Rencontres de la photographie d’Arles : Sabine Weiss, Masculinités, The New Black Vanguard, Pieter Hugo, Graziano Arici (jusqu’au 26 septembre)

Dans la profusion de cette édition 2021 des Rencontres de la photographie d’Arles jusqu’au 26 septembre, Singulars a retenu cinq expositions pour leur profondeur, amplitude et puissance : Sabine Weiss, Masculinités, The New Black Vanguard, Pieter Hugo, Graziano Arici. Chacune a sa façon fait avancer la force esthétique de la photographie. Certaines se prolongent avec de stimulants catalogues.

Sabine Weiss, une vie de photographe, Museon Arlaten

A 97 ans, Sabine Weiss représente magnifiquement avec ses confrères Robert Doisneau ou de Willy Ronis toute la portée éthique de la photographie humaniste qu’elle définit comme « Apprendre à voir les détails les plus simples, mais qui expriment tout et qui éclairent l’essentiel. »  . Souvent inédit, le travail de celle qui se revendique bien plus photographe-artisan et témoin qu’artiste bénéficie d’un magnifique écrin avec la Chapelle du Museon Arlaten, rénové après onze ans de travaux. Son regard tendre et bienveillant posé sur les êtres  fait merveille dans ses thèmes fétiches : les enfants, les laissés pour compte, les joies simples, et dans la forme, un réel transformé par les jeux de lumière ou de brouillard, … Le visiteur reçoit une vague d’amour des gens dont il porte longtemps la chaleur et la résilience.
Lire : Sabine Weiss, préface de Virginie Chardin, Actes Sud, 144 p., 13€

Masculinites, Liberation though photography, Prestel

Masculinités – La Libération par la photographie, Mécanique générale, Parc de la Fondation Luna

L’ambition est immense, comme le livre éponyme uniquement en anglais :  cerner de façon exhaustive, la représentation de la masculinité des années 60 à nos jours, loin des clichés, à travers une cinquantaine de regards parmi les plus grands artistes de notre temps, de Richard Avedon (1923-2004) à Akram Zaatari (1966). Cela offre l’une des plus grandes expositions à l’accrochage hyper dense, et hybride dont Les Rencontres d’Arles ont le secret ; invitant le visieur à se lancer dans un véritable labyrinthe où il faut accepter de se perdre, de revenir en arrière, de se confronter à des visions/stéréotypes  engagées, parfois  militantes, ou poétiques, mêlant pêle mêle patriarcat, virilité, Avec un véritable scoop rétrospectif puisque l’Afghanistan est tombé bien après son ouverture : les clichés de talibans se faisant malgré l’interdiction et les risques tirer le portrait en cachette dans un studio de Kandahar, découverts par le photographe allemand Thomas Dworzak après le premier départ il y a 20 ans !.
Lire : Masculinites, Liberation though photography, Prestel, 2920, 58€

Antwaun Sargent The New Black Vanguard,

The New Black Vanguard, photographie entre art et mode, Eglise Sainte-Anne

Dans le sublime écran de l’église Saint Anne, c’est l’exposition la plus colorée (sans jeu de mots !) de cette édition 21 ; rallier dans la fusion de la photographie d’art et de mode et un panache de couleurs, la fine fleur d’une toute génération foisonnante de photographes noirs issus d’Afrique ou de sa diaspora travaillant désormais New York, Johannesburg, Lagos et Londres. Et le moins qu’on puise dire, c’est que le visiteur est plongé dans un bain bouillonnant de créativité et d’hybridation, réinventant un vocabulaire visuel qui repoussent très loin les avancées d’un Irving Penn (1917-2009) ou Erwin Blumenfeld (1897-1969).
Avec leur enthousiasme, et leur liberté dans la mise en page des corps et des vêtements, ce manifeste stimulant confirme que la photo de mode n’est plus un terrain – devant et derrière l’appareil – réservé aux Blancs. Une nouvelle page de l’histoire de la photo.

Lire : Antwaun Sargent.The New Black Vanguard, Photography Between Art and Fashion. Aperture. 55€

Pieter Hugo, Etre présent Rencontres Photographiques 21 ext. photo OOlgan

Pieter Hugo Être présent, Palais de l’Archevéché.

Comme chaque année, un large place est donné à un photographe de portrait. La carte blanche proposée à le sud-américain Pieter Hugo, lui permet de démontrer avec une centaine de clichés sélectionnés sur une période de 20 ans, un talent aigu à réinventer le genre, et l’intimité du face-à-face sujet/photographe où l’artiste se livre entièrement. Défi qu’il relève haut la main : « Mon travail porte sur le fait d’être un étranger : j’ai l’impression d’habiter moi-même cet espace et d’adopter cette notion afin de m’engager avec les personnes que je photographie. Je commence presque toujours mon travail en me présentant : je regarde, et on me regarde en retour. Quand on crée un portrait, le cynisme disparaît pendant un bref instant. Il y a de la beauté à être tenu dans le regard de l’autre. ».
Pour aller plus loin : Pieter Hugo

Catalogue, collectif sous la direction de Daniel Rouvier, Ariane-Esther Carmignac, commissaire associée, préface de Patrick de Carolis, avant-propos de Paolo Molesini, 312 p. 35€

Graziano Arici, Now is the Winter of our Discontent, Musée Reattu, Arles (lire)

 

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