Théâtre : Crise de nerfs de Tchekhov (L’Atelier)

depuis le 22 septembre, durée 1h25
Théâtre de l’Atelier , Place Charles Dullin – 75018 Paris
Tél : 01 46 06 49 24
Horaires adaptés au couvre-feu :
vendredi à 18h30 et le samedi et dimanche à 17h

Jacques Weber magistral, dans trois farces plutôt rares de Tchekhov

Ne quittant pas la scène, l’acteur gargantuesque incarne tour à tour un homme blessé et un père désabusé, dans ce spectacle qui regroupe « Le Chant du cygne», « Les méfaits du tabac », « La demande en mariage ». L’occasion de passer des larmes aux rires et de ressentir le fantasque de l’âme russe.

« En fin observateur de la nature humaine, Tchekhov s’empare de ces caractères et de ces personnages pour interpréter notre vie comme une farce et s’en saisir pour y produire les effets les plus comiques » précise le metteur en scène, Peter Stein. Dans un décor brut réduit à sa simple expression, il privilègie le travail des acteurs qui s’en et nous donnent à coeur joie. D’autant Stein et Weber se connaissent bien, après avoir déjà travaillé ensemble pour « Le Prix Martin » de Labiche en 2013 à l’Odéon.

Entre le rire et les larmes

Dans cette traduction d’André Markowicz et Françoise Morvan, « Le Chant du cygne », la moins connue des 3 pièces en un acte d’Anton Tchekhov se confirme aussi être la plus émouvante. Un vieux comédien fait le bilan de sa carrière un soir d’après-spectacle dans le théâtre vide. Seul le souffleur est là pour l’écouter se lamenter sur sa vie enfuie, consacré à son seul art. Reviennent ses personnages, Le Roi Lear, Hamlet, Tchatski, Cyrano… autant de lumières qui le ramènent pourtant à l’espoir, transfiguré par Jacques Weber.

Un homme qui doit faire une conférence sur « Les Méfaits du tabac » en profite pour déverser son désespoir sur son auditoire. Cette farce noire, d’une drôlerie grinçante, publiée en 1886 au départ en nouvelle, où le désespoir de cet homme malmené par sa femme, malheureux père, affleure à chaque tentative d’émancipation.

La demande en mariage portée par Loïc Mobihan et surtout Manon Combes Photo © Maria Letitia Pianton

Conçue par Tchekhov comme un vaudeville à la française, « La demande en mariage » met en scène un jeune homme hyperémotif qui vient demander la main au père de sa voisine. Mais celle-ci est loin d’avoir un caractère facile. Il faut citer les deux jeunes comédiens Loïc Mobihan et surtout Manon Combes, qui nous offrent un feu d’artifice de joutes verbales, Véritable révélation, passant du plus naturel au plus torturé, la jeune femme, qui a travaillé avec Daniel Bozonnet et Denis Podalydès au Conservatoire, remplit formidablement la scène par son énergie et sa justesse.

Un Tchekov méconnu mais tout aussi passionnant.