notamment le fondateur de la banque d’images Fotolia.com vendue à Adobe en 2014. Thibaud Elziere compte à son palmarès Hexa, un studio de startups qui a lancé 35 startups, dont Aircall, Front, Spendesk et Yousign. En 2020, Thibaud Elziere a fondé Gama, une startup de l’industrie spatiale qui développe des voiles solaires. Il agit aussi comme business-angel dans plus de 200 entreprises.