Théâtre : ZAÏ ZAÏ ZAÏ ZAÏ, d’après la bande dessinée de Fabcaro (L’Atelier)

Prolongations du 5 juin au 3 juillet 22, Théâtre de l’Atelier, 1 place Charles Dullin, 75018 Paris – Tél. : 01 46 06 49 24.
Du mardi au samedi à 19h, Le dimanche à 15h et 18h – réservations

Mise en scène : Paul Moulin – Adaptation : Maïa Sandoz et Paul Moulin – Création sonore : Christophe Danvin
Avec, en alternance : Élisa Bourreau, Ariane Begoin, Serge Biavan, Maxime Coggio, Christophe Danvin, Aymeric Demarigny, Cyrille Labbe, Jean-François Domingues, Emmanuel Noblet, Maïa Sandoz et Aurélie Verillon.

Adaptée de la bande dessinée de Fabcaro (6 Pieds sous terre, 2015), ZAÏ ZAÏ ZAÏ ZAÏ est un concentré de rires et de bonne humeur, traitée à la manière d’une émission radiophonique loufoque. Derrière le propos burlesque se cache une dénonciation de l’absurdité du temps et de la rapidité avec laquelle les médias et l’opinion publique portent des jugements définitifs sur l’intégrité d’un homme.

Un oubli d’une carte de fidélité en fait l’ennemi public n°1

La compagnie du Théâtre de l’Argument réussit à restituer l’humour caustique de la bande dessinée de Fabcaro Photo © François Goize

Un homme arrivant à la caisse d’un supermarché après avoir fait ses courses s’aperçoit qu’il a oublié sa carte de fidélité dans la poche de son autre pantalon. Caissière, vigiles, autres clients le stigmatisent et l’accusent, c’est un « délinquant » ! La Police, les médias sont convoqués. Il devient sans autre forme de procès, l’ennemi public numéro Un. Il s’enfuit. La traque commence. Sur qui pourrait-il compter ? Pourquoi ne pas le croire lorsqu’il dit qu’il la laisser dans son autre pantalon ?
« Et comme par hasard, c’est un auteur de BD… Je te les foutrais tous dans un charter moi et Hop, direction Bruxelles ! » s’exclame l’un de ses détracteurs.

Etre aussi libre qu’un dessinateur 

Le choix d’adapter la BD sur une plateau radiophonique permet une liberté de ton proche de l’esprit de Fabcaro © François GOIZE

« Zaï Zaï Zaï Zaï est, de loin, la dramaturgie la plus moderne et originale qu’on ait lu ces deux dernières années. souligne dans sa note d’intention le metteur en scène Paul Moulin, et co-responsable de l’adaptation sur scène. Fabcaro parle indirectement de tolérance et d’acceptation de l’autre, Il y dénonce les dysfonctionnements sécuritaires et cruels de notre société ou si on préfère « la connerie ambiante ».

Le parti pris de mise en scène en émission radiophonique permet tous les possibles et réussit à  faire « travailler l’imaginaire du spectateur en suggérant des décors, des intérieurs, des extérieurs, des accidents de voitures ou des chorales de gospel et nous permet d’être aussi libre qu’un dessinateur » comme le revendique le mettre en scène qui peut compter sur l’implication savoureuse de sa compagnie du Théâtre de l’Argument, cofondée avec Maïa Sandoz.

Humour grinçant et répliques acérées

Le traitement comique insufflé par la troupe fait vite passer l’heure dont dure ce spectacle débridé Photo © François GOIZE

La pièce commence avec une petite mise en jambes des spectateurs. Les comédiens, tous impeccables, nous entrainent dans un univers radiophonique qui se crée sous nos yeux et surtout nos oreilles. Une initiation à la magie du bruitage permet de rentrer dans le rythme loufoque, à l’humour grinçant bourré de répliques acérées: des pas sous la neige ou le vent dans la plaine… Ce traitement décalé reste fidèle à l’esprit caustique de la bande dessinée et convient à tous les publics.

Petits et grands en redemandent. Hélas, le spectacle ne dure qu’une heure qui passe trop vite, tant la troupe s’en donne à cœur joie.
Quant au titre de la pièce, il faudra attendre la fin pour en avoir l’explication.

#PatriciadeFiguieredo