Série TV : Sambre, de Jean-Xavier de Lestrade (France Télévisions)
Sombre, sobre, Sambre… Une série policière ayant pour thème un serial violeur… sur le service public, n’avait rien pour emballer Patrice Gree qui fuit les productions industrielles de séries formatées. Les scénarios construits pour plaire au plus grand nombre ont souvent le goût fade des surgelés bas de gamme. Mais les critiques élogieuses lues dans la presse, ont fait la peau de ses réticences… Une saison, six épisodes… deux jours ! Sambre, de Jean-Xavier de Lestrade (en replay sur France TV France 2) échappe aux poncifs habituels sur ce scabreux sujet.
L’accent ici est mis sur les victimes…
Les flics ne sont pas des héros, et rien ne nous est caché des ratés d’une machine judiciaire fatiguée ! Aucun racolage malsain avec des scènes de violence, aucune histoire d’amour annexe incluant du sexe, sans lien très clair avec le scénario, non rien de tout ça… Un déroulé au plus près, au plus juste des évènements tragiques qui se sont déroulés entre 1980 et 2020.
Nous sommes au début des années 80.
Tout commence avec Christine – jouée par la remarquable Alix Poisson – qui un matin d’hiver, en partant au boulot, encore dans le noir de la nuit, à l’arrêt d’un bus, au bord de la Sambre coulant le long de la route, se fait agresser par un homme qui après une tentative d’étranglement, lui faisant perdre connaissance, pour la soumettre … la viole ! La scène du commissariat ou dans l’heure qui suit, hagarde elle porte plainte, donnera le ton général sombre de la série. À l’incompétence et à l’indifférence des flics, se rajouteront l’incompréhension des maris, la peur du scandale.
La honte, la culpabilité et la terreur qui se sont inscrites dans le corps de ses femmes, achèveront leur plongée dans des dépressions plus moins visibles. Les viols s’enchaineront, sur quatre décennies, selon un scénario identique et dans un périmètre assez réduit.
La police patine, la justice rame, certains maris sont partis… les femmes sont oubliées.
C’est assez terrifiant ! Seules trois femmes réagissent fermement, mais sans effet, à cette indifférence générale qui s’installe : une juge, une mairesse et une scientifique. Seul un flic, à l’épaisseur humaine un peu au dessus de la moyenne, impliqué reprenant l’affaire vieille de 40 ans, ira au bout l’enquête.
Avec succès !
Ce n’est pas le propos du film, mais c’est le procès des hommes.
Cette histoire est basée sur des faits réels… Le sérail violeur, nous apprend le générique de fin, a été condamné en 2022 à vingt ans de prison pour 54 viols !
C’est une série, qui avec beaucoup de tact, dit l’enfer que traversent les femmes violées, les traces que l’agression criminelle laissent dans leur vie, la terreur de la revivre et la rupture avec la vie d’avant ! Plus jamais la même…
Vraiment c’est à voir ! en replay sur France TV France2