Théâtre : 1h22 avant la fin, de Matthieu Delaporte (Scala Théâtre)
Du mardi au samedi à 21h, dimanche à 15h (Grande salle)
Mise en scène de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière
Avec : Éric Elmosnino, Kyan Khojandi, Adèle Simphal
Un suicidaire se voit arrêter dans son élan par un homme qui entre chez lui pour le menacer d’en finir avec un révolver. Qui est-il ? La nouvelle pièce de Mathieu Delaporte, qu’il met en scène avec son vieux complice Alexandre de La Patellière (Le Prénom) signe une comédie douce-amère à La Scala Théâtre avec un Éric Elmosnino (la série Bref) au sommet de son art.
Un cocktail de non-sens
Perdu dans ses pensées morbides – on le serait à moins quand à 35 ans, on est encore puceau et enfermé dans un job ennuyeux – Bertrand (Kyan Khojandi) est sur le point de sauter par la fenêtre. Le temps de résilier son assurance vie tout semble prêt quand quelqu’un sonne à la porte. Le visiteur (Eric Elmosnino) se présente comme la mort. Mais c’est sa première fois qu’il fait ça, il hésite, tenant d’infléchir Bertrand sur sa décision. S’enclenche un dialogue surréaliste, multipliant gags et non-sens. Les deux hommes sympathisent presque en traitant plutôt sur un mode décalé de quelques questions existentielles…
Un duo aux serials succes
Les deux auteurs Mathieu Delaporte et Alexandre de La Patellière reconnus par le succès du Prénom, sur scène et écran se connaissent bien et écrivent ensemble depuis 20 ans. Outre Le Prénom, citons le succès notamment Un dîner d’adieu (Théâtre Édouard VII, avec déjà Éric Elmosnino, Guillaume de Tonquédec et Audrey Fleurot. Au cinéma, ils signent la réalisation à quatre mains du Meilleur reste à venir, avec Fabrice Luchini, Patrick Bruel et Zineb Triki. Ici, les deux complices se lancent dans leur première mise en scène théâtrale, pour concocter une mixologie tonique à base de solitude, de suicide et de destin qui à la dégustation loin d’engendrer la mélancolie, dégage les synapses.
« Comme dans la jolie formule de Gary. « L’humour c’est l’arme blanche des hommes désarmés. » C’est une déclaration de dignité, de supériorité de l’homme sur ce qui lui arrive. On est tous condamné. On ne peut que rire de ce qui nous touche, nous fait peur. Mettre des mots, entre nous et le monde » justifient les deux auteurs pinces avec rires.
Un rythme de diesel bien ficelé quand il est chaud
Si la pièce a un peu de mal à démarrer avec des répliques assez simples, elle se met vraiment en route entre les deux hommes quand s’ajoute le regard de la voisine du dessus (Adèle Simphal). L’usage d’un décor astucieux permet aux personnages d’accélérer le rythme. La pièce doit beaucoup à la présence d’Eric Elmosnino d’un naturel confondant dans son incarnation de la mort, nous faisant passer du rire à l’inquiétude en un battement de seconde.
#Patricia de Figueiredo