Sélection Jazz mars 22 : Iiro Rantala, Jacob Karlzon, Dino Rubino
Parmi les albums sortis durant le mois de mars, la scène nordique et le Portugal se distinguent particulièrement. Le Finlandais Iiro Rantala se livre avec brio à l’exercice du piano solo avec l’album Postdam. Le Suédois Jacob Karlzon continue avec Wanderlust d’explorer les multiples possibilités qu’offre le jazz. Enfin, le pianiste Dino Rubino, accompagné d’un saxophone et d’un bandonéon, offre à son public ses belles ballades avec Gesuè.
Iiro Rantala, Postdam (ACT Music)
On dit souvent que jouer seul est l’exercice le plus difficile et le plus exigeant pour un pianiste de jazz. Généralement, ce dernier est accompagné et soutenu par une contrebasse et une batterie qui tissent un filet sonore sur lequel il peut se poser. Privé de ses acolytes, il n’a d’autres choix que d’endosser plusieurs rôles à la fois. Sa main gauche doit jouer la basse et les accords (notes jouées en même temps) tout en assurant une bonne dynamique rythmique. Ce lit de notes permet ainsi à la main droite de se déployer, à travers la mélodie et l’improvisation.
Iiro Rantala (né en 1970, Finlande), une figure très reconnue sur la scène internationale du jazz se livre ici à cet exercice de hautes voltiges. Ce récital de piano enregistré à Postdam en novembre 2021 est l’occasion de faire entendre au public des compositions personnelles et des reprises (John Lennon, Leonard Bernstein).
Mon titre préféré, Peace, se distingue des autres par son caractère envoûtant et sa douceur. Iiro Rantala lance des notes en l’air et les laisse planer. Les transitions sont subtiles. Elles ouvrent la voie au voyage vers un univers raffiné et délicat.
Jacob Karlzon, Wanderlust (WM Germany)
Restons dans les pays nordiques avec le pianiste Jacob Karlzon (1970, Suède), accompagné par son groupe. Son nouvel album s’inscrit dans la lignée des précédents, celle de l’exploration. Il renouvelle son approche de la musique en mêlant les sonorités.
Dans le titre Art of Resistance, il joue sur un fond rythmique assez électronique qui laisse progressivement place à une batterie au style presque rock. Ce mélange est intéressant. Son improvisation (1:52) l’est aussi. Le « dosage de notes » est très bon, Jacob Karlzon n’en dit pas trop, l’auditeur est suspendu à ses doigts qui courent sur le clavier blanc et noir.
Dino Rubino, Gesuè (Tuk Music)
Accompagné d’un saxophone, d’un bandonéon et d’une contrebasse, le jeune Portugais Dino Rubino nous fait entendre de belles mélodies, parfois lentes, parfois plus enjouées.
Pour ouvrir le bal, le saxophoniste choisit une magnifique ballade qu’il a composée, Pollara. Grâce à la sonorité presque fragile de son instrument, elle crée instantanément une ambiance feutrée et tamisée.
L’auditeur se laisse porter au fil des notes mélancoliques du morceau.
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