Théâtre Othello d’après Shakespeare, par Yves-Patrick Grima (Folie Théâtre)
6 rue de la Folie Méricourt – 75011 Paris. Réservations : 01 43 55 14 80.
Adaptation et mise en scène : Yves-Patrick Grima avec (en alternance) Hélène Morzuch et Hélène Phénix, (en alternance) Baptiste Bataille et Théo Valais, (en alternance) Marie-Line Grima et Marain Waddington.
La compagnie Naphralytep, dirigée par Yves-Patrick Grima, présente une version de l’œuvre fleuve de Shakespeare, Othello, à la Folie Théâtre. 1 heure 20 dense et profonde qui se concentre sur les thèmes de la jalousie et de la manipulation et nous renvoie à des interrogations actuelles.
Une adaptation basée sur un quatuor de choc
Coincée entre les contraintes de temps et de budget dans des petits théâtres, les compagnies réinventent les grandes œuvres classiques. Si les puristes pourraient s’en offusquer, ces adaptations permettent de rendre accessible à un plus grand nombre des pièces longues et complexes.
Mission réussie avec Othello, d’après Shakespeare adapté et mis en scène par Yves-Patrick Grima, directeur du Théâtre de l’Âne vert à Fontainebleau, qui endosse également avec force et brio le rôle-titre.
La jalousie, sans filtre
« Ce travail de m’a permis de me concentrer sur le thème central de la jalousie et en creux celui de la manipulation. Il est vrai que j’ai dû faire des impasses sur toute la dimension politique de l’époque » explique-t-il. Ramassée sur le plateau dépouillée, le drame se joue entre quatre personnages déchirés et qui se déchirent : Othello, Desdémone, Iago et Émilia.
Le lieutenant Cassio ou Brabentio, le père de Desdémone sont symbolisés par des jeux de mise en scène.
Si Yves-Patrick Grima, qui dirige la compagnie, joue Othello, les autres rôles sont joués en alternance. La distribution que nous avons vue était composé de Hélène Phénix, très touchante dans le rôle de Desdémone. Baptiste Bataille compose un Iago tout en intensité et Marie-Line Grima, fondatrice de la compagnie, qui a également apporté sa pierre à la mise en scène est une Émilia très convaincante.
Tirer partie des contraintes du Covid
La mise en scène a dû être revue par rapport à la création à Avignon avant la pandémie . « Nous avons supprimé les contacts avec les comédiens, cela donne une fluidité et apporte un mystère supplémentaires » analyse le metteur en scène. Ainsi, à titre d’exemple, les baisers sont transmis par un jeu de foulard très poétique. La mise en scène, de par l’espace réduit également, est concentrée au maximum sur l’interprétation et le texte. Seuls des jeux de lumières viennent appuyer la dramaturgie.
Reste en effet la langue de Shakespeare, dont des évocations de modernité résonnent jusqu’à nous. Iago, manipulateur démonique, arriviste ne cesse de jeter l’opprobre sur Desdémone pour faire germer dans l’esprit d’Othello, l’idée que sa femme le trompe avec son fidèle lieutenant Cassio. « Prenez garde à la jalousie, monseigneur. C’est le monstre aux yeux verts qui produit l’aliment dont il se nourrit. » Iago. Acte 1, scène 1
Jalousie, manipulation, mais aussi évocation du raciste, la pièce touche juste et toutes les générations.
Pour preuve, le soir de notre venue, une classe de collège était présente. Aux vues de leur enthousiasme à la sortie, le théâtre a touché son but.
#Patricia de Figuieredo